Par Raphaël Perry
Lyon, malmené par une équipe de Bordeaux qui a repris goût à la victoire (1-0) sans parvenir à remonter son handicap de deux buts, s'est qualifié pour les demi-finales de la Ligue des Champions au terme d'un match retour beaucoup plus tactique qu'à aller.
Sur l'expérience, il n'y avait pas photo et c'est finalement une certaine justice de voir le club de Jean-Michel Aulas atteindre enfin le dernier carré après dix ans de présence dans l'épreuve reine du football européen. Et pour cette première, ils retrouveront les Allemands du Bayern Munich, battus deux fois en poule cette saison par les Girondins, qu'ils connaissent par cœur pour les avoir croisés en 2001, 2003 et 2008. Bordeaux, lui, sort grandi de sa campagne mais aussi rassuré par sa production après dix jours franchement inquiétants. A quoi ça tient une qualification ? A pas grand chose, deux barres transversales, un penalty plutôt sévère concédé à Gerland et des parades de classe mondiale d'un Hugo Lloris, qui compte aujourd'hui parmi les plus grands à son poste et que la France peut se féliciter de posséder à deux mois du Mondial sud-africain. Il était dit que ce premier quart franco-français de l'histoire se jouerait sur des détails. Et quand le capitaine bordelais Alou Diarra alluma cette reprise de volée venue d'ailleurs des 30 mètres sur la transversale de Lloris juste avant la pause, on pensait bien que ce ne serait pas le soir des miracles après celle trouvée par Wendel, déjà, à l'aller à Gerland.
Claquette majuscule de Lloris
On jouait la 44e minute et on sentait que les hommes de Laurent Blanc, qui avaient abordé ce retour fratricide en mode attentiste pour retrouver de la sérénité défensive, n'arriveraient pas à percer le bloc lyonnais, bien articulé autour d'un Cris de nouveau impérial dans les airs. Car jusque-là, et à l'instar des Lyonnais, ils s'étaient surtout signalés sur coups de pied arrêtés, leur spécialité cette saison en C1, avec un Gourcuff un brin malheureux sur sa déviation de la tête sur une offrande de Wendel (18). Gomis, la remplaçant de Lisandro à la pointe de l'attaque des Gones, n'avait pas eu plus de réussite au préalable sur deux têtes (13, 36) qui auraient pu enterrer définitivement les rêves d'exploit girondin. Seulement, pour encore quelques semaines, Bordeaux possède dans sa manche Marouane Chamakh, combattant altruiste à ses débuts, devenu référence continentale et buteur cette saison. A l'aller, il avait flambé, puis fait flamber Lloris. Mercredi, il a remis ça, à la conclusion d'une combinaison Jussiê-Trémoulinas, d'un centre de ce dernier vers Plasil pour le plat du pied de l'espoir juste avant la pause (1-0, 45). De favori légitime au coup d'envoi, l'OL passait au rang de victime potentielle à la reprise, même si Gomis (46) puis Bastos (49) faillirent rapidement rétablir la hiérarchie initiale. Pour mener à bien leur doux rêve, les Bordelais prirent le parti de la construction, alors que le temps jouait pour leurs adversaires, attendant le money-time pour frapper. Sané, de la tête sur un corner de Gourcuff (80), manqua de combler Chaban-Delmas. Puis Wendel, de la tête également sur un centre de Chalmé (88), s'éleva pour un 2-0 presque implacable que Lloris sortit d'une claquette majuscule pour préserver la qualification des siens.
C’est sûr que ça en bouche un coin à tous les journalistes spécialisés qui daubaient sur l’IOL depuis le début de l’année ! Et qui s’applatissent aujourd’hui comme des carpettes.
Tout celà reste bien fragile, proche d’un bon coup de poker, ce n’est rassurant pour l’aventure d’un nouveau stade.