Texte : Philippe Lecoq – Bon sang la belle brasserie ! Décalée à Lyon, dans tous les sens du terme. Décalée de Lyon aussi, ou du moins de son centre.
Décalée à Lyon puisqu’il s’agit d’un énorme paquebot fait de métal et de bois, un paquebot qui serait en cale sèche, comme posé sur pilotis, face à une mer qui est ici la Saône, mais dont la vue ouvre des rêves de traversées. Pour ceux qui apprécient le style « indus », sobriété et matériaux bruts, c’est un endroit magique conçu en étage où l’on accède en traversant une sorte de large ponton de bois – une des plus belles terrasses de Lyon – avant d’entrer dans un immense poste de pilotage largement vitré…
A l’intérieur, après l’accueil qui ressemble au salon du capitaine et des gradés, un vaste bar de quinze mètres sur la droite et une incroyable cave à vin vitrée où figurent tous les vignobles du pays. C’est grand, colossal, haut de plafond, c’est la brasserie Georges version années 2000 ! On poursuit la visite ? Elle mérite le détour. Sur la gauche donc, si vous me suivez, autre salle, démesurée, face à la terrasse et donc à la Saône, mais aussi face à la cuisine – évidemment ouverte – pour peu que l’on soit assis de l’autre côté de la table.
Lancée en janvier 2003, cette dernière brasserie – pour les points cardinaux – des Maisons Bocuse est un coup de maître. Hommage donc aux trois personnes qui ont mené l’affaire avec Paul Bocuse : Jean Fleury, le patron des brasseries à l’époque, Yves Boucharlat, l’architecte des projets Bocuse, et bien sûr l’incontournable Alain Vavro. On est bien loin de Lyon, des immeubles cossus du Sud ou du Nord, ou même de la gare des Brotteaux.
L’Ouest, c’est dit, est vraiment décalé. Et c’est sa chance.
Car les clients s’y précipitent, business des sièges sociaux alentours, familles descendues des Monts d’or en fin de semaine, les mêmes qui ont confié leurs enfants à une baby-sitter le soir avec des copains, des touristes aussi, attirés par la réputation des lieux, et des Lyonnais du centre, trop contents de pouvoir garer leur voiture dans le parking souterrain et goûter à la fraicheur des bords de Saône.
A la barre du paquebot, deux hauts gradés, Laurent Chamaillé, manager, recruté à l’ouverture par Jean Fleury sur les conseils de François Pipala qui l’avait connu commis à Collonges en… 1989, et le chef Christian Lherm (ci-dessus), transfuge des Trois Dômes, le restaurant étoilé du Sofitel. A leurs côtés deux équipages d’une vingtaine de personnes, il faut bien cela pour servir les 500 couverts/jour de la semaine et les 800 des week-end.
Un mot sur la carte, parce qu’il s’agit tout de même d’une brasserie. Laurent Chamaillé : « Nous proposons des spécialités lyonnaises classiques, du simple et du traditionnel, sans frou-frou ni chichi, comme le voulait Monsieur Paul. « Faisons simple et faisons bon » disait-il. A l’ouverture, nous étions partis sur une cuisine des îles, nous en avons gardé des acras, des nems, et deux-trois autres plats ». Avec Christian Lherm au piano depuis le début de l’année, cuissons et assaisonnements sont au top. A l’Ouest, il y a du nouveau…
Brasserie L’Ouest
1, quai du Commerce – 69009 Lyon Vaise
Tel : 04 37 64 64 64
0 commentaires