Photo © Fabrice Schiff
Par Jean-Alain Fontlupt
Voilà un essai historique qui a la singularité de retracer la (dé)construction de notre ville sous un angle tout à fait inédit, celui du vandalisme patrimonial.
Les deux auteurs, Patrice Béghain et Michel Kneubühler, interrogent avec une érudition clairement accessible l’origine du concept même de conscience du patrimoine qu’ils accompagnent à travers les siècles jusqu’au corpus législatif de protection en vigueur aujourd’hui… Un parcours historique passionnant pour appréhender au plus près la genèse de la préoccupation patrimoniale qui trouve à Lyon ses racines au XVIe siècle dans la redécouverte de la ville antique et perdure jusque dans la protection des bâtiments industriels contemporains. La déconstruction s’inscrit souvent dans le tumulte historique de notre cité, des conflits religieux aux périodes révolutionnaires mais aussi dans les grands travaux d’aménagement comme ceux décidés au XIXe par le préfet Vaïsse (le Haussmann lyonnais)… Qu’il soit religieux, idéologique, spéculateur, urbanistique, le vandalisme patrimonial nous aura privés de monuments et d’environnements d’exception (collégiale Saint-Just, hôpital de la Charité, le vieux pont de la Guillotière etc.) mais aura également permis d’imaginer un indispensable dispositif de préservation. La remarquable diversité iconographique et la très belle mise en page de cette somme impressionnante de témoignages et d’analyses, peut aussi se feuilleter comme un véritable livre d’art.
« La Perte et la Mémoire – Vandalisme, sentiment et conscience du patrimoine à Lyon »
Patrice Béghain et Michel Kneubülher
FAGE éditions – 320 pages – 38 euros
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