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De notre envoyé spécial Benjamin Solly
Pour sa 2e journée au Japon, la mission Asie – presque au complet – emmenée par le président du Grand Lyon a continué son tour des gares japonaises avant une réception à l’Ambassade de France à Tokyo. Pas de Ferrero pour Gégé, mais une surprenante rencontre !
9 h à la réception de l’hôtel Grand Prince Takanawa. La seconde moitié de la délégation, qui a atterri au petit matin, est au lobby. A voir la mine rafraichie de vice-président du Grand Lyon David Kimelfeld, on imagine que le maire du 4e arrondissement a partagé son siège avec Morphée. Ça tombe bien, il y a peu de temps à consacrer au repos. La journée commence dare-dare avec un brief sur l’économie japonaise, servi avec le brunch par une brochette d’intervenants emmenée par le président de la chambre de commerce et d’industrie française pour le Japon, Nicolas Bonardel.
Pendant la présentation, François Turcas fanfaronne. C’est son premier déplacement à Tokyo « Il n’y a pas un Japonais qui me connaisse », plastronne-t-il. « Je parie que dans les 24h, ce sera différent », lui rétorque Kimelfeld. « On verra, ça dépend du saké », philosophe le président de la CGPME. A ses côtés, le président de la CCI de Lyon Philippe Grillot fait figure de bon élève. Gérard Collomb, lui, joue déjà les VRP du Grand Lyon depuis potron-minet. Après une interview pour la NHK, le président de la communauté urbaine joue les VRP de luxe auprès dès des sociétés Toray, Toshiba et Mayekawa, qui cherchent des points d’implantation en Europe. Et quand les chefs d’entreprises vont travailler au corps le marché nippon, les membres du Grand Lyon continuent le tour des gares, rejoints par l’édile lyonnais en cours d’après midi.
Objectif ? Penser la future Part-Dieu dans sa dynamique urbaine. « Plus qu’un lieu de passage, la gare doit devenir un lieu de vie », ambitionne Collomb. Et la délégation du Grand Lyon de se greffer à celle de six parlementaires emmenée par la directrice générale de « Gares et Connexions », Rachel Picard, pour visiter les plateformes de Shinzuku, Ueno et Shinagawa. Cette « 5e branche de la SNCF » a pour tâche de rénover et développer les 3 000 gares ferroviaires du réseau ferré français. « Nous avons deux projets pilotes pour développer ces gares du futur, Paris Austerlitz et la Part-Dieu. Et sur le sujet, le Japon a vingt ans d’avance sur nous », explique Fabrice Morenon, le directeur des Affaires publiques de la SNCF.
Car les gares tokyoïtes, en plus de valoriser leur foncier par les innombrables commerces des exploitants privés du rail comme JR East, proposent une variété impressionnante de services pour faire gagner du temps aux usagers. La plus fréquentée, Shinzuku, voit passer 3 millions de voyageurs par jour. A 120.000, la Part-Dieu sature. Véritables centres commerciaux labyrinthiques, les gares japonaises sont d’authentiques villes souterraines. « Le but n’est pas de faire un copié-collé, mais de s’inspirer de certaines bonnes idées », glisse Collomb. Notamment la validation des titres de transport par smartphone pour les abonnés du réseau. « Cela pourrait rentrer dans le modèle de ville intelligente que nous voulons développer. »
Nathalie Berthollier, directrice du projet urbain pour la mission Part-Dieu, est séduite par certains aspects. « Bien entendu, doter l’espace avec énormément de commerces nous intéresse moins car nous avons déjà en face de la gare le centre commercial de la Part-Dieu. » Elle imagine plus l’adjonction de services de proximité, du pressing à l’analyse médicale. « Je suis également très sensible à la continuité urbaine des gares à Tokyo, elle se fondent dans l’univers de la ville, au même niveau, les circulations à l’intérieur sont fluides et naturelles. » Le cahier des charges est fixé pour l’architecte François Decoster. Le phasage de la rénovation de la Part-Dieu comporte deux grandes séquences. Le première avec la création d’un sillon supplémentaire et l’extériorisation des commerces pour faire respirer la plateforme sur-engorgée. Puis une seconde phase, à l’horizon d’une quinzaine d’année, qui fait écho aux préconisations du rapport Duron qui prévoit l’enfouissement des voies de St-Clair à la Guillotière. La gare de la Part-Dieu devrait alors être enterrée. Il s’agira dès lors pour les partenaires (Région, collectivités locales, SNCF et RFF) de trouver un montage financier satisfaisant pour un projet qui se chiffrera vraisemblablement à plusieurs milliards d’euros.
Les deux délégations ont continué conjointement la soirée à l’ambassade de France au Japon, à l’invitation de son Excellence Christian Masset. L’occasion d’une rencontre inattendue entre Gérard Collomb et Jean-Vincent Placé, en déplacement avec la mission chapeautée par « Gares et Connexions. » Les deux hommes se connaissent bien et la poignée de main est amicale. Mais la proximité des municipales et les relationnel délétère de Gérard Collomb avec les Verts fait sourire à la vue de l’improbable duo. D’autant que David Cormand, responsable des élections pour Europe-Ecologie les Verts, est à quelques mètres seulement.
Le bînome écolo est d’ailleurs vissé à David Kimelfeld, 1er fédéral du PS du Rhône. Négocie-t-on déjà les conditions d’un ralliement de 2nd tour sur les listes de Collomb, sept mois jour pour jour avant le 1er tour des municipales ? « Avant d’être le 1er fédéral du Rhône, David est un ami. Il est très attentif à l’alliance PS/Verts », confie le sénateur de l’Essonne. Quel sera le coût du ralliement des Verts à Collomb ? « Nous ne sommes pas dans la négociation ou dans la menace. Il faudra seulement que le maire ouvre ses listes au prorata de notre pourcentage de premier tour. Nous ferons de même si nous sortons en tête. L’objectif n’est pas de faire obstacle à la gauche, mais de battre la droite », continue Placé.
David Cormand sort lui les chiffres. « Nous pouvons faire 15% au premier tour à Lyon », avance-t-il. Avec Etienne Tête et Emelyne Baume en têtes de listes, Placé et Cormant misent également sur le ralliement du GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert au 1er tour. « Nous avons vocation a travailler avec elle », confirment-ils de concert. Sur la sellette au PS après l’annonce de sa candidature de 1er tour aux municipales, Perrin-Gilbert finira-t-elle par rejoindre Europe Écologie les Verts ? « Nous n’avons pas la culture de l’encartement (sic) », botte en touche Cormand. A 10 000 kms de la mairie du 1er arrondissement, Nathalie Perrin-Gilbert fait les gorges chaudes de cet aréopage de circonstance.
La délégation est attendue mercredi 17 juillet à Yokohama, situé à une trentaine de kilomètres de Tokyo et jumelée depuis 1959 avec Lyon. Avant un départ dans l’après-midi pour Nagoya, avant dernière étape de la tournée japonaise du Grand Lyon qui prendra fin jeudi 18 juillet à Osaka. La délégation s’envolera ensuite vers Séoul, où Jean-Michel Aulas doit rejoindre le cortège. Du « naming » pour le futur Stade des Lumières par le nouveau sponsor majeur de l’OL, Huyndaï, en perspective ? « Olympique Lyonnais Hyundai Stadium, ça sonnerait bien », s’amuse Collomb, plutôt rigolard que franchement sérieux. Mais allez savoir…
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