Texte : Morgan Couturier – Fille de Yann Cucherat, gymnaste accompli, Angélina se distingue patins aux pieds, à tout juste 15 ans. Championne de France l’an dernier, dans la catégorie « novices », avec son partenaire, Léopold Hernandez-Dacquin, la jeune lyonnaise se laisse le droit de rêver à une carrière au plus haut-niveau.
Dans la glace de la patinoire Charlemagne, le reflet n’est plus le même. Ses patins sont venus griffer la surface, tirant par la même occasion, un trait sur ce visage poupon aperçu en 2019, la voix tremblante pour féliciter son père, Yann Cucherat, honoré du titre de chevalier de l’ordre du mérite. Depuis, cinq ans ont passé. Le corps a changé. La confiance aussi. Mieux Angélina Cucherat s’est affranchie. Elle, c’est elle, et lui, c’est lui. Angélina Cucherat brille par son prénom, et non plus par les exploits sportifs de son paternel. Elle s’en est même éloignée, en choisissant cette glace, qui la voit danser, avec son partenaire, Léopold Hernandez-Dacquin.
Il y eut bien une tentative, en « baby gym », laissant croire que la jeune femme suivrait les pas de papa. Mais les barres parallèles, chères à son daron, n’étaient pas faites pour elle. « Il y avait trop de garçons », dévoile-t-elle avec ses mots, l’exercice de l’interview déjà bien maîtrisé. Comme si le haut niveau était en elle, dans ses veines. La veine des championnes, sûrement. L’avenir dira plus tard si ces espoirs l’amènent jusqu’à l’Olympe. Comme… son père. Mais en attendant, c’est donc sur la glace lyonnaise que son bonheur semble se dessiner. Et ce, depuis l’âge de 4-5 ans, motivée à l’époque, par quelques amies, lui soufflant l’idée de regagner la patinoire Charlemagne.
« Ça m’a tout de suite plu », raconte-t-elle, bien que cette passion ait dû être mise sous silence pendant deux ans, la faute à un domicile familial trop éloigné de la capitale des Gaules. Mais lorsque Lyon s’offrit enfin à elle et à ses parents, Angélina Cucherat reprit le cours de son histoire, écrite autour de la « danse sur glace ». Un intitulé lui tenant à cœur. Hors de question de parler de patinage artistique, une discipline bien différente et très vite limitée dans son développement.
« Ça m’aide vraiment d’avoir un père dans le sport »
Car la jeune fille vise haut et loin, ses ambitions étant désormais bercées par le quotidien de la junior académie. Une structure mêlant sport et études, à l’intérieur de laquelle la danseuse s’épanouit, à raison de deux entraînements par jour. Et ce, dès 6h du matin, lorsque la Confluence respire encore la tranquillité. Telle est la quête de résultats : elle implique bon nombre de sacrifices. Peut-être est-ce dans ce domaine, d’ailleurs, que son père, nouveau manager général de la Haute Performance à l’Agence nationale du Sport, intervient le plus (lire encadré).
« Ça m’aide vraiment d’avoir un père dans le sport. Il me prodigue des conseils sur le bon comportement à observer en compétition. Il m’apprend à gérer mes émotions, mon mental. Il me souffle de m’entraîner plus que les autres, pour toujours progresser », assure-t-elle. Et manifestement, cette progression semble aller aussi vite que ses chorégraphies. Si bien qu’elle brilla dès sa première compétition, alors qu’elle découvrait la danse de couple, épaulée par son partenaire et ami, « Léo ».
« Notre objectif était de terminer notre programme en entier. On ne pensait pas que l’on allait atteindre les minimas dès le premier coup », se réjouit-elle, a posteriori. La suite, fut une succession de bons résultats, en Suisse, en Allemagne ou même en Hongrie. Puis quand le France les invita à ses championnats nationaux, le couple toucha le Graal : la première place. De quoi combler ce rêve initial de percer dans la danse de couple, où les grands esprits se rencontrent, pour ne former qu’un tout, hyper connecté. « Ce qui fait la différence, c’est la connexion, l’interprétation. On a beaucoup travaillé là-dessus », expose-t-elle.
Reste désormais à travailler. A peaufiner cette complicité, qui l’invite à s’envoler, au-dessus des épaules de son partenaire, à la force de ce dernier. Un porté pour être portée vers les sommets. Vers les podiums des compétitions européennes d’abord. Puis vers la catégorie supérieure (juniors, ndlr), ensuite. D’autant que sur l’eau glacée de la patinoire Charlemagne, le planning des entraînements invite régulièrement Angélina et Léo à observer ce qui se fait de mieux. A commencer par Ambre et Samuel, champions olympiques dans cette même catégorie. Toujours est-il que dans cette réunion de talents, les ainés en viennent presque à être impressionnés. À envier cette médiatisation, entourant la jeune Cucherat. Un nom qui parle. Malgré cela, c’est un bien un prénom que l’on retient déjà : Angélina !
Famille Cucherat
La compétition dans le sang

Le 13 mai 2019, Yann Cucherat reçoit les insignes de chevalier dans l’ordre national du Mérite sous les yeux de son épouse Blandine, leurs enfants Angélina, Pablo et Evan entourés de Gérard Collomb, maire de Lyon, et Tony Parker, président de l’ASVEL
Figue emblématique du sport lyonnais*, le gymnaste Yann Cucherat (né le 2 octobre 1979 à la Croix-Rousse), s’est investi pendant dix ans en politique autour de Gérard Collomb qui lui offre le poste d’adjoint aux sports en 2014. Suite à la défaite de 2020, il siège dans l’opposition jusqu’en septembre 2024, date à laquelle il est nommé Manager Général de la Haute Performance à l’Agence nationale du Sport.
Il succède à Claude Onesta et assure la continuité des missions confiées à son prédécesseur, avec pour objectif d’accompagner la réussite française lors des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques.
*A son palmarès, on recense notamment une médaille de bronze aux barres parallèles aux mondiaux de Melbourne (2005) et une médaille d’or à Milan en 2009.
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