Par Christophe Magnette
C’est une étonnante histoire, une saga familiale, celle des Siranossian. Spécialisé au préalable dans les articles de pêche, Jacques “père” déniche un vrai métier de niche : la barque. Depuis, ses grands enfants Stéphane et Alexandra mènent tranquillement la leur à la barre de Delta Nautic, l’un des (très) rares constructeurs.
« Tu pêches ? Tu as des enfants ? C’est ça la barque ! Partir à 6h30 du mat’, faire du poisson [sic], revenir à quai, le préparer, partager le repas. Pour tes mômes, tu es un dieu [sourire]. La barque appartient à toute la famille. Elle véhicule une forte dimension conviviale. » Dans son show-room (unique en France) de Champagne-au-Mont-d’Or (visite uniquement sur rendez-vous), Stéphane Siranossian est comme un poisson dans l’eau au milieu d’une dizaine de modèles différents, dont sa propre gamme – La Silurine – qui représente huit ventes sur dix.
Un mot pour la résumer ? La cohérence. « Elle mesure 4 mètres de long sur 1,60m de large et est stable. Vous pouvez tenir debout et pêcher sans risque d’être déstabilisé par le roulis ». Pendant que sa sœur Alexandra veille à la bonne marche du site internet, Stéphane poursuit : « Environ 80 % de notre gamme est à fond plat, les autres sont pourvues d’une coque en V. La motorisation ne dépasse pas les 50 CV (vitesse maxi : 20 nœuds) car au-dessus les moteurs deviennent ultra-techniques. Côté prix, il faut compter entre 1 400 et 1 800 € pour une coque nue; en fonction de la finition et des accessoires, son prix peut grimper jusqu’à 10 000 €. »
Et dire qu’à 20 ans à peine, Stéphane était comme une bouée jetée à la mer : d’où sa décision de rejoindre ses parents au sein du magasin familial, L’entrepôt des pêcheurs, un vaste espace de 800 m², à côté de la Maison de la Danse, dédié aux articles de pêche.” Jusqu’au changement de cap ! « Au début des années 90, mon père pressent que le marché de la barque souffre d’un manque d’acteur spécialisé car les marchands de bateaux ne s’y intéressaient pas ; dans le même temps, il prend une décision révolutionnaire pour l’époque : « Arrêtons de faire venir les clients chez nous, allons plutôt chez eux ! »
Des barques vendues à des golfs, des acteurs du BTP, des lodges en Azerbaïdjan et même au roi du Maroc !
Ainsi naît Delta Nautic en 1994 qui s’appuie d’abord sur les revues spécialisées « avant d’investir le web au début des années 2000 à travers un site figé de prestations » souligne Stéphane qui reprend l’entreprise avec Alexandra en 2008. Barques donc (150 références) mais aussi accessoires (les armements de sécurité), sièges, moteurs, remorques (300 références environ), tout l’univers de la barque coule des jours heureux chez Delta Nautic. Le marché dans l’Hexagone ? Entre 10 et 13 000 ventes en moyenne (des particuliers à 95 %) et trois acteurs principaux dont Delta Nautic qui se distingue par ses livraisons à domicile, « quel que soit l’endroit ». Consacrée principalement aux eaux intérieures, elle jouit partout d’une vraie popularité.
Dans la région, le lac du Bourget recueille tous les suffrages : « Nous avons une base d’essai où nous réalisons nos tests. Surtout c’est un port électrique, donc très utile. » Car oui, la barque est synonyme d’innovation : batterie au lithium, sondeur GPS… ces barques (d’un poids compris entre 70 et 120 kg et prévues pour 2 à 3 personnes pour la pêche ; cinq en mode familial) sont de plus en plus fun. En attestent les couleurs grises ou noires voulues par Stéphane pour faire évoluer la perception de la barque. S’il est de coutume de changer d’embarcation au bout de trois à cinq ans, il semble difficile de s’en passer : question d’équilibre, de stabilité familiale.
0 commentaires
Trackbacks/Pingbacks