Texte : Morgan Couturier – Six ans après l’ouverture des Assembleurs Préfecture, l’enseigne compte un deuxième établissement à Lyon, depuis le 17 janvier 2024.
Basé sur le cours Gambetta, le site a vocation à remettre le vin au centre du jeu, en ouvrant la dégustation aux novices. Le but ? Sortir du côté mystique et guindé du vin en épargnant les visiteurs d’un jargon parfois écrasant, au profit de descriptions simplistes et une meilleure appréciation des produits.
C’est toute la beauté du vin, on ne cesse de parler de lui, au fil des goûts et de ses couleurs, des saisons et de ces plats qu’il doit accompagner. Mais là réside aussi toute sa difficulté. « Les mots ont une vraie complexité avec le vin », atteste d’ailleurs Bernard Pivot, pourtant amoureux de ce breuvage, que certains appellent encore « le sang du Christ ».
D’où une part de mysticité. D’un art à part, que tout esprit ignorant ne semblerait pas en mesure d’apprécier. Ou plus encore, d’un monde « parfois guindé », que Les Assembleurs, et leurs fondateurs, Antoine Oran et Alexis Duputel, entendent décomplexer. Au profit du goût et des dégustations.
Six ans après le pari réussi d’une ouverture sur la rue Mazenod, le duo reproduit ainsi l’expérience sur le cours Gambetta, en s’inspirant des pensées d’une autre experte, Colette. « N’éloignez pas les novices de la connaissance et du plaisir du vin par l’usage d’un vocabulaire réservé aux seuls initiés : parlez simplement de vos vins », encourageait l’actrice. Sans chichi. Cela tombe bien, Les Assembleurs n’en veulent pas. Leur objectif : « faire découvrir sans prétention le monde du cépage, de l’assemblage, mais surtout du plaisir », évoque l’enseigne.
Les vins sont produits, assemblés, vinifiés et mis en fût par la maison
À la carte, une vingtaine de vins s’affichent ainsi sans millésime, ni grands noms de vignobles. « Nous produisons, assemblons, vinifions ou sourçons tous nos vins, et nous chargeons également de leur mise en fût », précise encore la maison, pour qui chaque cépage ou appellation est expliqué par des fruits et quelques lignes simples, vouées à décrire les parfums attendus.
« C’est une façon plus détendue de parler du vin. Là, le client va savoir ce qu’il va avoir dans son verre, alors que de manière générale, le vin est quasiment religieux. Il y a un délire très lourd autour de lui, et les gens ne comprennent pas trop. Mais avec ce fonctionnement, on va peut-être retoucher les jeunes qui ont tourné le dos aux vins. On est un peu le phare dans la nuit, pour les personnes qui n’y connaissent rien », complète le fondateur, Antoine Oran, passé cinq années par la maison Pernod Ricard.
Lui aussi, s’est détourné des spiritueux et autres champagnes. Les vins sont une passion que l’intéressé veut partager à qui veut l’entendre. En toute simplicité, à l’image de ces breuvages, rouges, blancs ou rosés, que les Assembleurs servent… à la tireuse. Contre 4 petits euros. Un tarif attractif, voué à initier les néophytes. À les faire goûter aussi, alors qu’un fond de verre peut se remplir aisément, sans ôter le bouchon d’une bouteille. Ici, les vins sont stockés en fût, un contenant idéal pour réduire « les sulfites au minimum tout en garantissant l’explosivité et la vivacité́ des vins ».
Une offre bistronomique le midi, des tapas cuisinés le soir
Un argument de valeur, à l’heure où un tel procédé pourrait offusquer les personnes les plus averties. « Les fûts permettent ainsi d’offrir des vins ‘‘bruts de cuve’’, c’est-à-dire aussi bons que s’ils étaient dégustés directement depuis le chai », vantent les Assembleurs. Une manière d’assurer une certaine continuité dans les parfums et d’éviter les surprises, quand bien même les amateurs aiment à puiser leur attrait pour le vin, dans la particularité de chaque bouteille. Libre à chacun de définir les contours du plaisir.
Les Assembleurs ont choisi la simplicité aux coquetteries, mais avec raffinement. Pour preuve, cette carte, goûteuse le midi avec un menu quotidiennement revisité et des « tapas à la Française », servis en soirée, sur fond de musique. Un concept déjà validé du côté de la rue Garibaldi, où les deux étages de l’établissement regorgent de clients à la nuit tombée.
Le monde appelant le monde, Les Assembleurs se disent prêts à relever de nouveaux défis. « Le projet, c’est d’en ouvrir d’autres », confirme Antoine Oran. Désormais rassuré du bien-fondé d’un tel pari, l’intéressé pourrait alors donner raison à un certain Léonard de Vinci : « le bonheur vient aux Hommes qui naissent là où l’on trouve le bon vin ».
Les Assembleurs Garibaldi
144, cours Gambetta – Lyon 7
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