Texte : Odile Mattei – Une impressionnante haie d’honneur blanche se détache du noir des pierres volcaniques de la cathédrale de Saint-Flour en ce 11 juillet 2023.
Plus de 130 chefs dont de nombreux étoilés, M.O.F, Bocuse d’Or, membres du Comité International du Bocuse d’Or… venus de toutes les régions et principalement d’Auvergne Rhône Alpes, se sont rassemblés pour célébrer les funérailles d’un « chef passionné », « d’une très belle personne », « d’un ami bienveillant », « d’un guide », « d’un transmetteur d’émotions », « d’un grand chef attachant et humble », « d’un passeur »…
Des mots aussi tendres que puissants parcouraient la foule rassemblée sur le parvis. Dans cette cathédrale Saint Pierre, lieu emblématique de la Haute Auvergne, pays d’adoption si cher à Serge Vieira, 500 personnes avaient tenu à lui rendre un dernier hommage et à soutenir Marie-Aude son épouse, leurs deux jeunes enfants et leurs proches.
Une cérémonie à l’image de l’homme
Devant l’autel, la statuette du Bocuse d’Or 2005 déposée par son commis d’alors, Charles Montcouilloux effondré de chagrin, des panières de pain et une magnifique carafe de vin apportées par Jacques Marcon. A l’image de la simplicité de Serge, de petits bouquets champêtres cueillis le matin par ses amis ornaient les bancs et le chœur. Pendant la célébration à la fois solennelle et impeccablement réglée, plusieurs témoignages forts et émouvants se sont succédé.
Régis Marcon, en maitre de cérémonie, a d’abord évoqué le brillant parcours de son jeune second qui, avec son soutien sans faille brandira le Bocuse d’Or en 2005 :
« Serge était un exemple pour nous tous et pour la jeunesse. Il avait ces valeurs qui donnent un sens au travail, un sens à la vie. Des valeurs transmises par ses parents ouvriers portugais… Serge, un chef architecte du beau et du bon, devenu cantalien de cœur. Avec son Bocuse d’or, il avait l’opportunité de s’installer dans une grande ville, il a choisi la montagne cantalienne avec ses grands espaces naturels et son environnement magnifique du château du Couffour. »
Puis plusieurs représentants de la grande famille des chefs ont exprimé avec émotion leurs liens professionnels et amicaux : Yohann Chapuis, Romuald Fassenet, Joseph Viola, Eric Pras… Et Franck Putelat qui à la fin de son hommage poignant, enleva sa veste et sa médaille de MOF au pupitre pour les déposer avec force sur le cercueil de « son ami perdu trop tôt ».
Avec dignité et courage, Marie-Aude rappela leurs 25 ans de vie commune, les 13 ans de mariage qu’ils devaient fêter bientôt…
« Tu avais la passion de ce territoire, de ses artisans du goût, de leurs bons produits que tu savais si bien magnifier pour enchanter tous ces clients venus du monde entier. Tu t’en vas au sommet de ton art ! Merci pour le tout le bien que tu as fait » conclura dans son homélie, son ami l’Abbé Boyer.
Et sur le parvis de la cathédrale, au terme de la célébration, Guillaume Gomez, ambassadeur de la gastronomie française, aux côtés de Régis Marcon, a décerné à Serge Vieira, à titre posthume, au nom du Président de la République, la toute première médaille de l’Ordre français du rayonnement gastronomique, gravée par le MOF Nicolas Salagnac, pour son engagement international au service de la gastronomie française.
Une ultime distinction saluée par des applaudissements chaleureux et prolongés jusqu’à son départ. Et fidèles à ses dernières volontés : « Soyez heureux, vivez la vie comme une fête », les chefs et ses amis se sont réunis ensuite autour d’un buffet. Préparé par l’équipe de Régis Marcon, ils ont partagé le fameux cake aux myrtilles sauvages que Serge Vieira aimait tant.
Cathédrale Saint Pierre
Saint-Flour
Mardi 11 juillet 2023
les Bocuse absents …….