Texte : Marco Polisson – Exclusif. La sérénité va-t-elle de nouveau imprégner les intemporels salons du Léon de Lyon ? Après 4 ans d’une croisière cauchemardesque, l’établissement mythique de la rue Pleney et ses annexes ont enfin trouvé un nouveau port d’attache.
En octobre 2018, Jean-Paul Lacombe annonçait la reprise de son restaurant Léon de Lyon par les restaurateurs Fabien Chalard et Julien Géliot ainsi que l’humoriste Laurent Gerra. Cette association contre-nature n’aura pas duré quatre ans. Après quelques mois d’état de grâce, les divergences de vue entre les associés se sont muées en franche hostilité. En cause, notamment, la stratégie expansionniste et la boulimie du couple Chalard-Geliot qui, depuis leur retour de Miami, multiplie les acquisitions aux quatre coins de la métropole, affichant ostensiblement leur volonté de posséder 50 affaires à l’horizon de leurs 50 ans !
Cette course à l’armement dans laquelle ils veulent rivaliser avec Benjamin Lavorel et Aurélien Liveneau connait de nombreux ratés, avec des promesses d’achat non honorées (Le Layon, 33 Cité) qui conduisent leurs deux auteurs devant les tribunaux… avec condamnations à l’arrivée. En parallèle, l’ambiance se dégrade chaque jour un peu plus au sein du Léon de Lyon, le vaisseau amiral du groupe Les Gastronomistes. Départs et démissions se succèdent. Laurent Gerra ne peut cautionner ces dérives et décide de se retirer, en réclamant au couple le montant investi en 2018, soit une somme à 7 chiffres.
Tout faire pour éviter la faillite et le démantèlement du groupe
Mais le duo qui a, entre temps, embarqué dans l’aventure un couple de jurassiens pour renflouer la trésorerie du groupe (à hauteur de 600 000 euros) est incapable de le rembourser. C’est donc dans le cadre d’une procédure conflictuelle que Laurent Gerra obtient gain de cause fin juillet 2022 : à défaut de recevoir du cash, il récupère Léon de Lyon, Pléthore et Balthazar (rue Mercière – Lyon 2e), le Chanteclair à la Croix-Rousse, la Cave d’à côté et le Mamma (rue Pléney – Lyon 1er), sans oublier les trois boulangeries Pomponette. De leur côté, les Jurassiens se voient attribuer le Salmon Shop et la Mère Cottivet.
Laurent Gerra, dont l’agenda d’humoriste et de show man est déjà bien rempli n’a pas l’intention de se prendre pour ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire restaurateur. Il ne compte pas non plus laisser tomber ces établissements auxquels sa femme Christelle et lui sont très attachés. D’où l’idée de se rapprocher de Jérôme Bocuse et Paul-Maurice Morel, patrons des Brasseries Bocuse. Après avoir échangé avec Jean-Paul Lacombe, le fils de Monsieur Paul accepte de relever ce nouveau challenge et d’épauler Laurent Gerra au quotidien dans la gestion des restaurants.
« L’objectif de cette alliance est de préserver, dans la durée, le patrimoine culinaire lyonnais, son histoire, son identité, tout en respectant son ADN et en y associant et pérennisant des équipes solides. »
Laurent Gerra et Jérôme Bocuse
Très attaché à sa ville natale, Jérôme Bocuse s’inscrit pleinement dans l’esprit de son père qui avait déjà tendu la main au Léon de Lyon, lors de sa reprise par Jean-Paul Lacombe suite au tragique décès de son père Paul (photo ci-dessous). Les nouveaux partenaires ont du pain sur la planche pour redresser le groupe. Première priorité : stabiliser et rassurer les équipes encore présentes, puis assainir la comptabilité et renégocier les échéanciers des multiples prêts contractés avec les établissements bancaires, sans oublier l’URSSAF et les services fiscaux.
De leur côté, Fabien Chalard et Julien Géliot ont entrepris de raconter une autre histoire – plus à leur avantage à nos confrères – (notamment Tribune de Lyon). Hors course, ils se sont repliés sur La Bastide (Collonges) et le Fer à cheval, le bar à cash des Halles de Lyon. Ils sont toujours partie prenante de la restauration du Passage, le restaurant situé à 20 mètres du Léon de Lyon qu’ils ont racheté avec Frédéric Merlin et qui est, à ce jour, en pleine rénovation…. Nul doute que depuis la Corse où il passe ses vacances, le petit prince de l’immobilier lyonnais a déjà pris bonne note des erreurs à ne pas refaire dans ce type d’association.
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