Par Morgan Couturier
Victimes de problèmes de santé, Annie et Gérard Umhauer, propriétaires de du Vieux Moulin à Alix, ont mis fin à leur activité. Faute de repreneurs fiables, ce restaurant réputé du Beaujolais reste désespérément vide.
Le chemin de croix mène inexorablement à la même conclusion depuis le 31 mars 2013. Près de quatre ans qu’Annie et Gérard Umhauer tentent de transmettre cet établissement dont ils ont assuré les beaux jours 42 ans durant. Après avoir connu les joies du succès et attiré près de 15 000 clients chaque année, le couple vit désormais au gré des désillusions. Gagné par la lassitude, Gérard Umhauer a pourtant touché du doigt la promesse d’une vie nouvelle. « On a mis en vente Le Vieux Moulin le 31 mars 2013, raconte sa femme Annie. À l’époque, l’agence Michel Simond annonce l’arrivée d’un repreneur. Il est emballé. Nous signons un compromis de vente le 18 avril. Il devait avoir de l’argent, si bien que la reprise de l’affaire était fixée au 1er juillet. Seulement, les banques n’ont pas suivi. La vente a été annulée ». Un épilogue regrettable pour les propriétaires, lesquels avaient fait place nette pour leur successeur en licenciant la quasi-totalité de leur personnel. Ce premier accroc n’est pourtant que le début d’une réaction en chaine. Mis devant le fait accompli, les Rhônalpins sont forcés de renouveler leur équipe. Le projet attendra. Annie tombe gravement malade. Le restaurant est mis de côté.
Un bien estimé entre 800 000 et 850 000€
Pour se ressourcer, les deux restaurateurs s’offrent un tour du monde, loin des tracas d’un restaurant apprécié des amoureux de la cuisine française mais mué en fardeau pour ses hôtes. Quand sonne l’heure du retour aux affaires, prévu au 1er mai 2016, une nouvelle péripétie vient plomber le sort du Vieux Moulin. Victime d’un accident domestique, Gérard Umhauer perd l’usage de sa main droite. « Impossible de redémarrer », regrette Annie. Retour à la case départ, avec cette volonté inaltérable de céder ce bien construit sous Philippe Auguste et embelli de son célèbre ruisseau. Les estimations de ventes grimpent aujourd’hui entre 800 000 et 850 000€ (Le restaurant est estimé en maison d’habitation, ndlr). Sans succès. « Nous avons décidé d’arrêter de travailler, poursuit Annie Umhauer. Mais c’est une affaire avec un gros potentiel (entre 120 000 et 160 000€ de bénéfices à l’année jusqu’en 2013). Les clients sont dans l’attente. Ça correspond à ce que les étrangers veulent trouver chez nous. À notre arrivée, c’était un bar de campagne et nous en avons fait un lieu reconnu ». Au moment de débuter l’année 2017, les friands de bonne cuisine n’ont donc qu’une inscription « cessation d’activité au 31 décembre 2016 » à se mettre sous la dent. Les repreneurs, eux, ne se bousculent pas au portillon. « Les agences ne savent pas nous vendre. On ne nous a présenté quasiment personne. Elles ne savent pas vanter les mérites que peut procurer l’établissement », conclut la propriétaire, bien attristée de voir le sort réservé à ce lieu culte du Beaujolais.
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