Par François-Jean Tixier
Lyon et son entraîneur Claude Puel ont rendez-vous mercredi devant la commission juridique de la Ligue de football professionnel (LFP) saisie par le club rhodanien pour une audience de conciliation, début d’une procédure de divorce qui semble inéluctable.
Cette audience de conciliation, confirmée par des sources proches des parties, pourrait déboucher sur une rupture anticipée de contrat à durée déterminée. Le montant des indemnités à verser pour l’OL pourrait alors se situer aux alentours de 4 millions d’euros. L’actuel directeur du centre de formation, Rémi Garde, ancien joueur et capitaine de l’Olympique Lyonnais, est fortement pressenti pour succéder à Puel. En juin 2008, Puel, alors à la tête de l’équipe de Lille, avait signé pour quatre saisons, avec un salaire mensuel estimé à 250.000 euros et des pouvoirs de manager étendus (situation inédite pour un entraîneur à l’OL), succédant à Alain Perrin, remercié à un an du terme de son contrat. Trois ans après, la séparation entre l’OL et Claude Puel, 49 ans, est devenue inéluctable autant que l’exaspération du public de Gerland est à son paroxysme.
Une partie des supporteurs lui reproche l’absence de trophée depuis 2008 après sept titres de champion de France consécutifs, une Coupe de la Ligue 2001) et une Coupe de France (doublé en 2008). La grande majorité des spectateurs déplore quant à elle la faiblesse du jeu pratiqué par l’équipe. Les derniers mois de la collaboration entre les deux parties ont été difficiles même si Lyon s’est classé 3e de la Ligue 1, arrachant sa qualification pour le tour de barrage de la Ligue des Champions. Le titre de champion était l’objectif affiché mais le début de saison a été catastrophique, Lyon se retrouvant notamment 18e au soir de la 7e journée, le 25 septembre, marquée par la défaite à domicile contre Saint-Etienne (1-0) dans le 100e derby entre les deux clubs. Dans les semaines suivantes, le sort de Puel a été très incertain et son remplacement par le Brésilien Leonardo, qui n’avait pas encore rejoint l’Inter Milan après avoir été remercié par l’AC Milan, avait même été fortement évoqué à l’époque. Au fil des semaines, malgré le redressement sportif de l’OL, qualifié en outre pour la 8e fois consécutive pour les 8es de finale de la Ligue des champions, l’ambiance s’est détériorée autour du technicien, cible privilégiée du principal groupe de supporteurs du club, les "Bad Gones", qui ont mené plusieurs actions spectaculaires. Fin septembre, une cinquantaine de banderoles portant l’inscription "Puel démission" avaient été déployées sur plusieurs points stratégiques de l’agglomération lyonnaise.
Lors du dernier match à domicile contre Caen (0-0) le 21 mai, de nombreux calicots à l’encontre de Puel ont été brandis dans les tribunes dans une ambiance délétère. Un climat de défiance rejaillissant sur le président lyonnais Jean-Michel Aulas, longtemps son seul défenseur, sans qu’il ne soit jamais nommé. Les critiques à l’encontre de Puel ne datent pas de cette saison. Dès les premières semaines de son mandat, des inquiétudes étaient nées au sujet du jeu proposé, à l’opposé de celui développé au cours des années précédentes, notamment à l’époque de Gérard Houllier où l’OL maîtrisait complètement ses matches. Sans oublier que le recrutement n’a pas été à la hauteur des sommes investies par le club (environ 160 millions d’euros depuis 2008). Ainsi, aucun joueur arrivé de l’extérieur à l’OL durant cette période n’a été valorisé (Benzema a été formé au club) et il n’y a eu à ce titre aucune plus-value sur les derniers transferts: une situation qui fragilise financièrement Lyon, qui avait bâti sa réussite économique sur les cessions de joueurs.
0 commentaires