Vernissage Philibert-Charrin à Vourles. Une exposition incontournable

3 mars, 2015 | DERNIERE MINUTE, LES EXPOS | 0 commentaires

Hélène Cottavoz, Jackie Fusaro, Christophe Guilloteau député, Michel Régnier adjoint à la Culture, Serges Fages, maire de Vourles, Elyane Clop adjoint à la vie scolaire, et Anne Philibert-Charrin – Photos © Mémoire des Arts

Par Alain Vollerin

Pourquoi, la population lyonnaise ignore-t-elle trop souvent son école de peinture, de sculpture ? Heureusement, Michel Régnier, adjoint à la Culture de la ville de Vourles, propose aux Lyonnais de renouer avec leur patrimoine artistique, ignoré par leurs édiles incultes.

Comment, ne pas déplorer l’absence de Georges Képénékian, premier adjoint du sénateur-maire de Lyon, Gérard Collomb, et, responsable des Affaires culturelles ? Que faisait-il, ce soir-là ? Devions-nous lancer un avis de recherche ? Oui, il n’y avait pas d’excuse possible, il n’y avait rien, au-dessus, de cet événement. Un des plus importants de la saison artistique régionale. D’ailleurs, Jean-Marc Requien, disciple de Paul Philibert-Charrin, qui habita Vourles, dans son enfance, était revenu du Maroc, spécialement. Signalons que Jean-Marc Requien qui fut élève de l’école des beaux-arts de Lyon, a prêté une des pièces maîtresses en matière de sculpture, intitulée «  Mon chien », et constitué d’un coude de tuyau de poêle, d’une selle de vélo, de roulettes de pieds de fauteuils, etc… Une œuvre, probablement inspirée, par les assemblages de Pablo Picasso traduits par les photos de Brassaï (lire, Entretien avec Picasso de Brassaï). Notons, que le collage de 1983, intitulé « La Rencontre » traduit bien, ce que fit pendant longtemps, Jean-Marc Requien. Revenons à Képé. Jamais, nous n’avons eu un adjoint à la Culture, aussi proche du néant. Voici, pourquoi, je persiste à le nommer Képé le néant.

Un bon nombre de Lyonnais, dans la foule venue célébrer cet artiste très humble qui fit partie des jeunes créateurs (dont certains revenaient des camps du STO), réunis sous la bannière du Sanzisme, à la Chapelle du Lycée Ampère, en 1948, avec ses amis : André Cottavoz, Jean Fusaro, Jacques Truphémus, Pierre Doye, Pierre Coquet, Françoise Juvin, Antoine Sanner, Paul Clair, Jean Mélinand, etc. Beaucoup étaient issus de l’école des beaux-arts de Lyon. Ils voulaient échapper aux « ismes » des symbolistes, des impressionnistes, des naturalistes, des fauvistes, des pointillistes, des surréalistes, alors, ils conçurent le Sanzisme. Qui a trouvé ce nom ? Certains pensent qu’il s’agit de Philibert-Charrin. Je veux bien le croire, tant son esprit était alerte. Jacques Truphémus, dit aujourd’hui, avec modestie : « Philibert était le plus intelligent d’entre nous. » Le Sanzisme, en fait, n’échappa pas à l’influence de ces puissants courants. Comme le démontre, la sélection opérée par Anne Philibert-Charrin, veuve exemplaire, et, Michel Régnier. Philibert-Charrin fit du pointillisme, de l’impressionnisme, et surtout, du surréalisme, avant de présenter, hors de toute influence, la vérité de son être profond.

Parmi, les 170 pièces de tous formats, de toutes techniques que vous verrez, il y a même un tableau, où, on croit reconnaître la manière du gentil fabuliste, Joannès Veimberg, ami, auquel, Philibert-Charrin consacra un portrait. Jean Fusaro, toujours débonnaire, nous donna la meilleure définition de l’art de Paul Philibert-Charrin : « Tout faire avec pas grand-chose… » Comme, pour le lion et l’autruche ou le Deuxième classe, merveilles de simplicité et d’émotions. Merveilleuse observation de Jean Fusaro, et tellement juste. Michel Régnier, auteur de l’admirable catalogue, réalisé par une entreprise locale, l’imprimerie de l’Alphabet (notons, que le maire de Vourles, Serge Fages, favorise les entreprises présentes, sur son sol. Bravo! pour cette prise de responsabilité) manifeste sa passion pour l’école lyonnaise. Sachez, que toutes les classes de la commune accèderont à cette très remarquable exposition, sous la responsabilité d’Elyane Clop, adjointe au maire. Une formidable initiation à l’histoire de l’aventure des arts plastiques à Lyon, incontestablement, une des plus prolifiques de France, quelquefois, avant Paris.

Michel Régnier produit, cette année encore, une analyse, très documentée, du long parcours de Philibert-Charrin (1920-2007). Ayant accédé aux archives, Michel Régnier nous révèle une foule d’informations, et d’images inédites, comme cette photographie d’André Cottavoz, Jean Fusaro et Philibert-Charrin, à Paris, devant la galerie Tamenaga. Christophe Guilloteau, député du Rhône, conseiller général, affichait un lyrisme de tribun fondateur de notre République. Reprenant malicieusement, le slogan : « Je suis Charlie » et, pour saluer l’intense activité culturelle de Michel Régnier, et de Serge Fages, il déclara : « Je suis Vourles. » Bel à propos ! Christophe Guilloteau est candidat avec Christiane Agarrat, vice-présidente de la Communauté de communes des Vallons du lyonnais, aux prochaines élections départementales. Nous lui souhaitons bonne chance. Les hommes politiques ne sont pas toujours admirables, même à Vourles. Ainsi, Marc-Yvan Teyssier qui ayant prononcé des propos inqualifiables, au sujet des femmes, et des homosexuels, déclencha avec raison, la colère des médias, et, fut obligé de démissionner du Conseil municipal.

philibert charrin vernissageEn quelques mots choisis, Anne Philibert-Charrin rappela l’esprit de celui, dont elle sert la mémoire avec détermination. Après avoir dit l’engagement de Paul Philibert-Charrin, elle évoqua un de ses constats. Naturellement timide, l’artiste est un comédien rêvant d’occuper le devant de la scène. Elle rappela, avec une véritable bonhommie, sa formule préférée : « On travaille, pour montrer ». En effet, Philibert-Charrin a beaucoup travaillé, et, tout au long de sa vie, décrivant comme Rembrandt, dans des autoportraits, le jeu du temps sur son visage. Vous verrez une part de sa production, en permanence, à Lyon, à la galerie Le Soleil sur la Place, mais jamais, vous ne retrouverez un tel ensemble de dessins, de collages, de peintures et de sculptures. Jean et Jackie Fusaro, Hélène Cottavoz (très attentive à l’avenir de l’œuvre d’André Cottavoz), Jacques Truphémus, Charles et Myriam Couty (ils s’activent, pour l’aménagement du futur musée Jean Couty, à Saint-Rambert-l’Isle Barbe), Laurent Cottavoz, Alain Basset fils de René Basset, photographe dans la ligne d’Antoine Demilly et de Théo Blanc, ami inoxydable de Philibert-Charrin, Dominique Fusaro, étaient présents aux côtés de la très charmante Anne, enveloppée dans un poncho péruvien. Ces retrouvailles emblématiques, et voulues par Michel Régnier, donnaient à ce vernissage une chaleureuse  allure de réunion familiale. Quand, je vous disais que la mairie de Vourles réalisait des miracles en  matière artistique.

On voyait aussi : le galeriste Alain Georges, le peintre Joël Réal, Caline Malnoury l’organiste souvent à l’ouvrage comme enseignante à Vourles ou derrière l’orgue du sanctuaire Saint-Bonaventure, Pierre Neyrard qui fut maire de la commune et soutien de ce projet, Sylvie et Bernard Copeaux, Jacques et Annie Gouttebarge, Eric Gouttard, Jean-Claude Gauthier, commissaire de l’hommage à Georges Rouault présenté à la Maison Ravier de Morestel à partir du 27 mars, Jean-Luc Da Passano, vice-président de la Métropole (ce qui n’excusait pas l’absence de Gérard Collomb), la fille du Dr Miguet, Alain Girin, Laurent Colin, Yves Combet, son épouse et sa fille, Gérard et Sophie Capazza, et, Patrick Marquès, qui l’an prochain sera le héros de la fête, etc… Pendant le buffet, organisé par La Toque Dauplinoise, on pouvait déguster une soupe de Champagne, préparée à partir d’une recette secrète, par les employés municipaux. Je vous engage, très vivement, à visiter cette exposition en famille ou avec vos amis. Achetez le catalogue de 96 p. (15€), il sera rapidement « collector ». Il n’y en a que 540 exemplaires.

Rétrospective Paul Philibert-Charrin. Maison Forte à Vourles-2, rue des Vallières, jusqu’au 15 mars 2015. Entrée gratuite.

 

<a href="https://www.lyonpeople.com/author/marco" target="_self">Marco Polisson</a>

Marco Polisson

Rédacteur en chef
Co-fondateur du magazine.
En charge de la rédaction et responsable des partenariats.
Délégué à la protection des données RGPD

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