Photo © Jean-Luc Mège

Par Caroline Auclair

Nommé président de Foncière Cardinal, l'homme d'affaires lyonnais sexagénaire revient à ses premières amours. Depuis 40 ans, il s'est montré d'une fidélité exemplaire à un métier qui l'a toujours fait vibrer : l'immobilier. De quoi oublier la presse ?

Peu de Lyonnais savent que l'homme de presse est aussi un homme de pierre. Et pourtant… En 1970, Fernand Galula, alors à la tête  de Sedip, société d'édition et de régie publicitaire, construit son premier immeuble de logements, « le Belvoir », à la Croix-Rousse. « J'ai commencé les travaux avec un maître d'œuvre, mais suite à des malversations, j'ai dû le finir tout seul ! ». Depuis, l'homme d'affaires lyonnais affirme n'avoir jamais cessé de réaliser des opérations immobilières, « tous les ans, voire tous les deux ans ». Plus connu comme patron de presse, il a dirigé la régie publicitaire du groupe Progrès, racheté les Affiches lyonnaises puis fondé l'hebdomadaire Tribune de Lyon. Fernand Galula a replongé dans la marmite de l'immobilier lorsqu'il s'est retiré de Tribune, il y a trois ans. « J'ai rencontré Jean-Christophe Larose en 2003, lorsqu'il était associé à Renaud Dufer. » Via Immogal, sa société immobilière créée en 1991, il participe à trois projets : la résidence de tourisme Park and Suite à la Buire, Le Telyca à Saint Clair et un immeuble de 112 logements à Villeurbanne. Parallèlement, il réalise aussi des opérations avec son ami de toujours Yves Périllat, ancien DG de Campenon Bernard puis Vinci Construction. « Le duo fonctionne car c'est un technicien alors que moi, je préfère les affaires ». Il y a deux ans, Fernand Galula s'installe chez Cardinal, à la Cité Internationale. « Jean-Christophe et moi avons peu à peu appris à mieux nous connaître », confie-t-il. Et lorsqu'on évoque des difficultés éventuelles liées à leurs deux caractères forts, l'homme répond que leurs relations sont basées sur un respect mutuel.

En septembre dernier, les deux compères s'entendent sur la création de la Foncière et Fernand Galula en accepte la présidence. Le tour de table est rapide ; Cardinal représenté par Jean-Christophe Larose et ses deux actionnaires historiques souhaitant rester discrets, Sophie Defforey, présidente d'Aquasourca, société de capital investissement, Olivier Klein pour la Caisse d'Epargne Rhône-Alpes et enfin Immogal, présidée par Fernand Galula. Avec un capital de 10 millions d'euros, Foncière Cardinal a pour vocation de racheter des immeubles réalisés par Cardinal mais aussi par d'autres promoteurs. « Bien sûr, les immeubles de Cardinal seront acquis au meilleur coût puisque nous avons la maitrise des frais de construction », commente-t-il. Quant à la source de revenus, elle est claire : loyers et plus-value. « Nous avons déjà signé cinq projets pour 2010 », ajoute-t-il. Parmi eux, trois bâtiments de Loomis, Altis Gerland pour la CNR et un futur siège social à Vaise. Mais l'homme lorgne aussi sur les locaux laissés vacants à la fin de l'année par la Région. « Si l'on compte aussi les bureaux annexes, plus de 17 000 mètres carrés seront bientôt disponibles », analyse-t-il. « J'étudie le dossier et je souhaite en parler de façon professionnelle avec les élus ». Car il comporte quelques écueils : un problème d'accessibilité et un PLU attaché au tertiaire. « S'il devenait mixte, en comprenant des logements, mon intérêt grandirait ». Son regard pétille à nouveau. Rajeuni même, depuis quelques mois il souhaite rassurer ceux qui s'inquiètent pour sa santé… « Tout baigne aujourd'hui. Et puis vous savez bien que je ne peux pas travailler dans le calme. J'ai besoin du stress ». Clin d'œil du destin, il vient d'emménager au sein de nouveaux bureaux 18, rue Childelbert. Un immeuble dont le locataire du rez-de-chaussée n'est autre que le Tout Lyon, son conçurent d'hier. Et la presse dans tout ça ? « C'est une forme de drogue, j'en suis conscient. J'espère juste que j'aurai la sagesse de ne pas replonger ».