Par James de Santrois
On a tous en tête le spot télé des "soirées de l'Ambassadeur"… Le 9 février, pas de Ferrero ni de Gégé dans les salons de la mairie du 2ème, mais la présence exceptionnelle du nouvel (et très dynamique) ambassadeur des Etats-Unis en France, Charles H. Rivkin. Le tout en l'absence de Gérard Collomb, représenté par la dernière de ses adjointes, par ordre protocolaire ! Une histoire "de corne cul", comme l'a commenté sobrement l'un des invités…
L'affaire nait il y a quelques mois lorsque l'association toulousaine "Les ponts du cœur" décide de lancer un hommage national à Thomas Jefferson. Ce francophile convaincu a passé quelques années en France comme ambassadeur, aux côtés de son ami La Fayette, avant de devenir le premier secrétaire d'Etat de la toute jeune république américaine puis son 3ème président. Il séjourna à Lyon du 11 au 15 mars 1787. Cet hommage passe par l'édition d'un livre, soutenu par les villes dans lesquelles Jefferson est passé, et l'installation de plaques commémoratives. Lyon dit spontanément « oui » et le cabinet du maire organise un événement "aux petits oignons" qui permettra de faire à la fois un peu de com', de célébrer l'entente avec les Etats-Unis voire de faire un peu de "business", même si côté vols transatlantiques, on est un peu revenu au temps de Jefferson ! Patatras, l'agenda de l'ambassadeur change et celui de Gérard Collomb ne permet pas de décaler au lendemain l'événement pour cause de réunions à Paris et d'interview pour un grand hebdomadaire national. Qu'à cela ne tienne, on décide de faire quand même, mais plus simple, sans com', dans le 2ème arrondissement, lieu d'implantation du consulat.
Tout s'organise aimablement entre le l'opposant au maire de Lyon, Denis Broliquier, et le cabinet du maire. Et comme pour bien marquer le "non événement", on délègue la dernière adjointe, en charge des anciens combattants, la pimpante Evelyne Hagguenauer. Sûrement pour son expertise es-cocktails et autres manifestations mondaines. Broliquier se marre, il a entre les mains de quoi se faire un bon coup de pub sur le dos de Collomb. Il agite ses réseaux, s'assure d'avoir une claque fournie, prévient le banc et l'arrière banc des amis influents. Bref, se donne une stature. Pensez-donc, un ambassadeur pour lui tout seul. Et à l'occasion de sa première visite à Lyon. Côté hôtel de ville, on minimise l'événement, qualifiant même la visite diplomatique de "visite privée". Jusqu'à un article du Progrès qui met, le matin même, le feu aux poudres. Gérard Collomb découvre le pot aux roses en lisant le journal. Il tempête, hurle et crie. Et décide, en fin politique, de rétablir la situation à son avantage. Permettre à Broliquier, qu'il apprécie fort modérément, de se faire mousser aux frais de la mairie centrale : hors de question ! L'ambassadeur est pressé de changer son emploi du temps, Collomb annule tous ses rendez-vous, et une rencontre officielle est organisée quelques minutes avant la manifestation du 2ème arrondissement.
On retiendra de cette affaire :
– un étonnant amateurisme de la mairie centrale, où apparemment, certaines décisions sont prises sur le plan technique et pas sur le plan politique ;
– la capacité de Denis Broliquier à rebondir sur une situation et, justement, à faire de la politique ;
– la curieuse manière de gérer des relations diplomatiques où l'on préfère envoyer la dernière adjointe plutôt qu'un parlementaire accueillir et accompagner le représentant officiel d'une puissance étrangère.
Quant à Jefferson, à son passage à Lyon, à l'initiative des "Ponts du cœur", ils ont été relégués au second plan. Comme quoi la politique, lorsqu'elle perd son grand P au profit du petit (comme petitesse), ne sert pas l'intérêt général. L'ambassadeur, bien élevé, n'a pas commenté l'affaire. Mais son sourire en disait long…
La projection diapos, c'est maintenant !
Mairie de Lyon 2ème
Mardi 9 février 2010
Il serait temps qu’il fasse de la politique