Par Alain Vollerin
Il faut que ça marche. Il faut du monde, dans les conférences de presse à la mairie. Donc, on accrédite n’importe qui, avec des conséquences épouvantables. J’avais honte des journalistes lyonnais pendant la présentation de l’exposition de Robert Combas, dans un salon doré de l’Hôtel-de-Ville.
Des questions idiotes. Insensibles, incultes journalistes locaux pas même capables de consulter le dossier de presse. Pourtant, ils avaient le temps, Robert Combas ayant saisi le micro, il s’engagea dans une logorrhée interminable, dont il a le secret. Si, vous avez un jour un problème pour assurer une soirée. Si, vous avez peur qu’il y ait des blancs, des vides. Faites appel à Robert Combas. Avec lui, on ne s’ennuie jamais. Il a toujours quelque chose à dire. Quand il tient un micro, il ne le lâche plus. Ils sont comme des frères jumeaux. La preuve, il a même décidé pour prolonger ce long tutoiement de remonter un groupe avec des potes, pas des musiciens d’accompagnement, mais des vrais amateurs prêts à toutes les aventures. Robert Combas, l’aventure, il aime ça. Tout doit être une prise de risque, une manière atavique de sortir du rang, de la multitude. La multitude, il en a fait une belle partie de son œuvre. Pas un pouce de vide, ni un index, ni rien. Tout le format est rempli, plein, comme son crâne toujours en ébullition. Au début, il y avait des vides comme dans les toiles de Jean-Michel Basquiat qu’il a beaucoup regardées. Il a su s’en éloigner pour devenir une des figures tutélaires de la Figuration Libre. Qui ne connaît pas l’œuvre de Robert Combas ? Personne, me direz-vous. Tout le monde connaît Combas qui entre parenthèses est né à Lyon. Combas, c’est un peu comme Ben, son ami, avec lequel il a plusieurs fois exposé. Vous ne me croirez pas, il y avait dans la salle une pseudo journaliste suffisamment « hardie » pour poser une question ridicule, et nous avouer ensuite quelle ne connaissait pas la peinture de Combas. Je rêve… De qui se moque-t-on ?
3000 m2 d’exposition, dont deux niveaux consacrés à un parcours chronologique et thématique, avec un projet exceptionnel qui entre bien dans les théories muséales de Thierry Raspail : transformer le musée en atelier d’artiste. 300 œuvres exposées. Un délire. Quand on pense, au temps qu’il faut pour bien en regarder, comprendre et ressentir une seule. A un moment, on a vu le Gégé arriver, les mains dans les poches, le nez en l’air, droit sur la tribune de presse, s’écriant : « Alors, Robert, ça va ?… ». Le Combas, il avait l’air tout troublé. Y s’attendait pas à tant de familiarité de la part du Gégé. Tout arrive. Gégé, dis-nous, si on te gêne… Appelle-le Bob pendant que tu y es…. Y avait aussi le David Tran du Progrès. Pas modeste le journaleux. Y voudrait jouer au critique. Y manque de souffle, de vraies connaissances. Plusieurs décennies qu’il survole le monde de l’art. Fallait lire son papier le lendemain. Un autre parla de Punk. « Pas du tout ! », répondit Combas. Et deux plombes de plus, pour expliquer que le Punk, c’était autre chose. La Culture, si c’était si simple, si facile, possible pour tout le monde. Si nous étions égaux, Hollande (Gouda 1er) serait président. Comme la vie serait belle. « Vous m’avez cru. Patate crue ! » disait ma mère. Hélas ! Il n’en est rien.
Robert Combas avec son ami Lucas Mancione plasticien, vidéaste et musicien, donneront avec le groupe les Sans Pattes, 4 concerts sur la durée de l’exposition, autour d’un par mois. Suivez les événements : projection du film réalisé par Olivier Kowalski, conférences de Cyrille Bonin, d’Hélène Trespeuch, de Philippe Dagen. Les amis de Robert Combas passeront dans son « atelier » pour des rencontres, des débats improvisés avec le public. En attendant le catalogue publié chez Somogy avec préfaces des commissaires Thierry Raspail et Richard Leydier : 500 reproductions, bilingue, 400p. 45€. L’adjoint à la culture Georges Képé avait des raisons d’être satisfait par le vote de la loi reconnaissant le génocide arménien. Quand, je pense que les verts ne l’on pas votée… En conclusion, la bonne nouvelle, c’est que Robert Combas va mieux. Pour conclure à sa façon : « On commence par le début, et on finit par la fin… »
Du 24 février au 15 juillet 2012 Robert Greatest Hits Mac de Lyon Cité Internationale 81, quai Charles de Gaulle – Lyon 6
Robert COMBAS, La fanfare du ragelade, 1985
Les gosses ont leur premier frisson non pas devant une photo porno mais quand la fanfare arrive et entonne des airs réveilleurs et revigorants dans leur tête. Ils voient des batailles sans sang, les secousses de la grosse caisse claire leur massacrent la tête et les cymbales dorées leur serpentent les oreilles. Dans leur lit, les petits enfants y pensent encore jusqu’à dix ans. Après on rêve aux fenouils pour les filles, et à la saucisse de morteau pour les garçons.
Acrylique sur toile – 167 x 216 cm
Collection Fondation Cartier pour l’art contemporain, Paris
© Adagp, Paris, 2012
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