Par Marc Polisson
Le restaurant Carré Vittet fête finalement son premier anniversaire, après bien des péripéties. Car il est des lieux où plane outre un délicat fumet de cuisine, comme l'ombre d'une malchance attachée à l'endroit, personne n'y croyait … Et pourtant !
Tout commence en juin 2006 avec le rachat, après plus d'un an de négociations, de la célèbre et mythique « Mère Vittet » à Perrache. Un pari difficile et un projet ambitieux que beaucoup, par superstition ou par sagesse avaient repoussé. En convalescence, depuis des années, le restaurant n'est plus, à l'époque, que le pâle reflet de sa gloire passée. Certes la cuisine y est encore délicate et raffinée, mais le manque de communication, l'aspect vieillot des lieux et le service par trop traditionnel, rebutent les nouveaux clients. Forts de cette réflexion, les nouveaux propriétaires décident de faire subir une cure générale de rajeunissement à l'établissement et de ramener à la vie la bonne et festive réputation du lieu. Tout sera transformé, mais le nom restera, de la décision du patron, pour devenir Carré Vittet. « Je suis trop attaché à La Mère Vittet, pour effacer définitivement son nom des cartes et les lyonnais m'en voudraient de l'avoir fait » explique le restaurateur, et de répondre lorsqu'on lui demande pourquoi Carré Vittet ? « Car évident !! »
Les travaux débutent fin juillet 2006 avec, au plan technique, réfection totale des salles, aménagement d'une scénette intérieure, pose de grands écrans, pour transformer l'endroit et en faire non plus seulement un lieu de bonne chère mais un restaurant proposant régulièrement des dîners concerts et autres formes d'animations artistiques. Dès le début, le « mauvais sort » s'acharne. Les travaux, confiés à une entreprise qui se révéla de piètre facture, s'éternisent et l'on croit un certain temps au retour de la « guigne » qui semble habiter les lieux. C'est seulement après plus de trois mois et demi de fermeture que l'on peut enfin découvrir le nouveau visage du lieu après son lifting général. Un cadre moderne mais pas clinquant, sobre et raffiné à la fois. Les banquettes en rang d'oignons ont disparu, un magnifique bar a été créé. Le tout de bon ton, sans excès, bref, un sacré coup de jeune pour l'ensemble. Atout majeur de feu La Mère Vittet, la cuisine aussi a du mal à s'installer. C'est finalement après plusieurs essais insatisfaisants, que les rennes sont confiées à Didier Roblet, officiant depuis plus de 20 ans au « piano » aux cotés du Chef de l'époque. L'excellent cuisinier prend enfin ses fonctions de Chef de cuisine au mois de mars 2007.
Au menu, en concertation avec le nouveau patron, et en adéquation avec le style du Carré Vittet, remaniement général de la carte, reprise des succès de l'époque, remixés à la sauce 2007, innovations. Le service aussi fait une cure. Finis les nœuds pap d'antan, costumes cravates et autres tabliers. Tout le monde est en tenue élégante mais décontractée, pantalon, chemisier ou chemise, coordonné aux couleurs pourpres des nappes du restaurant. Des dîners concert de qualité, sont régulièrement organisés, certains évènements sportifs retransmis sur la multitude d'écrans géants, dans une ambiance loge VIP feutrée, autour d'une table gustative et généreuse. Tout cela dans une ambiance et une dimension conviviale où l'on peut encore bavarder à table, même sur un fond musical, tout en dégustant l'une des multiples spécialités du restaurant. « Outre une cuisine de qualité, et une carte renouvelée fréquemment, un service souriant, professionnel mais décontracté, nous nous attachons à maintenir cette ambiance feutrée, différente de celle de notre célèbre et prestigieux confrère et voisin (NDRL La Brasserie Georges) », nous explique son directeur, Thierry Possety. Le Carré Vittet, qui a enfin trouvé ses marques est en train de sortir de la mauvaise passe de ses débuts qui a failli lui coûter très cher et l'adversité légendaire des lieux semble s'être éloignée. « Si tout va bien, nous devrions être tirés d'affaire en janvier prochain en mettant en place un plan de restructuration » confie le nouveau patron du restaurant, en touchant des deux mains, le bois du bar…
Est-ce le portrait de La Mère Vittet, retrouvé dans l'une des caves par le nouveau Patron et qu'il a récemment placé au dessus de son bureau, qui a chassé le mauvais œil ? En tous cas le restaurant semble à nouveau promis à un bel avenir. La critique gastronomique lyonnaise est plus que bonne, et le lieu reprend enfin vie, petit à petit. Les groupes et le grand public affluent en cette période de fin d'année, et il n'est pas rare de devoir réserver bien à l'avance notamment pour les grandes occasions et le dimanche midi. D'autant que pour cette période de premier anniversaire, Le Carré Vittet offre jusqu'à fin décembre, le menu petit gourmet à chaque enfant de moins de 10 ans, accompagné de deux adultes, le dimanche midi. Dîner concert le samedi soir tous les quinze jours, Fête des lumières, repas de Noël le 25 décembre à midi, réveillon de la Saint Sylvestre avec animations musicales et autres, déjeuner du jour de l'an ou tout simplement au quotidien, une multitude d'opportunités pour découvrir ou re-découvrir l'un des plus célèbres restaurants lyonnais.
Le Carré Vittet
Ouvert du mardi au samedi, midi et soit + dimanche midi.
Service tardif toute la semaine et jusqu'à 0H30 le week-end
Fermé dimanche soir et lundi, sauf groupes sur réservation.
26, cours Verdun – Lyon Perrache
Tel 04 78 37 20 17
0 commentaires