Par Alain Vollerin
Que la ville de Lyon devait lui rendre depuis longtemps !… Un public dense était venu à la Maison Forte, constitué de nombreux lyonnais frustrés par l’attitude négative de Sylvie Ramond, conservatrice du musée des Beaux-Arts.
On a croisé l’inoxydable Roland Roland, Alain Georges, Lara Roland, Patricia Rey, Bernard et Sylvie Copeau, Yves Combet, Alain Chevrette, Pierre Neyroud qui fut maire et président de la Communauté de Commune de la Vallée du Garon, Me Emmanuelle Delay, Mr Gérard Bourdonnay, directeur général de Veolia eau, Mr Hamelin, directeur général de HMS, Patrick Pons, Jean-Louis Asselineau, etc. Des artistes, des marchands, des collectionneurs. L’adjoint à la Culture de Lyon, Képé le néant aurait dû faire le voyage, tout comme le maire Gégé l’inculture incarné. L’événement par sa rareté, l’importance et la qualité des toiles présentées, méritait ce petit déplacement. Heureusement, un esprit élevé comme Michel Régnier, adjoint à la culture de Vourles, auteur d’un très documenté ouvrage biographique à propos du parcours de Jean-Baptiste Frénet, s’engage depuis plusieurs années pour la défense et la promotion de notre patrimoine artistique. Il a obtenu le parrainage du Ministre de la Culture, Frédéric Mitterrand qui n’hésite pas à évoquer le fondateur du groupe Support / Surface, le nîmois Claude Viallat. C’est merveilleux ! Saluons la détermination de Serges Fages, maire de Vourles, et le soutien du député et conseiller général Christophe Guilloteau. D’autres références illustres ? Oui, dans le formidable catalogue, la romancière Edmonde Charles-Roux (madame veuve Gaston Deferre), et le maire de Marseille (ville de naissance de Jean Fusaro), Jean-Claude Gaudin. Elisabeth Hardouin-Fusier, historienne d’art et professeur des universités, décrit le bleu Fusaro.
Il y avait le bleu Yves Klein, Camille Niogret était apprécié pour ses bleus spiritualisés, voici le bleu Fusaro, comme confit en dévotion, selon notre universitaire. Pourquoi pas. Je ne crois pas que le bleu soit à l’origine de l’œuvre de Fusaro. On trouve, dès ses débuts, des rouges et des blancs au service de l’influence de Maurice Utrillo, et comment oublier, l’admirable portrait de sa première épouse. Autre influence, celles de Pierre Bonnard (voir la toile représentant son épouse Jacky allongée et nue) et d’Henri Matisse pour ses objets en bruns et jaunes, ou en bleus posés devant des fenêtres ouvertes (Nature morte aux livres -1982). La Fête de la gare évoque Claude Monet, le Christ aux outrages de 1955 est inspiré de l’entrée du Christ dans la ville de James Ensor, le Cirque chinois par les compositions de Pierre Alechinsky (gentiment prêté par la Fondation Bullukian). Dans les années soixante, il partagea avec Jacques Truphémus et certains sanzistes un thème, les paysages du Nord. Jean Fusaro se nourrit de sa connaissance de l’histoire de l’art. Figure tutélaire du groupe des Sanzistes en 1948 (c’est lui qui en assura la sélection) Jean Fusaro, aura réalisé une œuvre colossale, dont le chemin de Croix de l’église de Saint-Jacques-des-Arrêts. Il a démontré là, qu’il pouvait exprimer un souffle épique, et nous pouvons regretter que la ville de Lyon ne lui ait commandé aucune composition monumentale. Une erreur peut-être justifiée par l’ostracisme politique de certains dirigeants de gauche. Rappelons que la municipalité de Vourles lui commanda en 2009 un vitrail.
Nous regrettons l’absence de référence à ses professeurs de l’école des Beaux-Arts, particulièrement Antoine Chartres. Démarche utile pédagogiquement. Lorsqu’il fut enseignant à l’école des Beaux-Arts, Jean Fusaro résista aux aberrations des " nouveaux coupeurs de tête " qui saccagèrent le fonds très utile de modèles en plâtre pour l’étude des proportions ou de l’ornementation. Certains lui en veulent peut-être encore d’avoir eu le courage de sa différence. Les toiles souvent magistrales furent accrochées dans le désordre par les animatrices de la galerie Estades. Dommage, l’aspect rétrospectif souffre de cette faiblesse, mais ce n’est pas le plus important. La soirée de vernissage se déroula dans un climat chaleureux, accentué par le dévouement de tout le personnel municipal, seulement troublé par l’absence de Jean et Jacky Fusaro, celle-ci subissant une prévisible crise somatique récurrente. Nous compatissons sincèrement en espérant qu’elle sera rapidement remise. Le succès est au rendez-vous, 450 visiteurs le premier dimanche. Courrez voir cette exposition passionnante avec vos familles, ou vos amis. Voici la sortie idéale pour les week-ends à venir.
Jean Fusaro, Rétrospective
Maison Forte – Vourles
Jusqu’au 27 février 2011
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