Par Marjorie Auer
Echange de tirs nourri jeudi 22 janvier rue de Sèze où se déroulaient les vœux du maire du 6e arrondissement. Une cérémonie sur fond de règlement de comptes entre un Jean-Jacques David défendant bec et ongle son bout de gras, et le renard Gérard Collomb se voulant plus pragmatique…
Attente glaciale devant la mairie du 6. Dominique Nachury, 1ère adjointe du maire, et Dominique Perben, député de la 4e circonscription de Lyon et 1er vice président du Conseil Général du Rhône, ne lésinent pas sur les poignées de mains, même sur le trottoir. Un quart d'heure plus tard, les portes s'ouvrent. A l'intérieur, Jean-Jacques David accueille la population : moyenne d'âge, 60 ans. Les convives montent dans la salle de réception, vite pleine à craquer. Une dame me confie : ‘‘Ça fait 50 ans que j'habite dans le 6e et je ne connais personne !''. Comme le reconnaîtra plus tard le maire du 6e, ‘‘je suis victime d'un succès auquel je ne m'attendais pas''. Gérard Collomb arrive, et chacun épie sa réaction face à Jean-Jacques David, qui l'avait accusé le matin même dans Le Progrès d'avoir ‘‘prévu zéro euro pour le 6e''. Mais monsieur le maire reste impassible. Jean-Jacques David prend la parole, notes sous le nez, pour souhaiter une bonne année avec quelques trois semaines de retard. En bon épicurien, il vente les mérites d'un ‘‘arrondissement où il fait bon vivre'', et d'une ‘‘mairie ouverte à tout le monde''. Un optimisme tout juste freiné par la crise : ‘‘Il faut résister à la morosité ambiante, même si je ne crois pas à la fatalité''. Les vœux expédiés, voilà que son discours devient croustillant, avec les fameuses « trois lignes de la feuille de route de monsieur le maire de Lyon qui concernent le 6e ». Jean-Jacques David annonce la couleur : ‘‘Je déplore que les projets structurant n'aient pas été retenus''. Au programme du maire du 6e arrondissement : créer une bibliothèque, une résidence pour personnes âgées, réaménager le cours Vitton… Applaudissement de la salle lorsqu'il déclare s'engager ‘‘à ce que l'écologie et le développement durable deviennent des préoccupations primordiales''. Enfin, il ne peut s'empêcher un dernier tour de malice, puisqu'il annonce vouloir prendre rendez-vous avec Gérard Collomb et lui remet en main propre sa feuille de route interne, afin ‘‘d'intégrer dans votre programme les projets manquants''. Pris au jeu, le maire de Lyon commence la lecture du document, pendant que Jean-Jacques David lorgne sur le célèbre slogan sarkozyste : ‘‘Ensemble, tout est possible. Je reste résolument optimiste !''
Dominique Perben prend un court instant la parole, afin d'évoquer la situation française et mondiale, avec les ‘‘menaces internationales, la poursuite de la guerre en Afghanistan, la crise financière et économique, la guerre en Moyen-Orient'', et évoque également l'arrivée d'un ‘‘homme neuf à Washington''. Un dernier bon mot, ‘‘je souhaite une meilleure année 2009, celle de la réconciliation'', avant le speach de Gérard Collomb. Entre-temps, nous avons perdu François Turcas, président de la CGPME du Rhône, qui a manifestement trop célébré la Fête de l'entreprise la veille. Jean-Jacques David, décidément d'humeur taquine, interpelle une dernière fois le maire de Lyon : ‘‘Ici on vous appelle le petit Jésus''. Ce dernier esquisse, et se dit ‘‘porteur d'évangile'' : ‘‘Je suis heureux qu'il (Jean-Jacques David) m'ait souhaité ses meilleurs vœux, et même deux fois aujourd'hui!''. Très vite, il s'attaque à l'interview donné par le maire du 6e le matin même, en lui faisant remarquer que ‘‘ce n'est pas le meilleur moyen de coopérer'' : ‘‘Il se trouve qu'il peut se passer quelques évènements, comme une crise mondiale. Nous sommes en train de vivre un basculement d'époque et nous sommes touchés car nos recettes fiscales sont moins importants que nous ne l'attendions''. En tout, quelques 10 millions d'euros en moins pour la collectivité locale. ‘‘Lorsque l'on fait face à cette réalité, on va à l'essentiel, en développant par exemple l'économie de Lyon''. Et de citer la Tour Oxygène et la Tour In-City, dans le quartier de la Part-Dieu, qui ‘‘créeront des milliers d'emplois en plus''. ‘‘Alors, vous me direz que ce n'est pas dans le 6e. Non, c'est juste de l'autre côté du Cours Lafayette !'' raille Gérard Collomb, qui assure ne pas ‘‘séparer le 6e arrondissement du reste de la ville''. Les projets en cours sont maintenus, ainsi qu'une étude sur le quartier de Bellecombe, qui mérite d'être rénové. ‘‘Nous avons eu des projets par le passé, et nous en aurons pour le futur''. Et de citer les programmes menés à terme depuis 2001, tels que le Parking Morand, les quais du Rhône, ainsi que les atouts indéniables du 6e: le parc de la tête d'Or, la Cité internationale… ‘‘Ce n'était pas dans votre teasing de ce matin !'' tacle Gérard Collomb. Pour conclure, le maire de Lyon se veut rassurant : ‘‘Je n'ai jamais été guidé dans mon action publique par des choix partisans'', clin d'œil à la couleur politique de l'arrondissement, l'un des derniers bastions de droite de la ville. ‘‘Je souhaite diriger la cité dans le sens des intérêts des habitants. Et monsieur le maire, ma porte vous est toujours ouverte !'' Amen.
La projection diapos, c'est maintenant !
Jeudi 22 janvier 2009
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