Photo © Fabrice Rambert

Par Nadine Fageol

Le Sofishop n'est plus. Vive le Silk ! Avec une décoration toute de bizarreries épurées, apanage historique de la brasserie de l'hôtel giro-phare. Dans le hall « Only Lyon », esthétisme new-look avec de la soie dedans. Mister Obeuf est aux anges. On le comprend.

On a gardé en mémoire l'hilarante description de Pascaline Dussurget dans Lyon Figaro qui écrivait en substance, « le décorateur devait être sous hallucinogènes quand il a pondu le plafond en œufs d'Allien du Sofishop ». Changement de décor et changement de nom, anglicisme oblige, le Sofishop a laissé place au Silk. Silk en hommage à la soierie, pièce maîtresse de l'artillerie économique lyonnaise du XIXe siècle. Aller chercher l'hommage soyeux dans le hall où Tassinari Lelièvre vient de tendre une immense tapisserie depuis l'ascenseur jusqu'aux confins du nouveau bar emprisonné dans une coque aérée, genre claustra intergalactique couleur mordoré. Mobilier contemporain, ligne de feu échappé du Murano pour aller se loger délicatement dans cette tapisserie ponctuée de motifs floraux en aplats détourés et rebrodés. On n'a pas trouvé plus élégant comme idée pour vendre un savoir faire lyonnais dont la diffusion semble désormais cantonnée à des légions de foulards. Bref, quand le Sofitel remplace l'Office du Tourisme pour révéler la vitrine Only Lyon, ça vaut le détour. Donc un bon point à Eric Obeuf, directeur à vie d'un Sofitel qui retrouve, décorativement parlant, sa place de giro-phare dans la cité intra muros. C'est qu'il a longuement attendu Monsieur Obeuf, ce satané budget pour rénover son rez-de-chaussée. Attente finalement salvatrice, il échappe à la déco lounge emmaillotée de faux wengé. Trop vu, pas pris, bien vu. On s'en retourne dans ce Silk qui arbore une singulière livrée que l'on doit à Patrick Norguet, designer diligenté pour tisser sa nouvelle trame blanche comme neige.

De soie, il n'y a pas au profit d'un cocon épuré cerné de boiseries au sol comme au plafond. Des colonies de luminaires noirs travaillées du lustre – bravo pour l'effet sériel – affichent d'orientalistes rondeurs passées à la moulinette à design. Idem pour les banquettes, ovnis blanc et rouge qui ne laissent pas de marbre, le dossier monobloc a été conçu très haut de façon à se lover autour de la table favorisant l'intimité et l'aménagement de la salle. En vis-à-vis, des répliques avec accoudoir des ancestrales chaises Thonet. L'attelage de ces pièces d'étranges à pointues fonctionne parfaitement. Au Silk, figurez-vous que l'on mange aussi, entre gens de familles diverses, affairistes, mamies avec chien de race Burberries et cosmopolites issus des étages supérieurs. Tous affectionnent une carte fichtrement bien goupillée, à chaque plat son verre de vin, par Alain Desvilles. Le chef, qui tout là-haut sous ses Trois dômes rêve les yeux grands ouverts que déboulent Eric Obeuf avec une grosse enveloppe dans la poche et un décorateur dans les pattes. En attendant, il paraît que son équipe déteste faire le club sandwich, trop succédané de brasserie. On l'adore tellement qu'on le propulse premier de la ville, supra bien carrossé, par une feuille qui ne dépasse, pain parfaitement grillé et beurré, dedans une nature morte colorée par Tassinari Lelièvre et en bouche ça croque puis ça fond. Et les frites, arghhhhhhhh surtout avec du Ketchup, en mini fioles comme la confiture des hôtels. À propos, en février Monsieur Obeuf reçoit au spa, il envisage même de réquisitionner les peignoirs pour la soirée crêpes. Pardon, crêpes party ! 

Nadine Fageol

Le Silk – 20, quai Gailleton – Lyon 2 – Tel 04 72 41 20 80

Tous les jours de 12h à 14h30 et de 19h à 23h30