Photos © Fabrice Schiff
Par Jean-Marc Requien
L’Habit rouge, pour la majorité des hommes d’un certain âge, pour ne pas dire d’un âge certain, est un parfum un peu démodé de Guerlain qu’ils ont aimé et pour certains, qu’ils aiment encore.
Pour les Lyonnais initiés à la gastronomie dans les années 70, c’est un restaurant, que dis-je ? C’est le restaurant le plus accueillant, le plus convivial de Lyon. Comment ne pas être fidèle à la cuisine de la belle Huguette qui officia jadis au « Forum » dans la presqu’île. C’était, déjà, je m’en souviens, un lieu très couru par la nomenclature lyonnaise. Tous les élus de la mairie centrale de l’époque s’y retrouvaient, mais aussi une jeunesse ambitieuse qui rêvait de prendre les manettes d’une ville endormie : avocats en herbe, publicitaires aux idées courtes mais aux dents longues, imprimeurs, photograveurs, journalistes, éditeurs, promoteurs ainsi qu’une pincée de malfrats qui pour certains deviendront célèbres, sans oublier quelques juges et policiers, s’y retrouvaient. Je me souviens y avoir croisé souvent André Soulier, Francis Deswarte, Fernand Galula, André Mure, Pierre Merindol, Bernard Frangin, Maurice Lacaton, René Perrin, le juge Renaud et quelques-autres dont je tairai prudemment le nom.
Quand Huguette prit possession des fourneaux de l’Habit rouge, ses fidèles se dépêchèrent de quitter la presqu’île pour le sixième arrondissement. Quelques-uns, ont depuis dû quitter la table, appelés par Dieu dans un monde meilleur ; je pense à Paulo, à Jean-Claude Morel, ou Michel Tresca. C’est encore le fief d’Henri Sarlin, de Bernard Lacombe, de Guy Rousset et de nombreux notables bien conservés, heureux de se retrouver…. Certains y viennent même quasiment tous les jours comme Guy Balbo. On y croise également quelques représentants des nouvelles générations qui savent apprécier cette excellente cuisine familiale dont Huguette a le secret. Un secret qu’elle divulgue volontiers : les meilleurs produits, cuits à la perfection ! Tout ici est délicieux : Le chariot d’entrées est unique à Lyon : lentilles, cervelas, harengs pommes à l’huile, champignons à la grecque, terrine, Jésus, rosette, pieds de mouton et j’en oublie, ont enthousiasmé, je m’en souviens, Laurent Gerra, ravi de constater que la tradition lyonnaise avait de beaux restes.
Si vous avez bon appétit, vous aurez l’embarras du choix pour le plat de résistance. Foie de veau, rognons, cervelle, mais aussi carré d’agneau ou sole meunière cuisinée à merveille. Simplicité et perfection ! L’enjôleuse Marie vous proposera ensuite de choisir dans la ribambelle de desserts. Je crois bien n’en avoir jamais pris. Faute de n’être jamais assez raisonnable dans ce qui précède. Mais j’imagine qu’ils valent la peine. À découvrir absolument, si vous souhaitez acquérir la « nationalité lyonnaise ».
10, rue Lieutenant-Colonel Prévost – Lyon 6 – Tel 04 78 93 16 73
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