Par Alain Vollerin
Plus de 900 œuvres dispersées dans un délai assez bref avec parfois deux ventes le même jour, une belle concertation !… Cet octobre qui prolongea gentiment les effets de l’été indien, se révélera-t-il comme le mois des bonnes affaires pour les acheteurs, ou, comme une hécatombe pour le marché de l’art en ventes publiques ?
Les collectionneurs, les pauvres malheureux, comme les boursicoteurs du dimanche, ne savent plus sur quel pied danser. Nous sommes dans le doute général. Avant les vacances, la crise avait refroidi les ardeurs de ces intrépides. Malgré des prix de puciers bradeurs un jour de pluie, les priseurs durent ravaler de très nombreux lots. Ils souffrirent du portefeuille. Il n’y a que là qu’ils puissent ressentir une douleur. Leurs cœurs sont en béton. Et une âme ? Ils n’en ont point ! Dame, on ne fait pas de juteuses affaires avec des sentiments. La valeur de l’objet vendu ne peut être traduite qu’en numéraire. La position de cette œuvre dans l’Histoire de l’art ne peut fournir qu’un argument supplémentaire pour vendre à tous prix. Etienne de Baecque qui lance le bal, le 15 octobre 2011, à partir de 14 h 30, est un spécialiste dans cet art de savant doublé du talent de prestidigitateur. Il tente de mettre en avant des mouvements. Dans la circonstance : le Lettrisme fondé par Isidore Idou dans le Saint-Germain des Prés de l’immédiat après seconde guerre mondiale. Hélas, c’est la queue de comète, des suiveurs qui s’ignorent. Ce n’est pas une bonne raison pour en profiter, et solder les compositions d’Alain Satie (arrivé un peu tard, à la constitution du mouvement, il venait de naître en 1944…), de Frédérique Devaux (né en 1956), de Roland Sabatier (né en 1942), de Michel Amarger (né en 1957). On cote les célébrités : Basquiat (50 000/80 000€), Keith Haring (25 000/30 000€), Oscar Niemeyer (15 000/20 000€), etc… Tout ce qui rentre fait ventre, mais, je ne crois pas qu’à Lyon, il y ait des acquéreurs à des sommes pareilles.
On fera à cette occasion un très mauvais sort aux œuvres de Jean-Philippe Aubanel. Tant de talent, d’expérience pour être ridiculisé à 300€. Un scandale de plus ! Et, le pauvre Jacquemon ? Et, le malheureux Philippe Dereux ? Quelle tristesse ! Et, qui c’est’y, l’expert ? Olivier Houg, bien entendu. On dirait qu’il n’y en a qu’un à Lyon. Vous le retrouverez partout ailleurs, sauf chez Michel Rambert qui, avec Christian Mure a fait appel à un revenant, Bernard Gouttenoire. Pour disperser ce qui subsiste de la collection d’un homme courageux et même admirable André Mure qui mérite notre gratitude. J’attire votre attention sur de véritables documents dans des pochettes à propos de Joannès Veimberg, d’Alain Roll, de Jacques Truphémus, de Marcelle Gratta, etc, à très bon marché. Il y a aussi un magnifique Alphonse Rodet, des toiles formidables de Robert Duran, Edouard Dougy, Simone Gambus, Raymond Grandjean, Marie-Thérèse Bourrat, etc… tout cela confortablement dévalorisé (150/300€). Certains, au contraire sont surévalués pour ce genre de vente, comme Eric Schmid, mais, nous ne nous en plaindrons pas. Deux très beaux Jim Leon (Ophélie, et la Femme au portable), vous en verrez d’aussi merveilleux chez Conan Auclair pour la vente de la collection de l’animateur de la galerie de l’Impasse. Là, il y en a sept absolument remarquables. Je connais quelques amateurs qui vont s’entredéchirer. Me Chenu vient de dissoudre ce qui subsiste d’une autre collection (celle de Denise Mermillon) comportant des lots conséquents de monotypes de Pierre Combet-Descombes, et d’aquarelles de son amie Henriette Morel ( confirmant à quel point ils étaient liés à Georges-Albert Tresch) à des prix véritablement déshonorants pour l’aventure des arts plastiques à Lyon. C’est un véritable camouflet à la face de tous ceux qui luttèrent pour sa reconnaissance. Je ne parle pas du brocanteur hirsute qui trace depuis des décennies ce chemin de hontes et d’opprobres.
Je ne veux pas oublier la vente charitable organisée par l’Ordre de Malte au profit des enfants autistes sous le marteau de Me Chenu le 20 octobre à 19 h dans les salons de l’Hôtel du Département. Félicitons les généreux artistes qui contribuent à la réussite de cette opération (Ariel, Jacques Truphémus, Macha Belsky, Régis Bernard, Marie-France Chevalier, Arnaud Franc, Marie-Agnès Gachet-Mauroz, Jean Fusaro, Dekerle, Alice Gaillard, Scanreigh, Annick Hadacek, Hélène Lameloise, et l’excellent Jean-Marc Requien, tout à la fois désormais peintre et sculpteur, etc). Une noble occasion de vous mobiliser. N’omettons pas les autres ventes publiques à l’initiative des études de Me Bremens, Me Millarède.
Etienne de Baecque – Géraldine d’Ouince
Hôtel des ventes – 70, rue Vendôme – Lyon 6e
15 octobre 2011 à 14 h 30
Artcurial- Lyon Michel Rambert
Hôtel des ventes
2, rue Saint-Firmin – Lyon 8e
19 octobre 2011 à 18 h
Conan-Auclair
Hôtel de ventes – Lyon Rive Gauche
1, rue Cronstadt – Lyon 7e
20 octobre 2011 à 19 h
Etude Chenu-Bérard-Péron
6, rue Marcel Rivière – Lyon 2e
20 octobre 2011 à 19h
Cet article aurait-il été pondu par monsieur vollerin s’il avait été désigné comme expert par les maisons de vente incriminées ? That is the question !