Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

Après une semaine complète d’alerte à la pollution aux particules fines sur le bassin lyonnais, le Sytral propose la gratuité des TCL pendant tout le week-end. Une réaction tardive qui a déclenché la foudre des candidats aux municipales de Lyon.

Soleil, températures élevées, absence de vent. Le cocktail qui pousse les lyonnais à prendre d’assaut les terrasses est un poison pour la qualité de l’air. Depuis le 7 mars, le bassin de Lyon et nord-Isère vit un épisode de pollution durable. Et selon les communications préfectorales en date du 13 mars, « cette pollution aux particules fines devrait se poursuivre dans les jours à venir en raison d’une météo défavorable à la dispersion des polluants. »  Conséquence ? Lyon vit sous cocotte toxique depuis une semaine. Depuis le mercredi 12 mars et le passage au niveau 1 de l’alerte pollution, la vitesse maximale autorisée de 20km/heure a été abaissée sur tous les axes du département où elle est habituellement supérieure à 70 km /h. Un protocole habituel mis en place par la préfecture.

Au niveau local, la réaction n’est intervenue que jeudi. Le Grand Lyon a annoncé la gratuité des Velo’v pendant une heure. Une mesure destinée à inciter les Lyonnais à privilégier les modes doux à la voiture. « Cette décision “gadget” va à l’encontre des politiques de santé publique, alors que la communauté médicale conseille aux habitants, et notamment les plus faibles, de limiter tout effort physique », répondait par voie de communiqué Christophe Geourjon (UDI). La tête de liste UMP-UDI sur le 7e arrondissement de Lyon enjoignait même les responsables du Sytral à s’inspirer « des projets de Michel Havard » en proposant la « gratuité totale des transports en communs, pour les nouveaux usagers, les jours d’alerte à la pollution aux particules fines afin de les inciter à prendre les TCL plutôt que leur voiture. »

Une décision prise par le Sytral vendredi en fin de matinée, dont le coût est évalué à un million d’euros. A l’occasion d’une conférence de presse montée en urgence, l’autorité de tutelle des TCL a annoncé la gratuité des transports en commun (tramway-métro-bus) pendant tout le week-end à Lyon, dès 5h du matin samedi et jusqu’à la fin de service sur le réseau dimanche soir. Les lignes de bus seront renforcées (+15%), idem pour les tramways et métros (+20%). Les 7 000 places de stationnement ventilées sur les 24 parc-relais seront également en libre accès et une centaine d’agents TCL supplémentaires seront mobilisés pour gérer les flux de voyageurs et les informer.  Côté Grand Lyon, la gratuité d’une heure sur les Velo’v est maintenue. Les abonnés du service Bluely et ceux qui bénéficient d’une offre d’abonnement « découverte » profiteront également d’une heure gratuite samedi et dimanche gratuit pour les personnes non abonnées.

Une batterie de mesure exceptionnelle mais tardive. Un protocole voisin a été mis en place dès mercredi à Paris, qui connaît un épisode climatique similaire à celui de Lyon. Subséquemment, les boites mail de la presse locale débordent de communiqués depuis l’annonce du Sytral. Christophe Geourjon passe sa rebelote en s’interrogeant sur « une opération purement électoraliste » alors que « depuis 6 ans, notre équipe demande qu’une telle mesure soit prise systématiquement en cas de pollution aux particules fines. » Le centriste Eric Lafond dénonce « une réponse symbolique mais inefficace. » « Il est essentiel de mettre en place une politique de mobilité avec des alternatives efficaces à la voiture. Augmentation du nombre de wagon dans les rames de métro, installation d’un Aérotram avant 2017, installation d’un parc de vélos électriques, de scooters électriques, optimisation des tarifs du Sytral, développement du fret électrique et remplacement des véhicules de fonction/service de la Ville et du Grand Lyon par des véhicules électriques, création de parcs relais ou optimisation des parcs existants », rappelle-t-il opportunément.

Le GRAM de Nathalie Perrin-Gilbert a également saisi la balle au bond en sortant aussi ses propositions : « Rendre gratuit sans délai à partir du premier jour et jusqu’à la fin de l’alerte pollution l’usage des transports en commun, des Vélov’ et Autolib (…) Réduire la vitesse de circulation sur l’ensemble de la ville à 30km et sur les axes autoroutiers à 50km (…) Mettre en place la circulation alternée. » La maire du 1e arrondissement préconise également « l’élargissement du parc de vélos et d’automobiles électriques et la piétonisation de l’hyper centre-ville et mise en place d’un péage écologique. » Cet épisode climatique tombe à point nommé pour les adversaires de Gérard Collomb aux municipales lyonnaises. Lyon redevenu le temps d’un pic de pollution Myrelingues-la-Brumeuse, cette météo aura toutefois permis de tordre le coup à un cliché tenace : le sénateur-maire ne fait pas la pluie et le beau temps à Lyon.