Match après match, la côte de Gourcuff chute de façon vertigineuse – Photo © Fabrice Schiff

Par François-Jean Tixier

Accroché à domicile par Rennes (1-1) samedi, Lyon a encore perdu du terrain dans la course au titre et accuse logiquement le coup, même s’il lui reste 10 matches pour combler six points de retard sur le leader Lille et surtout se qualifier pour la prochaine Ligue des Champions.

"Incompréhensible, inexplicable": les joueurs lyonnais enrageaient après la rencontre et l’égalisation in extremis des Rennais. Mais il leur faudra surmonter la double frustration de la semaine, entre leur défaite à Madrid contre le Real (3-0) mercredi et cette contre-performance face aux Rennais, pour terminer en trombe le championnat et retrouver l’ivresse des grandes soirées européennes la saison prochaine. Après quinze jours de trêve internationale, il faudra ainsi absolument gagner à Nice le 2 avril puis contre Lens à Gerland huit jours plus tard. Car si le titre n’est pas mathématiquement perdu, l’enjeu est surtout une nouvelle qualification en C1, vitale financièrement pour le maintien du club au "top-niveau". Symbole de la frustration du camp lyonnais, aucun joueur ne s’est exprimé en zone médias, Aly Cissokho ayant même eu une petite altercation avec un journaliste de France Télévisions à ce sujet. "C’est préjudiciable car chaque point compte, surtout quand on a la maîtrise et la possibilité de prendre trois points. A domicile, contre un concurrent direct, nous pouvions passer à la deuxième place, une opportunité que nous n’avons pas su saisir. La déception est forte", reconnaît Claude Puel. "Il est possible que le titre se soit envolé, surtout au travers de la victoire de Lille à Brest. Il fallait garder un contact avec les Lillois. A quatre points sur dix matches, c’est plus facile qu’à six. C’est 50% de plus. C’est beaucoup", admet Jean-Michel Aulas.

Cris et Gourcuff posent question

"Quand on mène à domicile à onze contre dix (dès la 65e minute, ndlr), on ne doit pas perdre. C’est à pleurer de rage", souligne encore l’homme fort de l’OL, qui assimile donc ce nul à une défaite. Pour aborder la dernière ligne droite du championnat, l’état-major du club devra déterminer les forces sur lesquelles il peut vraiment compter et établir la meilleure manière d’opérer pour se classer parmi les trois premiers. Si le duo Lisandro-Gomis, qui pèse 51% des buts marqués par Lyon cette saison, est incontournable, Cris, 34 ans et en difficulté à Madrid, était remplaçant pour ce match contre Rennes. Yoann Gourcuff, une nouvelle fois très anonyme, est quant à lui sorti, comme Jimmy Briand, sous les sifflets. Les deux joueurs avaient déjà été très décevants face au Real et avaient pourtant été confirmés. JMA est d’ailleurs monté au créneau pour défendre Gourcuff. "Il livre des matches en fonction de son niveau actuel, moins bons que le niveau qu’il a pu avoir. Je ne l’ai pas trouvé plus en difficulté que d’autres. Ce n’était pas un match exceptionnel, Yoann n’a pas été non plus exceptionnel", a-t-il plaidé, sans convaincre. Le problème est qu’il a été recruté comme un joueur d’exception pour un montant (26 millions d’euros) et une rémunération correspondants, c’est à dire très au dessus de la moyenne. Son rôle sur le terrain est de tirer l’équipe vers le haut et non pas d’être au niveau de ses coéquipiers. Or, il n’affiche pas l’attitude d’un leader et Lyon, comme il l’a encore prouvé face à Rennes, n’a plus la taille patron.