Gérard Collomb propose aux Lyonnais de se réapproprier la fête du 8 décembre – Photos © Fabrice Schiff
Par Marc Polisson
C’est sans nul doute la décision la plus difficile qu’il ait eu à prendre depuis son élection en tant que maire de Lyon. Retour sur une catastrophe industrielle annoncée.
Choisir c’est renoncer. Avant de choisir de privilégier la sécurité de ses compatriotes, Gérard Collomb a, durant trois jours, « pesé le pour et le contre ». Interrogé par Lyon People en marge de la cérémonie de remise des Palmes académiques à son ami Roland Bernard, le président de la Métropole dit assumer « cette terrible responsabilité ». « Sans même parler d’attentat, le moindre mouvement de foule place des Terreaux ou ailleurs, pouvait se chiffrer en centaines de morts ». Les traits tirés, Gérard Collomb raconte avoir consulté le Premier Ministre et le ministre de l’Intérieur, mardi soir au Sénat. La guérilla urbaine de Saint Denis, dans la nuit de lundi à mardi, l’ont définitivement convaincu que « la menace persistait à un niveau élevé ». Et qu’il fallait dissuader les 4 millions de visiteurs attendus de venir à Lyon, en dépit des protestations et des pétitions.
Depuis les attentats de vendredi, de nombreuses annulations étaient déjà parvenues chez les hôteliers lyonnais. La catastrophe industrielle tant redoutée aura donc bien lieu. Hôteliers, restaurateurs, taxis, autocaristes, professionnels du tourisme… tout le monde va être impacté. « Cette décision est évidemment douloureuse pour nous tous. Et notamment pour les équipes qui avaient mis tant d’énergie et de talent à préparer cette fête : artistes, partenaires, prestataires, associations locales. Cette édition s’annonçait en effet exceptionnelle. Nous avons donc décidé de la reporter à l’identique en décembre 2016. » explique Gérard Collomb qui invite tous les Lyonnais à « illuminer notre ville le soir du 8 décembre. Dans les prochaines semaines, 200 000 lumignons seront distribués aux enfants des écoles et vendus aux lyonnais par des bénévoles au profit de l’association des victimes du terrorisme et de l’association « rêve d’enfants » qui est cette année le bénéficiaire de l’opération « lumignons du cœur ».
La tour Incity et le « crayon » proposeront une mise en lumière dans le même esprit que celui des lumignons. Par ailleurs, les quais de Saône et la colline de Fourvière présenteront l’œuvre de Daniel Knipper, intitulé « Regards ». Cette œuvre est composée de regards familiers extraits de tableaux de maîtres tels que Botticelli, Matisse, de La Tour… en hommage à toutes les victimes dont les prénoms défileront sur les façades des quais de Saône et de la colline de Fourvière. Douce ironie de l’histoire, le 8 décembre va donc redevenir la fête traditionnelle des Lyonnais centrée autour des lampions et de Notre Dame de Fourvière, sous l’impulsion de leur maire socialiste et franc-maçon… Même dans ses rêves les plus fous, le cardinal Philippe Barbarin n’en espérait pas tant !*
* Le journaliste chansonnier Geoffrey Mercier développera ce thème en alexandrins au cours de la Revue de Presse de Gérard Angel, dimanche 22 novembre 2015 (17h) à la Comédie Odéon. Mise en scène : Philippe Vorburger
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