Par Bernard Gouttenoire

Il est des êtres qui manquent tellement, car leur œuvre a marqué les esprits par le caractère universel révélé. C’est le cas du peintre Michel Biot (né à Lyon le 10 mai 1936, de la très nombreuse famille du docteur réputé René Biot). Michel Biot aura été un artiste primordial, un peintre des éléments. Il est décédé la nuit du 24 avril 2020.

Extrêmement doué pour le dessin, il fait une première exposition dès l’âge de huit ans, dans le salon de la maison familiale. En 1952, il entre -convaincu de sa vocation- aux Beaux-Arts de Lyon -il est élève de Jacques Laplace– et suit les conférences de René Déroudille au Minotaure, berceau du groupe Témoignage. De 1954 à 56, en Kabylie, puis à Ouargla (Sahara), il devient instituteur. Sans doute l’aridité des éléments naturels s’impose comme sujet de réflexion dans sa peinture.

Jusqu’en 59, il est militaire à Cherchell (Algérie), puis au Maroc (Marrakech, Ouarzazate et Mogador), c’est là –à Essaouira- au bord de l’Atlantique (quelques années après que Orson Welles ait tourné son « Othello » en 1952), qu’il s’éprend des courants vertigineux mais, aussi des couleurs pures et chaudes des brassées de mer et du souffle des vents chahutant le sable et qui rivalisent de puissance. Retour en France en 59, il s’installe à Paris et se marie avec Marie-France Thouzellier qui lui donnera trois fils.

Puis, Janine Bressy -galerie l’Œil Ecoute- lui fait sa première exposition personnelle à Lyon. Sa carrière de peintre est lancée, par la meilleure galerie du moment. Il expose partout. On le réclame à Amsterdam Paris (68), Delft (69), Rotterdam (72), au couvent de la Tourette, Rodez, Lyon, New York (73), pour ne citer que les villes marquantes. En même temps il est remarqué par les plus grands critiques d’art (Bernard Dorival, René Déroudille, Jeanine Warnod, etc…, tandis que les préfaces de ses catalogues d’expositions sont signées Marcel Brion, de l’académie Française). Puis il divorcera.

En 1973, il fait une rencontre décisive en la personne du poète algérien Anne Sicard (Anne Tiddis), qui réalisera en 1974 un film sur sa peinture. En 75, il rejoint Anne Sicard à la Casa de Velazquez, ils s’installent ensemble, à Madrid jusqu’en 77. Ils rentrent définitivement et acquièrent un appartement-atelier 23 square Moulineaux à Boulogne-Billancourt (c’est là, où je les ai connus et maintes fois visités). Ils vivent en osmose parfaite, elle réalise des interwiews de lui pour la revue Cinéma des Evènements 78.

En même temps que sort une monographie « Les vibrations de l’univers ». Pierre Cabanne écrit dans Le Monde « Michel Biot dévoreur d’espaces et de Lumière ». En 1982, il épouse Anne Sicard. A Lyon, deux ans plus tard, René Jullian -conservateur du Musée des Beaux-Arts- préface son exposition galerie Malaval. C’est en 86, que la collection Pierre Granville installe, au Musée de Dijon, dix toiles de Michel Biot. Dès lors on le voit partout notamment à Lausanne (Suisse) et à Pancévo (Yougoslavie), Mexico.

En 1995, retour à Lyon (avec un papier dans Le Progrès où un certain BG écrit « Michel Biot ou la nature absolue », texte publié dans l’ouvrage Portraits d’artistes (Le Progrès 1996), pages 22 et 23. En 2011 et 2013, il enrichit les quatre donations Martine Ziegler, pour 4 abbayes (Notre-Dame de Jouarre, Pradines, Juignac, Voiron) sur les thèmes de l’élévation et de la gloire du créateur, qui disent toute la foi du peintre. Il a écrit à ce sujet « Dieu invite à s’émouvoir avec un souffle d’Amour, cela transmet une exaltation à embrasser, à recevoir et à donner… ».

« La nature absolue », c’est résumer toute la vie du grand peintre que fut Michel Biot, plus qu’attachant. Il a de tout temps a été préoccupé par la nature dans ce qu’elle possède de grandiose (dans l’ascèse et le silence) dans son œuvre, il nous a offert le dépassement contemplatif, par la beauté totale sublimée.