Philippe Escaich. Masterchef au cœur de Lyon

20 septembre, 2013 | DERNIERE MINUTE | 0 commentaires

Photo © Fabrice Schiff

Par Benjamin Solly

Philippe Escaich, 41 ans, sera le candidat lyonnais de la 4e édition de l’émission Masterchef, diffusée vendredi 20 septembre sur TF1. Du talent à revendre et un coeur gros comme ça, ce Toulousain d’origine devrait faire parler de lui dans le « lyonderneau ». Portrait.

Bouclettes grisonnantes, sourire franc et communicatif, yeux rieurs, Philippe a l’hospitalité chevillée au corps. « Vous m’auriez vu adolescent, avec mon Borsalino et ma mèche », s’amuse-t-il. Dans son écrin lyonnais, l’apprenti Masterchef a reçu l’équipe de Lyon People. Une charmante petite maison de ville, située dans le 8e arrondissement, un quartier encore préservé des bétonneurs. Dans son jardin, l’olivier bicentenaire remporté aux enchères voisine avec un potager où s’épanouissent plantes aromatiques et légumes de saison. « Mon truc, c’est LE produit », confie-t-il. Et Philippe d’ajouter l’acte à la parole en nous proposant une excellente saucisse de Toulouse pour un déjeuner simple et amical. A l’image du bonhomme.

C’est dans la ville rose que tout a commencé. Bien au chaud dans le cocon familial, le petit dernier est chouchouté. « Des vêtements à la raie au milieu, jusqu’à l’achat de mon premier appartement, le rôle de ma mère a longtemps été très prégnant », se souvient-il. Hospitalisé pour une malformation d’un rein à l’âge de 4 ans, Philippe a été couvé et protégé. C’est à l’adolescence qu’il commence à s’émanciper. « C’est la période où j’essaie avec les filles. Mais ça ne marche pas. Les filles m’adorent, mais comme copain. » La mèche rebelle et la Motobécane 51V n’y font rien. Les transports amoureux commencent à l’instant où Philippe décroche son permis de conduire.

Et la cuisine dans tout ça ? Elle est encore bien éloignée des préoccupations de l’adolescent qui obtient son Bac S pour décrocher, après quelques tâtonnements universitaires, un BTS Force de Vente. « A l’époque, les banques toulousaines développaient une formation spécialisée dans les produits bancaires. Je suis sorti major de promo. » Il débute sa carrière au Crédit Mutuel avant de passer à La Banque Postale, puis de filer dans le secteur mutualiste. « En 2007, nous étions installés avec ma femme à Albi, elle travaillait à Rodez et moi à Toulouse. Un poste se libérait pour moi à Lyon, elle m’a dit banco. »

Bénédicte, son épouse depuis 2005, a retrouvé par hasard Philippe à Toulouse. « Nous étions tous les deux lycéens à Saint-Joseph et je recroise Philippe en 2003 dans les rayons d’un magasin de bricolage. » Ils ne se quitteront plus. « Chez Casto’, y a tout ce qui faut, même un mari », s’esclaffe-t-elle. Arrivé à Lyon, le couple s’installe au 96, boulevard des Belges. « On apprend à découvrir Lyon en marchant », rapporte Philippe, qui prend vite ses quartiers aux Halles et au marché Saint-Antoine. Ressent-il alors la prétendue froideur des Lyonnais ? « C’est un cliché. Quand tu arrives dans une ville, c’est à toi de faire ta place, pas l’inverse. Lyon et les Lyonnais ne m’ont pas attendu. J’ai un avantage, c’est qu’avec mon petit accent toulousain, je provoque toujours un léger sourire chez mes interlocuteurs. »

ESCAICH
Persuadé que le Sud-Ouest est l’alpha et l’oméga de la cuisine, Philippe découvre alors la gastronomie lyonnaise. « Je prends une grande claque ! » Si le couscous de maman fait toujours référence, la découverte des bouchons, en particulier le tablier de sapeur, est une révélation. « J’ai presque mon rond de serviette Chez Hugon. Je me souviens d’un mâchon que j’ai organisé sur place, entre foie gras et saucisses. A midi, c’est moi qui faisais le service. » Cette inclinaison à se tourner naturellement vers les autres fait sa marque de fabrique. « Dans l’émission, je suis le seul dans le groupe qui ne s’est jamais fâché avec qui que ce soit. »

Lorsqu’il candidate, Philippe passe haut la main les sélections lyonnaises avec une tarte au citron revisitée, agrémentée d’un coulis de poivron présenté dans un tube à essai. Avant de bluffer son monde à Paris avec une création autour des Saint-Jacques. Cette recherche perpétuelle de l’ingrédient qui fera la différence lui vaut à la maison le joli surnom de M. Bahlsen. « Philippe, c’est M. Plus, il veut toujours en rajouter. Parfois, j’aimerais qu’il me fasse simplement un riz au beurre », explique Bénédicte. La joke autour du riz au beurre fera florès, à telle enseigne que le groupe de soutien à Philippe sur Facebook durant le tournage de l’émission, en mai dernier, a été ainsi baptisé. Les initiés « riz-au-beurriens » devraient se reconnaître !

Passion commune entre Philippe et Bénédicte, la cuisine a également marqué l’aventure de leur vie. Celle de l’adoption. Après un parcours d’adoptants compliqué en Polynésie, ils s’apprêtent à jeter l’éponge. « Alors que nous allions reprendre l’avion pour Lyon, notre couple d’amis nous propose un barbecue. » Les anges-gardiens, rencontrés en plongée, se prénomment en Virginie et Jean-Marie. Autour du grill, ils présentent aux Escaich une maman qui veut confier sa fille, à naître à l’automne. « Je savais que c’était elle », rapporte Bénédicte. Les liens entre les parents biologiques et la famille Fa’a’amu (nourricière en polynésien) se tissent solidement. Fleur vient au monde le 12 septembre 2012. Elle fait aujourd’hui le bonheur de Philippe et Bénédicte. « Elle est toute notre vie », confirment-ils de concert.

Il reste toutefois une étoile à atteindre pour Philippe. « J’aimerais partir à la rencontre des Mathieu Viannay, Fred Berthod, Christophe Marguin, Joseph Viola, Laurent Bouvier et tous les grands noms de la cuisine lyonnaise. » Mais le Graal s’appelle évidemment Paul Bocuse. « J’étais un jour en déplacement à Collonges et, comme un gosse de 10 ans, je me suis arrêté sur la parking de l’Auberge, pour m’imprégner du lieu. J’avais l’impression d’être face à la plus belle des cathédrales. »

Besogneux et à l’écoute, Philippe rêve de rencontrer M. Paul. Avant de basculer professionnellement dans les casseroles ? Philippe pourrait bien créer très rapidement sa structure de services, proposant une offre de traiteur événementielle, des prestations d’incentives pour les entreprises et de chef à domicile pour les particuliers.

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