Par Alain Vollerin
Pas facile d’apporter quelque chose de nouveau à nos yeux maintenant exercés à la lecture de l’œuvre de Jean Couty. Pari pourtant réussi pour l’équipe réunie autour de Michel Régnier, adjoint à la Culture à la mairie de Vourles, dans cette Maison Forte, où nous avions vu l’an dernier une remarquable rétrospective de l’œuvre de Jean Fusaro.
Nous pouvons déjà annoncer pour l’an prochain, la présentation du fruit du travail de bénédictin que produit Michel Régnier à propos d’Antoine-Jean Duclaux (1783-1868). Cet hommage rassemblait quelques personnalités éminentes : Simone Couty, veuve exemplaire qui redonna à l’œuvre de cet artiste majeur du XXe lyonnais avec Pierre Combet-Descombes et Antoine Chartres, la place qu’elle mérite dans notre univers des arts plastiques, Edouard Couty son neveu président de l’association des amis, fils de Julien Couty que nous avions vu en scène dans l’admirable pièce d’Arthur Adamov « Si l’été revenait », Emmanuel Hamelin, inspecteur général des affaires culturelles, Christophe Guilloteau, député et conseiller général, Serge Fages, maire de Vourles. N’oublions pas Marie Palué, qui dans son petit musée de Tain l’Hermitage avait récemment rendu honneur à Jean Couty, et qui prépare son exposition d’été. Pendant le vernissage, nous avons vu Mme Elisabeth Hardouin-Fugier brandir une palette à bout de bras avec une farouche énergie. Elle nous expliqua comment cet objet, désormais sacré pour les admirateurs de Couty que nous sommes, démontrait le non-conformisme du maître de Saint-Rambert. Non, sans avoir avoué qu’elle avait longtemps ignoré le compagnon de l’aventure avant-gardiste des Nouveaux avec Marc Aynard, René Chancrin, Antoine Chartres, Jean-Albert Carlotti, Pierre Pelloux, Henri Vieilly, René Dumas, etc… Mme Hardouin-Fugier n’était pas alors avec le critique d’art René Deroudille, indéfectible ami et soutien de Jean Couty, du côté de la Modernité.
Voici pourtant l’horizon, vers lequel, il faut se tourner pour comprendre les origines et l’œuvre tout entière de Jean Couty qui avouait avec la force de caractère que nous lui connaissions : « Oui ! J’ai été fauve… » Elève de l’école des Beaux-Arts de Lyon, tourné un temps vers l’architecture, conseillé par le célèbre voisin Tony Garnier qui habitait rue de la Mignonne à deux pas de la maison familiale, Jean Couty qui a vu Paul Cézanne, il va de soi, doit tout dans la spontanéité de son geste artistique au message de Paul Gauguin à Paul Sérusier avant qu’il ne compose son « Bois d’amour » futur Talisman des Nabis. Vous voyez un jaune posez un jaune, un bleu posez un bleu, un rouge idem. Cet usage des couleurs pures fit la puissance des toiles de Jean Couty. Comme les Fauves bien entendu, comme les Expressionnistes français et allemands, Jean Couty est un Moderne au sens historique du terme. Bien entendu à Paris, soutenu par Katia Granoff, il fit partie du groupe « les peintres témoins de leur temps », mais, nous devons surtout retenir cette inscription vigoureuse et rigoureuse dans une Modernité recherchée et militante. Cette exposition est admirable par la haute qualité des toiles sélectionnées, beaucoup sont méconnues. Nous félicitons les responsables de cet accrochage soigné pour leur volonté de présenter des dessins à côté des vastes toiles apportant ainsi une appréciable dimension pédagogique. Une foule nombreuse était venue, témoignant de l’intérêt croissant porté par les amateurs d’art à cette œuvre rayonnante, riche d’un savoir-faire unique, offrant une image positive d’un monde en mouvement, en mutation. Nous signalons l’édition d’un catalogue de 64 pages complétant la documentation déjà disponible.
Jusqu’au 18 mars 2012
Hommage à Jean Couty
Maison Forte
2, rue des Vallières – Vourles
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