Photos © Fabrice Schiff
Par Benjamin Solly
Comme chaque 8 septembre, la colline qui prie accueillait dimanche en son vaisseau de Notre-Dame de Fourvière la notabilité lyonnaise pour le renouvellement du vœu des Echevins.
Nos « people » ne le manqueraient pour rien au monde. Le vœu des Echevins, tradition multiséculaire qui consacre Lyon à la Vierge Marie, remonte à 1643. Le spectre de la peste plane sur la ville. Et, manque de bol, les HCL ne verront le jour que 159 ans plus tard. Qu’à cela ne tienne, le prévôt des marchands (maire) et ses 4 échevins (adjoints) font un vœu. Accompagnés d’une foule de Lyonnais, ils décident de monter à la chapelle de la Vierge, sur la colline de Fourvière, alourdis de « 7 livres de cire blanche en cierges et flambeaux et d’un écu d’or au soleil. » Lyon débarrassé de la pestilentielle menace, le rituel sera reproduit annuellement pour placer la ville sous protection mariale. Chaque 8 septembre – jour de la Nativité de la Vierge – est depuis l’occasion d’une communion entre les acteurs temporels et spirituels de la ville, reproduisant l’offrande originelle de Lyon à sa protectrice. La cérémonie montre l’attachement des Lyonnais à leur tradition ancestrale.
C’est également l’occasion pour nos « peoples » de marquer ostensiblement leur rentrée. Pluvieuse, forcément. Des conditions inédites pour le vœu des Echevins qui, « depuis 40 ans », n’avait pas connu les caprices du ciel, rapporte le cardinal-météorologue Philippe Barbarin. Et Michel Mercier d’étrenner son imper’ Colombo quand son voisin de banc, le préfet Carenco, avait préféré à l’uniforme une tenue civile. A leurs côtés, la présidente du Conseil général Danielle Chuzeville, le gouverneur militaire de Lyon Martial de Braquilanges et le président de la Fondation Fourvière Jean-Dominique Durand. Derrière l’aréopage, la droite et le centre lyonnais, nombreux, s’étaient donnée rendez-vous. Michel Havard, Françoise Grossetête, Albéric de Lavernée, son épouse Inès, Michel Forissier, Jean-Loup Fleuret, Denis Broliquier, Stéphane Guilland, Anne-Claire Pech, Gérard Vollory, Marc Augoyard… Une revue des troupes avant les municipales. Seul le député radical Thierry Braillard a osé braver la frontière politique, prenant place aux côtés de l’eurodéputée Nora Berra.
La travée de la basilique faisait ainsi office de ligne de démarcation officieuse entre gauche et droite. Du côté de la majorité municipale, tous – ou presque – entouraient le sénateur-maire Gérard Collomb accompagné de son épouse Caroline et de leur deux puces Clémence et Camille. Les lieutenants Georges Képénékian, Gilles Vesco, Jean-Yves Sécheresse, Jean-Louis Touraine, Thierry Philip, Thomas Rudigoz, Hubert-Julien Laferrière, les inséparables Alexandrine Pesson et Evelyne Haguenauer, les places seront chères sur les listes municipales ! Claude Chabot, Emmanuel Hamelin, Max Vincent, Yves-Marie Uhlrich, Christophe Limousin et Blandine Reynaud assurant le quota diversité politique sur les rangées nord de la basilique. Regards en chiens de faïence et sourires crispés, les défiances mutuelles exacerbées par l’échéance électorale de mars 2014 n’ont pas pris le pas sur le message de concorde porté par les ecclésiastes.
Sur fond de conflit syrien, le Primat des Gaules a exhorté le personnel politique à « la responsabilité. » Et l’archevêque de s’appuyer sur l’exemple de Robert Schuman. Pour ce dernier, le père fondateur de l’Europe – en voie de béatification – fut celui qui dépassât les « obstacles, les oppositions, les mesquineries. » « Le jour où les intérêts des hommes seront communs, ils ne pourront plus de faire la guerre », veut croire l’archevêque. Une homélie « très juste » pour Gérard Collomb, qui a présenté le traditionnel écu d’or devant l’autel. Les livres de cire étant cette année à la charge manutentionnée du consul des Philippines, Maître Jean-Jacques Rinck, entouré de plusieurs membres de la communauté. A noter également l’invitation pour cette cérémonie de Mgr Vesco, évêque d’Oran et frère de Gilles. Plus inattendue, la présence de l’ex-pasionaria de la Manif pour Tous, Frigide Barjot. Cette dernière participait au séminaire « Engagement chrétien en politique et sociétal » organisé les 7 et 8 septembre au Domaine Saint-Joseph à Ste-Foy.
Le cardinal Barbarin a terminé la cérémonie en présentant l’ostensoir au balcon de Fourvière, avant de bénir la ville. Les trois coups de canons ont retenti. Sous bonne grâce mariale, Lyon peut s’endormir paisiblement. Les festivités ont continué pour un verre de l’amitié entre happy-few, précédé de quelques discours, au musée de Fourvière. Gérard Collomb n’a pas manqué de chambrer Maître André Soulier qui « ne participe pas toujours aux cérémonies du 8 septembre. » Démenti ostensible de l’intéressé. L’ambiance se réchauffe. La pluie a cessé. Peut-être un signe de celui auquel tous rendent hommage désormais. François Navarranne, Président de la Commission de Fourvière et Vice-président de la Fondation Fourvière, est décédé cette année à l’âge de 59 ans. A voir l’émotion sincère des convives à l’évocation de sa mémoire, ce vœu des Echevins porte sa bienveillante marque.
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