Texte : Marco Polisson – Sis 27, chemin du Trouillat, à Ecully, en face du Château du Vivier, le château de La Roseraie a été racheté par l’Institut Paul Bocuse qui va l’intégrer dans son campus élargi. Les étudiants en art culinaire et hôtellerie seront désormais accueillis dans les deux propriétés.
Nos fidèles lecteurs connaissent déjà cette maison dont nous vous avons raconté l’histoire dans le magazine Lyon People spécial Ecully, paru en juin 2011. Dix ans plus tard, nous avons eu le privilège de visiter en avant-première, avec nos confrères de la presse lyonnaise, le chantier pharaonique de la transformation de cette demeure qui s’apprête à accueillir des étudiants de l’Institut Paul Bocuse.
Notre guide se nomme Dominique Giraudier, directeur général de l’Institut Paul Bocuse. C’est lui qui a supervisé l’achat de la propriété à l’Association Comité Commun Activités Sanitaires et Sociales. Depuis 1960, date de son rachat aux héritiers des soyeux Payen, la maison rebaptisée Centre Henri Gormand, accueillait 70 jeunes handicapés. Et, comme nous avions pu le constater en 2010, elle avait été très abimée par sa transformation en lieu d’hébergement semi-hospitalier.
« Nous souhaitons immerger nos étudiants dans un endroit singulier pour les faire rêver » Dominique Giraudier
L’arrivée de l’IPB marque donc le début de la troisième vie de cette demeure édifiée en 1857. « Nous sommes fiers de participer au sauvetage de cet élément important du patrimoine écullois » peut légitimement annoncer Dominique Giraudier. Trois ans de travaux sous la houlette de l’architecte Mathias Soulier et 15 millions d’euros (foncier + aménagements) auront été nécessaires pour lui redonner tout son lustre et le projeter dans le XXIème siècle.
Allier modernité et tradition a toujours été le leitmotiv de l’IPB. La Roseraie se retrouve désormais affublée de deux ailes contemporaines qui ne sont que la partie émergée de l’iceberg enterré se trouvant à l’aplomb de sa façade côté parc. Les ouvriers ont décaissé le terrain sur plus de 15 mètres de hauteur pour y loger 22 salles de classe et un amphithéâtre. Le soutien financier de 20 entreprises mécènes et de la Fondation Gérard Pelisson (cofondateur de l’école avec Paul Bocuse, ndlr) a été décisif.
Réalisés par des entreprises de la Région AURA, ces travaux sont en effet spectaculaires. Si les nouveaux bâtiments contemporains sont d’ores et déjà susceptibles d’accueillir des étudiants, le château en lui même est encore une coquille vide. Dans le grand salon, la salle à manger, les chambres, seuls subsistent les murs porteurs et ça fait un drôle d’effet. Boiseries, huisseries et staffs ont été déposés, tandis que la charpente est en pleine rénovation. C’est en cette fin d’année 2022 qu’il devrait avoir retrouvé ses atours décoratifs refaits dans l’esprit de l’époque.
La Roseraie, destinée à accueillir les étudiants en hôtellerie et restauration s’inscrit dans un projet global de 37 millions d’euros visant au réaménagement global du campus pour en faire la plus belle école mondiale. Les arts culinaires et la pâtisserie resteront au château du Vivier. « On a un peu de retard à rattraper avec Lausanne. On n’a pas le choix, pour rester dans la compétition mondiale, il faut grossir. » Pour se démarquer, l’IPB pratique des frais de scolarité « raisonnables » : 10 à 12 000 euros par an (contre 60 000 euros par an à Lozanne).
A terme, 1500 étudiants seront accueillis sur ce nouveau site à l’horizon de 6 ans, passant le campus IPB d’Ecully à 2 500 étudiants (dont près de 300 boursiers). L’IPB accueille 42 nationalités (un tiers des effectifs) dont la majorité est originaire d’Asie, où l’art de vivre à la française fait toujours rêver. Et Dominique Giraudier d’insister sur le fait que l’Institut Paul Bocuse reste « une école métier », ce que conteste Jérôme Bocuse (lire son interview, ici).
Mais ce point d’achoppement, comme le procès en cours entre le fils de Monsieur Paul et l’IPB n’étaient pas au menu du jour de cette visite chantier.
Lozanne ou Lausanne, telle est la question !!!
Merci pour votre vigilance