Texte : Margaux Nourry – Il n’y a pas de mois de décembre sans illuminations de Noël. Et pourtant… sur la Presqu’île lyonnaise, à moitié dans le noir, l’enjeu est de taille.
La Presqu’île s’éteint… C’est ce que déplore l’organisation My Presqu’île, qui rassemble les associations de commerçants des 1er et 2e arrondissements. Et ça ne va pas s’arranger après la traditionnelle Fête des Lumières qui fait office de phare aveuglant pendant 4 jours. Le reste du temps, la ville – et sa basilique de Fourvière – sont plongées dans le noir.
En cause, des raisons idéologiques et le manque de budget. Si on regarde dans le détail le fonctionnement des illuminations de Noël sur la Presqu’île, tout s’explique. En effet, à Lyon, leur financement, d’un montant de plus de 100 000 euros, est partagé à parts égales entre la Ville et les associations de commerçants. Cas exceptionnel dans les métropoles.
Laisser les commerçants faire du commerce
« Ce système n’est pas juste et plus d’actualité au vu de la fragilité des commerces », atteste Johanna Bendetti, présidente de My Presqu’île. Covid-19, gilets jaunes, inflation, piétonnisation, boules puantes, travaux… Depuis quelques années, les crises s’enchaînent et les budgets des associations de commerçants diminuent.
« Elles se sont donc tournées vers nous, My Presqu’île. Depuis trois ans, nous les soutenons mais avec l’inflation ce n’est plus possible », continue la présidente. Ajoutez à ça de nombreuses contraintes liées à la Fête des Lumières : choix du lieu des installations restreint, plan ORSEC, etc.
L’espace public, aux collectivités. Telle est la revendication de My Presqu’île : « Il faut laisser les commerçants s’occuper des animations et de leurs vitrines. Par définition, ce n’est pas leur devoir d’illuminer l’espace public. »
Un dispositif « décevant »
Aujourd’hui, My Presqu’île demande ainsi de l’aide à la Ville de Lyon, accordée à titre exceptionnel. En effet, la collectivité a pris en charge l’ensemble des installations de cinq rues, sur sept habituellement. Les deux restantes ont été illuminées grâce aux derniers fonds des commerçants et de My Presqu’île. Certains espaces sont ainsi délaissés et manquent de dynamise.
Un dispositif jugé « minimaliste et décevant, loin d’être à la hauteur de l’attractivité que la Fête des Lumières est supposée insuffler » par le Collectif des Défenseurs de Lyon et du Grand Lyon qui ajoute que « ce manque d’investissements et d’ambition pour la politique d’attractivité de la ville risque de nuire à la dynamique commerciale et touristique ».
Redéfinir les projets d’illuminations
Pour les années suivantes, il faudra donc anticiper, repenser et adapter les illuminations de Noël sur la Presqu’île. « Nous avons un sursis pour cette année, déplore Johanna Bendetti. Mais c’était la dernière fois que les commerçants pouvaient le supporter. » De plus, tandis que la Presqu’île s’éteint, les centres commerciaux brillent de mille feux, les rendant plus attrayants. Nouvel argument de désertification du territoire.
Mais la présidente reste optimiste : « Je pense que la Ville a pris conscience que ce système était caduc et qu’il y a un véritable enjeu d’attractivité et de préservation des commerces indépendants. » Ajoutant que « ce n’est pas forcément une question de budget mais de rééquilibrage des projets de la Fête des Lumières, on peut faire mieux avec ce que l’on a. »
Elle propose, par exemple, de prolonger certains œuvres en dehors des quatre jours de festivités. « On essaie d’améliorer les choses pour enchanter le centre-ville tout le mois de décembre, il le faut », conclut la commerçante.
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