Par Marc de Jouvencel
L’inauguration de la façade restaurée de la primatiale Saint-Jean-Baptiste a réuni les amoureux du patrimoine autour du cardinal Philippe Barbarin, des représentants de l’Etat et des collectivités locales. Un évènement « symbolique » à plusieurs titres.
Monument emblématique de la capitale des Gaules depuis 1170, débarrassée de ses disgracieux échafaudages, Saint-Jean est à nouveau en pleine lumière. Trois décennies de travaux conduits par Jean-Gabriel Mortamet auquel a succédé Didier Repellin, auront été nécessaires pour redonner tout son lustre à l’enveloppe extérieure. « On a l’impression de redécouvrir une cathédrale qu’on croyait connaître. » Tel est le sentiment général exprimé avec passion par l’architecte en chef des monuments historiques, chargé d’édifier les personnalités présentes. « C’est très émouvant ! » assure-t-il humblement avant de rendre hommage aux ouvriers qui, depuis, 30 ans se sont relayés sur ce chantier hors norme. « Ils se sont donnés. C’est la reconnaissance du beau et du bien fait » et, ce que ne dit pas l’architecte, un savoureux pied de nez à l’Histoire. Quand en 1905, les anticléricaux au pouvoir décident de spolier l’Eglise catholique de tous ses biens, ils ne savent pas dans quel bénitier ils viennent de plonger. Propriétaire de tous les édifices religieux construits avant cette date, l’Etat français est depuis dans l’obligation de les entretenir et de les restaurer. Des travaux continuels et des dépenses pharaoniques que l’Eglise – incapable de lutter contre la déchristianisation de la société française et exsangue financièrement – serait aujourd’hui bien incapable d’assumer seule.
En la spoliant, les amis du petit père Combes, plus à l’aise dans le maniement de l’équerre et du compas que dans celui d’un boulier, ont rendu – à l’insu de leur plein gré – un immense service à leurs ennemis de la calotte. Nul besoin de dresser l’inventaire complet des dépenses engagées dans l’Hexagone depuis un siècle : pour la seule primatiale lyonnaise, l’Etat a ainsi consacré plus de 10 millions d’euros depuis 1980. Et ce n’est pas terminé, la restauration extérieure à peine achevée, c’est à la façade de la Manécanterie et à l’intérieur même de la cathédrale qu’il faut songer. Ce n’est pas du luxe : le dernier lessivage remonte à 1755. Les travaux, qui démarreront en janvier 2012 devraient durer une demi-douzaine d’années. Sous les regards enfiévré de Gérard Collomb et bienveillant de Michel Havard, le préfet Jean-François Carenco, au nom de l’Etat, et « le ministre Gérard Mercier (sic) », en qualité de président du Conseil général, ont donc solennellement signé un nouveau chèque de 13 millions d’euros, étalés sur cinq ans. Le cardinal Barbarin peut les remercier chaleureusement « du soin qu’ils portent à notre cathédrale qui est toujours entrain de sortir de terre. Elle est vivante, elle poursuit son chemin, elle avance. » Pour des siècles et des siècles. Amen.
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