Photo © Fabrice Schiff
Par Baudouin Wisselmann
Installés dans le prestigieux Azia Center, les bureaux de Dassault Systems sont situés au cœur de la forêt de gratte-ciels de Pudong, le centre névralgique de la Chine. Une secrétaire nous invite à patienter dans une salle de vidéo conférence futuriste.
Notre rencontre avec Sylvain Laurent s’annonçait très formelle, mais enchanté que venions de la part de son compère Guy Lassausaie, le ton est d’emblée cordial. Il nous avoue aussi être un ami d’un autre chef, Nicolas Le Bec, chez qui il dinait encore la veille. Le monde de la gastronomie lui est familier, plus jeune son rêve était de devenir chef, une idée qui ne plaisait pas à son père préférant faire de son fils un ingénieur. Toutefois il entretient cette passion et à l’occasion de ses venues à Lyon, il lui arrive d’épauler le chef de Chasselay en cuisine. Quant à une éventuelle reconversion dans le secteur, Sylvain Laurent est radical : « Je respecte trop ce métier pour y prétendre, on ne s’invente pas cuisiner, il faut naître dedans. C’est un métier extrêmement difficile à la fois artistique et militaire, ce n’est pas pour rien qu’un chef dirige une brigade ! ». Faute de quoi, ce sera une section qu’il va commander en tant qu’aspirant lors de son service national à Lyon : « J’ai pu découvrir une ville des plus fantastiques et originales et qui est devenu un port d’attache, ma femme étant lyonnaise ». Champenois d’origine, il est diplômé en 1985 chez ses voisins lorrains de l’Ecole Nationale d’Ingénieur de Metz, il s’essaiera brièvement à la recherche scientifique sans s’y épanouir vraiment. Sylvain Laurent va alors avoir du flair, il sent que l’informatisation se prépare, et rejoint la même année la Business School d’IBM, le groupe avait d’ailleurs passé en 1981 une alliance avec DS. Il ajoute alors à ses qualifications d’ingénieur des compétences commerciales pour servir le groupe américain jusqu’en 1998. Il prend part ensuite à la création et au développement de PCO Innovation revendu à Accenture.
Une nouvelle dimension
Dans son plan ambitieux pour l’Asie, la société DS, éditeur de logiciels de conception 3D décide d’y établir un centre de décision. De par sa position centrale et sa puissance, Shanghai est choisie, et Sylvain Laurent hérite en 2008 du poste de DG adjoint. DS y est aujourd’hui investi dans 12 industries différentes, qui ont la particularité mondiale de toutes connaitre une forte croissance. Pour nous donner une idée de la démesure du potentiel chinois et de ses ambitions, Sylvain Laurent image son propos : « En comparaison, en France quand nous allongeons une ligne de métro de 2 stations, ici ils inaugurent deux nouvelles lignes ». Précisons au passage qu’une station de métro shanghaienne ressemble davantage à une gare de TGV qu’à un arrêt de métro lyonnais. « Chez nous, on parle de construire une centrale nucléaire par-ci, une deuxième par là, les Chinois en projettent 150. » Le défi est tout bonnement vertigineux, Shanghai comptera 50 millions d’habitants en 2050, une année que s’est fixée aussi la Chine pour doter sa flotte aérienne de 2 500 avions supplémentaires. Mais Sylvain Laurent ne fait pas l’éloge de la Chine qu’avec des gros chiffres, il s’émerveille de la qualité de vie à Shanghai, au demeurant conscient que la ville est incomparable au reste du pays, il assure ne jamais s’y ennuyer : « Il y a toujours quelque chose de nouveau à découvrir, que ce soit au niveau sportif, culturel, ou musical, de même, l’orchestre philarmonique est grandiose ! ». Encourageant les Lyonnais à venir, il insiste sur la sympathie des Chinois envers les Français : « Que ce soit dans les affaires ou à titre amical, ils nous estiment parfois davantage que les Américains par exemple, la grandeur de notre culture et notre longue Histoire a beaucoup de valeur à leur yeux ». Pour sa famille, cette expatriation est un bonheur, ses 3 enfants lui reprochent même de ne pas être venu plus tôt ! Du coup ils poursuivent l’expérience en étudiant à Montréal et à Bruxelles. Pour Christine, qu’il a épousée il y 27 ans, Shanghai est son « deuxième amour », très investie dans les cercles de femmes d’expatriés, elle a rédigé un guide touristique que Sylvain considère très sérieusement comme le « Guide Michelin de Shanghai. »
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