Incertitudes autour du Salon Regain au Palais de Bondy

6 octobre, 2009 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

regain-10 Vernissage inaugural en présence d'Alexandrine Pesson, maire du 5ème

 

Par Alain Vollerin

 

Quel est le sot qui a dit que les salons étaient morts ? Malgré les difficultés mises en place par les services municipaux chargés de la Sécurité dans les lieux publics. Ils vivent chaleureusement à l'exemple de « Regain », dont le président Nicolas Kouzoupis, homme d'ouverture et de culture, accueillit malgré une chaleur estivale et des embarras de circulation qui traumatisèrent et donnèrent des remords aux électeurs de Gérard Collomb, un public nombreux et enthousiaste.

 

Et, il y avait de quoi en parcourant dès l'entrée le passionnant hommage rendu à notre regretté ami Paul-Denis Fayard, dont l'univers nourri de l'influence des maîtres italiens du Quatrocentto, et porté par sa volonté de dire le monde et ses injustices, comme la mise en croix de Jésus, rayonnait de ses couleurs volontairement primaires. Une œuvre qui séduisit, Patrice Béghain, alors adjoint à la Culture. L'actuel responsable des affaires culturelles, Georges Képénékian démontra une fois encore par son absence son total manque d'intérêt pour le monde des arts plastiques. C'est pour cela que Gérard Collomb l'avait choisi, parce qu'il n'était pas dans les réseaux. Il ne vient aux vernissages que forcé et contraint avec un air de s'en foutre à faire rire, alors que nous devrions en pleurer, car dans ce domaine toutes les décisions sont prises par Gérard Collomb qui n'en a pas la compétence. Pascale Girodet renoue avec l'art de la peinture sur céramique en donnant naissance à des objets utiles, évocateurs des beaux moments vécus chez nos grand-mères. Robert Putinier, esprit sobre et retenu révèle dans ses peintures photographiées un goût pour les vibrations psychédéliques. Quant à l'invité d'honneur Jean-Noël Perrin qui fut élève de l'école des beaux-arts de Lyon, et condisciple de nos amis Jean-Marc Requien et Alain Roche, il construit une œuvre étudiée à la manière des alchimistes du Moyen-âge, et intéressante, surtout lorsqu'elle décrit le monde des contes de fées de notre enfance. Danielle Lassia présentait deux compositions récentes qui confirment son appartenance à l'aventure des singuliers de l'art, comme Odile Daventure. Claude Couteau dans ses grandes compositions démontre la puissance et la variété de son univers. La palette de Guy Bonetto s'éclaircit joyeusement. Fabienne Wyler cherche intelligemment le mouvement par l'assemblage de formes et de couleurs.

 

Il y a une école cubisante, gleiziste au Salon Regain avec Serge Préher, Céline Pouget, Christian Cartayrade, Guy Delecraz. David Mishkin regarde les bouchons de bouteilles de grands crus classés avec envie. Il en fait des ensembles imprégnés d'un riche passé. Son œuvre évolue et mérite d'être étudiée. Claude Laurence Casoli réveille en nous avec ses papiers mouillés, froissés le souvenir des premiers travaux de Veuve Angine, aujourd'hui bien oubliée, ce qui prouve qu'il faut rester modeste. Gérard Eleftériou regarde tout à la fois du côté de Georges Mathieu et de la Bande Dessinée. Odile Rivat-Turillot livre dans le dépouillement le plus sublime des personnages extatiques et lunaires. Laura Julien renoue avec le métier de portraitiste qui fit la gloire de Tony Tollet. Danielle Dehoux-Grafmeyer cultive des " champs " de fleurs, d'insectes, de feuilles où la vie semble se convulser. Georges Gaillard demeure fidèle à son inspiration de paysagiste de la Bretagne au Mâconnais. Barbara Henry-Simone regarde trop du côté de Paul Siché. Xavier Moulin dans un geste proche de la perfection confond peinture et illustration. Jérôme Hemain peint comme on écrit une partition musicale avec beaucoup de discernement. Janine Rimet poursuit son exploration de nos cosmogonies intimes. Nicolas Kouzoupis peut être satisfait, son accueil renouvelé de jeunes artistes apporte au salon « Regain » un intérêt nouveau. Il fera encore mieux l'an prochain. Quelques noms : Anthony Bronda, Jacques Chananeille, Olivier Auguste, Déborah Kim, Christophe Masseron, Corinne Schindler, et le sculpteur Linh Trong Tran qui doit ôter à ses œuvres cette patine brillante pour jouer enfin avec l'ombre et la lumière et libérer les volumes. Cette année, le Salon rendait honneur aux femmes. Jeannette Ruplinger, et Danielle Perge décrivaient avec talent la grâce féminine. Nicolas Kouzoupis qui sera prochainement président de la Maison de l'Europe, prépare ce qui sera certainement un événement, les assises des Salons, pour répondre à la volonté de Gérard Collomb de les chasser de ce superbe édifice du quai de Bondy qui fut à la demande d'Edouard Herriot bâti à leur intention par l'architecte Eugène Huguet. Bien entendu, ces manifestations se doivent de perdurer en cœur de ville. Elles sont pour les Lyonnais une occasion rituelle de se retrouver pour parler art et culture, et même, papoter à propos de tout, et pourquoi pas de la réélection de Gérard Collomb. Laissons l'Art contemporain à la Sucrière, et l'Art moderne au Palais de Bondy.

 

71eme Salon Regain, Rencontre des Arts

Jusqu'au 22 octobre 2009

Palais Municipal des Expositions

20, quai de Bondy – Lyon 5e

Lundi au samedi – 14 h à 18h30

Dimanche – 10h à 12 h et 14 h à 18h30

 

 

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