Photo © Fabrice Schiff
Ce lundi matin dans le Vieux-Lyon. En marge de l’inauguration de l’ancien palais de Justice et à l’issue du discours du premier président de la cour d’appel et du procureur général, Gégé prend la parole et interpelle la garde des sots Taubira.
Il rappelle le classement au patrimoine mondial de l’Humanité du Vieux Lyon en 1998. Puis évoque la rénovation de lieux chargés d’histoire comme les prisons ou l’Hôtel-Dieu, puis relance sur la Cité de la Gastronomie (sans jamais la citer). « Comment peut-on porter à Paris des jugements définitifs sur les projets que nous portons ? Les Lyonnais sont désarçonnés. » La « chambre de bonne » n’est toujours pas passée. Au premier rang, Najat Vallaud Belkacem était comme pétrifiée… mais n’a pas bougé d’une oreille.
Se servir de l’audience solennelle de rentrée de la Cour d’appel de Lyon pour faire de la retape… les magistrats n’en sont toujours pas revenus ! Nous, on applaudit !
La fracture entre les territoires et Paris est béante, surtout vue de Lyon. Le discours capitale contre province, bon sens contre boboïsme germanopratin n’est pas sans rappeler la veine taillée par le maire de Meaux. De là à faire de Collomb un Copé de gauche…
Encore ébaubis par tant d’insolence feutrée, nous poursuivons Gégé dans la Salle des Pas-Perdus, au sortir du long cérémonial. La foulée est soutenue et la sénateur-maire préférerait sans doute dîner en tête à tête avec son nouveau copain Jean-Robert Pitte de la MFPCA plutôt que nous répondre. C’est dire l’humeur. Mais il ne se dérobe pas. Pourquoi avoir interpellé Taubira ? « Elle est la plus à même de s’en faire l’écho au gouvernement. » Reçu.
Et Najat alors, c’est de la roupie de sansonnet ? « Ce n’est pas ici la personne la plus représentative du gouvernement. » Ouch… Uppercut dans l’ultrabright ! Rappelons que la ministre du Droit des Femmes est également porte-parole du gouvernement. A bien décrypter l’arrivée des ministres au palais de Justice historique de Lyon quelques heures plus tôt, on s’était aperçu que Gégé ne faisait pas partie de la cour des parlementaires escortant l’exécutif, se tenant dix bons mètres derrière le cortège roya… républicain !
Les proches du maire de Lyon ont goûté avec gourmandise la sortie de l’édile. Une première pierre de la Cité de la gastronomie sauce Lyonnaise, posée au cœur des 24 colonnes ! Piments offerts. « Nous avions reçu le discours, confie un collaborateur de Gégé. Forcément nous avons tous apprécié le passage sur la Cité de la Gastronomie. » Les armes avaient été fourbies la veille, et la sortie du premier magistrat lyonnais ne doit rien à l’improvisation. Le tour de chauffe avait déjà été un succès lors de son passage dans l’émission La Voix est Libre sur France 3 samedi.
Forcément, l’exercice a fait sourire parmi les officiels. Le député de la 10e circonscription du Rhône Christophe Guilloteau a dit avoir peu d’appétit pour les mets qui mélangent « le judiciaire et le culinaire. » Quant à Michel Forissier, président du Conseil général par intérim, il assure qu’il faut « défendre Lyon, capitale mondiale de la gastronomie. »
Il régnait comme un petit air de théâtre de Guignol lundi matin au palais de Justice. Entre esprit acéré et satire politique. Et dire que la célèbre marionnette lyonnaise pourrait bien faire son entrée au patrimoine immatériel de l’UNESCO. Qui sait, en attendant, il pourrait bien trouver une chambre de bonne à l’Hôtel-Dieu…
« Garde des sots », c’était un jeu de mots ?