Par Alain Vollerin
A Paris, Ambroise Vollard, Paul Durand-Ruel ou Daniel Kahnweiler. A Lyon, Marcel Michaud, Jacques Verrière ou Denise Mermillon. Il faudra un jour écrire l’histoire des marchands d’art. Acteurs de la création artistique de leur époque, quelle était l’origine de leur motivation ?
L’argent, certainement pas ! Tous étaient portés par la même passion de participer à un élan commun, de soutenir des destins en cours d’accomplissement, de convaincre des collectionneurs des vertus de la Modernité. Il faut du courage pour persuader un public de la valeur de ses choix. A Lyon souvent, tout se joue le jour du premier rendez-vous. A cet instant, il faut être au mieux de son apparence, au meilleur de ses compétences. L’enjeu est trop important. Le soir de l’inauguration, les derniers feux de la fête du vernissage éteints, il faut que la joie soit présente dans les cœurs et les esprits de tous : organisateurs et invités. Les visiteurs d’un soir doivent se transformer en auditeurs fidèles, en clients déterminés. Pour cela, il faut savoir écouter l’autre pour se rencontrer pleinement, pour communiquer sa passion. En France, après Paris, Lyon est la ville dont le passé artistique est le plus riche, à toutes les époques. Ici, les amateurs d’art disposent en général d’une véritable culture. Ils aiment la partager, mais toujours discrètement.
Et les choses furent bien faites. On avait recruté un traiteur talentueux. Parmi les convives : Pascale et Jean-Louis Manoa qui fêtait en ce 3 novembre son anniversaire. Jean-Marc Requien jugeant de la qualité des œuvres en expert… Jean Claverie portant sur l’exposition son regard d’enseignant toujours vigilant. Alain Roche (ci-dessus) créateur du groupe des "Incontemporains" présentait des sculptures particulièrement intéressantes. Le galeriste Jean-Louis Mandon avec sa chevelure de disciple d’Einstein était venu en voisin, inquiet de la mise en place du prochain Salon du Sud-Est qu’il préside avec parcimonie. Jean-Louis Touraine qui finira par nous faire croire qu’il s’intéresse vraiment aux arts plastiques, tant il est présent dans les manifestations officielles. Apparemment, Georges Képénékian, absent remarqué du Couty’s day, était toujours en vacances. Richard Sansavini, manager d’Arrivetz, où l’on expose depuis quarante ans un tableau de Pierre Montheillet. Jacques Blanc-Potard l’architecte au rire historique. Bernard Paquelet, dentiste providentiel et amateur d’art. Laurent Colin le régisseur collectionneur.
A Lyon, tout se sait très rapidement. Les informations circulent vite. Voici pourquoi, ceux qui prennent le risque de s’engager se doivent d’être rigoureux. Il est préférable de modérer sa pertinence, plutôt que de risquer l’impertinence. Entendre les convictions de l’amateur d’art, se rendre entièrement disponible à son écoute me semble l’unique chemin pour construire un dialogue qui permettra de présenter le parcours des artistes choisis, surtout, s’ils ne sont pas nés à Lyon. Oui ! La galerie Gilbert Riou doit être ce qu’elle voulait devenir à l’origine de ce beau projet qui a réuni deux générations – un soir bien arrosé – autour des mêmes désirs de partage de connaissances, mais aussi d’appétit pour la découverte et la rencontre. Un espace de convivialité permettant à de nouvelles générations de s’exprimer en dehors des circuits officiels, parfois trop sélectifs voir sectaires. Elle doit être une chance, une vitrine exposant la ou les "différences".
La XIe Biennale d’art contemporain de Lyon vient de révéler un retour des artistes vers le dessin, la peinture, la sculpture. Il correspond au choix des animateurs de la Galerie Riou qui démontrent ainsi la qualité de leurs orientations. Après le Minimalisme place aux Maximalisme. Oui ! Ouvrir une galerie à Lyon, ou ailleurs, en période de Crise est une prise de risque. Mais, comme l’écrit Jean Clair, historien et critique d’art, dans son récent ouvrage « L’hiver de la Culture », les épreuves que nous traversons ne correspondent pas seulement à des difficultés économiques. Il s’agit pour lui d’une Crise des valeurs. Le beau classique cède le pas au Vrai, semblable à notre quotidien, où la politique se mêle à la poésie pour décrire la Contemporanéité, notre univers, le monde dans lequel nous vivons, chaque jour. Gilbert Riou et Aymeric Massin, nous proposent de marcher à leurs côtés pour découvrir des créateurs dont la réputation est affirmée, mais aussi de jeunes talents, auxquels nous devons ouvrir notre esprit, sans chercher à répondre à la question de leur légitimité, simplement dans le respect du mouvement de nos sociétés, de leur évolution, de la vie elle-même. Souhaitons leur bonne chance !… Artistes exposés : Michel Batlle, Blanche Berthelier, Julien Chaves, Thierry Chassagnac, Frédéric Deprun, Pierre Dessons, Edwige Fouvry, Marc Giai-Minet, Jin Bo, Olivier Larivière, Jérémie Martino, David Morel, Emmanuel Perat, Linda Roux, Jean-Pierre Ruel, Bernard Schroerder, Julien Spanti, Laurent Vernier.
Jusqu’au 10 décembre 2011 Galerie Riou 1, place d’Ainay – Lyon 2e 04 26 64 12 54 galeriegilbertriou@gmail.com
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