Photo © Fabrice Schiff
Par Marc de Jouvencel
Un grand plateau blanc dont les larges baies vitrées ouvrent sur la très aristocratique rue de Castries. Entre le nouvel hôtel des ventes Conan et le précédent installé rue de Cronstadt, au fin fond du 7ème, le contraste est saisissant.
Il symbolise la passation de pouvoirs récemment réalisée entre Loïk Conan et sa fille Cécile, désormais seule maître à bord depuis le retrait l’an dernier de sa sœur Marie. Titulaire d’un DEA de Droit et d’une licence d’histoire de l’art, elle a fait ses gammes à Paris et à New York sous la tutelle de Maître Tajan avant de rejoindre l’étude familiale. Une étude que Loïk Conan et Marie-France Auclair avaient rachetée en 1970 à Maître Ballioud et que le couple avait installée dans d’immenses hangars à proximité de la gare ferroviaire de la Guillotière bien adaptés aux ventes d’automobiles. « Depuis quatorze ans, nous ne vendons plus de véhicules. Je voulais donc un écrin plus petit, plus fonctionnel et facile d’accès » explique Cécile qui a rapatrié ses 4 collaborateurs dans les anciens locaux de l’école Condé dont les 400 m2 ont été entièrement rénovés. Le choix du quartier bourgeois d’Ainay n’est pas le fait du hasard. « Il n’y avait pas d’hôtel des ventes entre Bellecour et Perrache, et la proximité de la rue Auguste Comte va nous permettre de développer une véritable synergie avec les antiquaires et les acteurs du marché de l’art ». La mayonnaise a pris d’emblée. Charge à Cécile Conan de transformer l’essai de la belle vente inaugurale consacrée aux bronzes du chef Pierre Orsi. Au menu des prochaines semaines, plusieurs ventes de vins fins, de photos, de bijoux ainsi que l’entier mobilier d’un château bourguignon. Auxquelles viendront s’ajouter des ventes courantes et thématiques organisées avec le concours d’une quinzaine d’experts. Et la politique dans tout ça ? « Le déménagement et cette rentrée bien chargée auraient été difficilement compatibles avec un mandat d’élue » sourit celle qui avait été approchée par Richard Brumm pour prendre la tête de la liste de Gérard Collomb dans le 6ème aux élections municipales. La jolie quadra, maman de deux enfants, est toujours passionnée par son job fait de rencontres et de découvertes impromptues. De celles dont rêvent tous les commissaires-priseurs. Il y a quatre ans, au cours d’un inventaire réalisé dans un appartement parisien du 8ème arrondissement, Cécile découvre derrière un rideau une lampe montée sur un abat-jour et que la propriétaire destinait au rebus. C’était sans compter sur l’œil de lynx de Cécile. Malgré le scepticisme de sa cliente qui ne jure que par son mobilier XVIIIe estampillé, Cécile engage des recherches. Bien lui en prit. Il s’avéra qu’il s’agissait d’un pied de lampe tripode Etoile de… Giacometti. Après expertise et certification du Comité Giacometti, il est mis en vente à Lyon le 26 mars 2011 et s’envole à 90 000 euros. « De belles histoires comme ça, j’en veux tous les jours ! » s’exclame Cécile Conan. Nous aussi.
Ventes aux enchères
Comment ça marche ?
Particuliers et marchands viennent à l’étude faire expertiser l’objet qu’ils désirent proposer à la vente. Le commissaire-priseur procède à son évaluation et l’inscrit au catalogue d’une de ses ventes. Sa rémunération sera constituée par les frais prélevés directement sur le vendeur (négociables entre 15 et 20%) et sur l’acheteur (entre 20 et 30%). Quant aux experts, ils touchent entre 3 et 4% sur les objets vendus.
0 commentaires