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Par Benjamin Solly
Créée en 2006, la charte pour la qualité de la vie nocturne a été réactualisée en 2013 pour permettre aux établissements de nuit, à la Ville et à l’Etat de travailler en bonne intelligence autour des problématiques liées à la fête.
« La signature de cette charte n’est ni une finalité, ni un aboutissement. » Depuis le salon rouge de l’Hôtel de Ville vendredi 15 mars 2013, Pierre Chambon, le vice-président de l’Umih, l’Union des métiers et des industries de l’Hôtellerie à Lyon, joue la carte de la transparence. A ses côtés, le préfet délégué à la sécurité Jean-Pierre Cazenaves- Lacrouts et le 1er adjoint de la Ville Jean-Louis Touraine ne pipent pas mot. Il faut dire que la précédente version de la charte stigmatisait la profession. « On partait du 5e sous-sol, on est arrivé au rez-de-chaussée, à nous désormais de construire une cathédrale », continue le patron du Life.
Cette « cathédrale » de la vie nocturne, patrons, représentants de la Ville et de l’État veulent la construire ensemble. Le temps où Jean-Louis Touraine convoquait, le 14 octobre 2009, les limonadiers pour une pseudo concertation – sans y participer – semble bien révolu. La ténacité des débitants de boissons a payé, notamment à travers l’action de l’association Sauvez la Nuit. Aujourd’hui, on ne veut plus pointer du doigt ceux qui cornaquent la vie nocturne. Mais plutôt leur donner la main.
Les patrons d’établissements intègrent les processus de concertation
« Il faut le faire dans la concertation, avec l’adhésion de tous », explique Touraine. En ce sens, la nouvelle charte est plutôt novatrice, et propose d’intégrer les représentants des établissements à une « cellule de suivi de la vie nocturne. » L’outil permettra aux tenanciers de participer à la phase de concertation mensuelle autour de problématiques particulières, comme les dérogations d’ouverture tardive. Mais seront exclus de la phase du suivi technique. « On aurait aimé être présents », regrette toutefois Pierre Chambon.
Aussi, un « comité de pilotage partenarial » se réunira quatre fois par an, pour tracer les grandes lignes de la stratégie de la vie nocturne à Lyon. Il est force de proposition et vient en amont du premier dispositif, comme un outil d’anticipation. Il intègre également les représentants des établissements de nuit. De l’eau a coulé sous les ponts depuis les arrêtés coercitifs préparés par l’ancien préfet Géraut, déjà rectifiés par l’arrêté du 20 mars 2012 de son successeur Jean-François Carenco.
Tranquillité des riverains, lutte contre les addictions et les comportements à risque, prévention de la délinquance
Au cœur de la problématique, « la prévention de la délinquance et des conduites addictives, dites ‘à risque’ », rappelle Jean-Pierre Cazenaves-Lacrouts. Mais également les enjeux de civisme, comme le volume sonore à la sortie des établissements à l’horaire de la fermeture et également les limitateurs de pression auditive pour les établissements à musique amplifiée. La tranquillité des riverains est au cœur du sujet. Aussi, une vigilance toute particulière sera également appliquée aux soirées étudiantes organisées via les BDE. L’arrêté municipal interdisant aux épiceries de nuit de vendre de l’alcool après 22h reprendra également ses droits de mai à octobre 2013.
Au regard de ces améliorations notables, quatre syndicats représentants les établissements de nuit ont signé la charte. Il s’agit de l’Union des métiers de l’industrie de l’hôtellerie (Umih) présidée par Laurent Duc, l’association française des exploitants de discothèque et de dancing (Afedd) représentée par Serge di Folco, le Synorcat par Fabien Chalard et le Syndicat national des entreprises gaies (Sneg) de Gérard Siad. Près de 70 établissements ont déjà signé le document. Ils afficheront un pictogramme « Respectons nos nuits », représentant un hibou, à l’entrée de leurs établissements. « Nous visons 150 à 200 établissements signataires à Lyon », espère Laurent Duc. Le sens du consensus sera primordial pour ceux qui souhaitent rejoindre le mouvement. « Si on arrive autour d’une table pour dire ‘je ne céderai sur rien ‘, on ne se met pas autour d’une table. » La mise en garde de Pierre Chambon vaut aussi bien pour les représentants des lieux de nuit que pour les institutionnels.
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