Lyon. Entre élus écologistes et pros de l’immobilier, la guerre est déclarée

9 avril, 2021 | BUSINESS NEWS | 0 commentaires

Par Marco Polisson

En exclusivité pour Lyon People, la contre-offensive des marchands de biens et des promoteurs immobiliers face à la multiplication des préemptions et des expropriations imposées par les Verts.

Pour les professionnels de l’immobilier qui avaient, jusqu’à présent, trouvé l’eldorado des affaires à Lyon et dans sa métropole, l’heure est désormais à la réorganisation et à la résistance. Comme annoncé dans nos colonnes avant le premier tour des élections municipales, les nouveaux élus écologistes et leurs alliés d’extrême gauche ont décidé de faire de la lutte contre « la spéculation immobilière » l’un des marqueurs de leur politique. Et pour marquer les esprits et souder leur majorité, ils viennent de passer à l’action avec une première attaque frontale et médiatique contre une famille lyonnaise influente.

Le 22 février 2021, la majorité verte de Bruno Bernard a approuvé en commission permanente la préemption d’un immeuble des années 80, de ceux qui déshonorent le 6ème arrondissement de Lyon avec ses 11 étages et ses garde-corps en plexiglas. Bien dans l’esprit des barres à l’architecture stalinienne qui défigurent les villes de banlieue dirigées depuis l’après-guerre par des mairies socialistes ou communistes. On comprend mieux pourquoi les écolo-gauchistes ont eu le coup de cœur pour cette horreur architecturale…

Une perte de 7 millions d’euros à la charge des contribuables

Cet ensemble de 33 logements, sis 100, rue Bugeaud, a été mis en vente par son propriétaire la mutuelle Sham et c’est un fond d’investissement lyonnais qui a signé le compromis de vente moyennant la somme de 13,6 millions d’euros. Sur ces entre-faits, quand le dossier notarial est arrivé à la Métropole, la collectivité a fait jouer son droit de préemption… pour racheter le bâtiment afin de faire du logement social. Rien de très étonnant de prime abord, mais cette action a été perçue par les professionnels comme l’agression de trop.

Dans la foulée, la polémique n’a pas tardé à éclater quand on a appris qu’elle comptait le revendre seulement 6,8 millions d’euros à la société privée d’HLM Immobilière Rhône-Alpes, présidée par Oriane Viguier, patronne de la société de BTP Legros (Siège à Rillieux-la-Pape), soit une moins-value de 7 millions d’euros à la charge des contribuables. Cette perte colossale, totalement inhabituelle dans ce type d’opérations, illustre la gabegie en mode organisé désormais en vigueur au Grand Lyon.

D’un point de vue strictement rationnel, cette préemption est inutile puisque 30 des 33 logements sont déjà occupés par des familles qui n’ont nullement l’intention de déménager. Mais l’effet d’annonce l’a emporté : mettre des pauvres chez les riches qui ont mal voté aux municipales, c’est tellement jouissif et dans l’air du temps politiquement correct ! Le kif absolu pour tout apprenti bolchevique qui rêve déjà à la prochaine étape : la réquisition. « Préempter des immeubles pleins, ça n’a aucun sens ! » confirme Magali, une experte du logement social qui ne peut que constater « le dogmatisme de cette décision ».

Des guetteurs pour surveiller les transactions

Dans cet immeuble du 1, rue Verlet Hanus (3ème), dont la Ville de Lyon est copropriétaire, les écologistes veulent exproprier les derniers particuliers propriétaires en leur proposant 1400 euros du m2.

Cette affaire est suivie avec attention par les professionnels de l’immobilier, qu’ils soient constructeurs ou marchands de biens. « Ce n’est pas une surprise ! » tempère Michel*, un promoteur immobilier en vue. « Ils l’avaient annoncé dès le début du mandat : ils vont tout préempter ! » Le nouvel exécutif écolo a pour lui l’avantage d’avoir trouvé les caisses de la Métropole bien garnies et choisi le levier de l’endettement pour financer ses dispendieuses politiques. « A ce rythme, les caisses de la Métropole et des bailleurs ne seront pas éternellement pleines ! Quand elles seront vides, ça va se calmer ! D’ci-là, la profession va s’organiser ! » tente-t-il de se rassurer.

Néanmoins, avec un budget de 3,6 milliards d’euros et sa capacité d’emprunt, la secte qui dirige Métropole dispose d’un volant d’action illimité.

Ce qu’a bien compris Paul*, bien implanté sur la place jusqu’à présent. Depuis juillet, il a déjà été préempté 4 fois ! Pour chaque opération perdue, ce sont des dizaines d’heures de travail qui sont parties en fumée, sans compter les rencontres, les négociations avec les propriétaires et les banquiers. « Ils veulent ostraciser toute une profession dont ils ne connaissent rien ! » analyse Brune * : « Lorsqu’on rachète un immeuble pour le rénover, on fait travailler de nombreux corps de métiers. Ce ne sont pas les marchands de biens qui font grimper les prix, mais la raréfaction de biens à acheter qui va s’amplifier avec les préemptions. »

« Toutes les préemptions vont être attaquées en justice »

Les marchands de biens ont décidé de lancer une contre-attaque d’envergure destinée à s’installer sur le long terme, c’est-à-dire sur l’ensemble du mandat écologiste. Regroupés au sein d’un collectif informel, les dix plus gros acteurs du secteur ont mandaté deux cabinets d’avocats spécialisés. « Désormais, chaque préemption sera attaquée devant le tribunal administratif ! » assure Paul. « Chaque préemption doit être motivée, or ce n’est jamais le cas, excepté la formule lapidaire invoquant la nécessité de créer des logements sociaux. Cela ne suffit pas, surtout quand il s’agit d’immeubles déjà loués ou de locaux commerciaux ou d’activité occupés par des entreprises. »

Des notaires ont également été mis à contribution pour trouver les parades juridiques adéquates. Nous n’en dirons pas plus, mais leur travail de fourmi va singulièrement compliquer la tâche des « choufs », ces guetteurs collabos chargés d’éplucher au sein du service urbanisme de la métropole toutes les transactions. Dernière solution radicale envisagée par les propriétaires vendeurs et les marchands de biens : mettre en stand-by les opérations sensibles durant les 5 ans du mandat encore à subir. Mais encore fait-il avoir les moyens de patienter, comme s’apprête à le faire une puissante famille de promoteurs dont les projets dans le 3ème arrondissement sont contrariés par la secte verte. Une discrète action de résistance qui devrait faire tâche d’huile dans l’ensemble de l’agglomération.

* Pour qu’ils ne soient pas victimes de représailles, les prénoms des témoins ont été changés

 

Robert Cambet, président de CANOL : « Pourquoi ce cadeau ? »

Interrogé par Lyon People, le président de l’association de contribuables CANOL (photo ci-dessus) est sceptique : « L’acheteur est un promoteur privé. Pourquoi ce cadeau ? Où s’est située la concertation ? On dirait plutôt : discrétion et précipitation ! » questionne Robert Cambet. « Nous reprochons le manque de transparence de cette décision, votée en Commission permanente, qui se déroule certes avec des membres de l’opposition, mais à huis clos. Il n’y a pas eu débat sur la question. Ensuite, un cadeau de 6,8 millions d’euros a été fait à une entreprise privée, financé bien sûr par le contribuable. Notre raisonnement est le suivant :
– Une approche large conduit à un coût du m2 d’environ 2 600 euros, soit la moitié des prix constatées dans le 6ème, prix payé par la SA d’HLM Immobilière Rhône-Alpes, privée.
– Sur 33 appartements, 30 sont loués au prix des logements privés. Dans ce quartier, l’occupation des logements tourne peu. Ce qui veut que le délai pour que les 33 appartements soient libérés et offerts comme logements sociaux prendra des années ; combien ? C’est donc une politique de long terme.
– La Métropole de Lyon aura-t-elle un droit de regard pour vérifier la mutation effective vers ce type de logements ?
Il apparait bien que ce modèle d’intervention soit très lourd et opérationnel seulement à long terme. Il ne semble pas qu’il y ait faute de la part de la Métropole et donc ne mérite pas une action judiciaire. Simplement une fausse-bonne politique lourde et peu efficace. »

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Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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