Texte : Morgan Couturier. Bâti sur les fondations de l’ancien hôtel familial, le restaurant Allardon jouit d’une histoire aussi riche que ses plats. Un passé, que la rénovation des lieux, aujourd’hui partagés entre brasserie et restaurant semi-gastronomique, n’a su altérer.

Il y aurait tant à raconter, tant à déguster que l’on prendrait place sur site pendant des heures. Puis finalement, sans trop l’anticiper, la seule saveur des plats du chef Christophe Allardon, entrelacé d’une note de sympathie collective suffit à se faire piéger par le temps. À l’oublier même, pour la simple et bonne raison que le restaurant sanpriot incite inlassablement à prendre congé, de manière à s’octroyer une légère parenthèse de délices.

Il faut dire que ces derniers sont nombreux, prêts à être dégustés, subtilement associés à quelques bons souvenirs de cet ancien « Hôtel du Commerce », acheté un jour de 1950, par Solange Allardon. Trois générations plus tard, seul le décor et les mets ont changé, sans que l’âme du lieu n’ait été chamboulée, Christophe Allardon s’amusant à mentionner que l’esprit de sa grand-mère veille au grain. Point de doute en effet, le lieu a conservé son naturel penchant familial, en atteste la gravure attitrée de « Monsieur René », immuable pensionnaire de la brasserie.

Car là est la subtilité de ce site, campé sur la place du village, où s’entrelacent deux salles et deux ambiances.

La brasserie, théâtre des déjeuners d’affaires du midi et le restaurant semi-gastronomique à l’étage, plongé dans une ambiance plus raffinée. « Historiquement, en bas, c’était très ouvrier, tu mangeais ton steak-frites, quand en haut, tu mangeais une bonne entrecôte.

Aujourd’hui, sur la partie brasserie, on est plutôt sur des grands classiques, des produits d’appel, très lyonnais, alors qu’on planche sur des produits plus nobles et plus travaillés à l’étage », relate le pensionnaire des Toques blanches lyonnaises, épaulé de son fidèle second, Emmanuel Sarra, soutien de poids dans cette aventure débutée en janvier 2000. Par obligation un peu. Par plaisir, aussi, Christophe Allardon ayant été mandaté par sa mère, Andrée, pour la « dépanner quelques mois ».

Risotto gambas et coulant chocolat menthe pour l’hiver ?

« Puis ça s’est transformé en années ! », s’amuse-t-il aujourd’hui, malgré un léger regret d’avoir échappé à un destin étoilé. Au Champd’Or, à Champagne-au-Mont-d’Or, cédé en 1993, malgré quelques passages remarqués du guide Michelin. « Quand j’ai démarré, je voulais des étoiles, puis on se rend compte, avec le temps, qu’il faut rester sur quelque chose de plus simple, mais de qualité », avance-t-il.

Alors comme souvent avec le quinquagénaire, les mots ont été suivis d’effets, le chef se chargeant de briller via d’autres artifices. Par ses assiettes toujours très colorées, son mélange des saveurs, ses iconiques grenouilles fraiches et ses incontournables gaufres maisons. « C’était le dessert de sa grand-mère, que Christophe a découvert dans des cartons. Il l’a remis au goût du jour et c’est devenu un peu l’emblème du restaurant », avance-t-on, entre deux discussions improvisées.

Un mot par-ci, un mot par-là, avant que le plaisir du palet ne prenne les devants, sans que l’on ne puisse s’en lasser. Ni s’empêcher de revenir, même si ici, le plus dur, est de se décider à partir !

Restaurant Allardon
16 Grande rue – 69800 Saint-Priest – Tel 04 78 20 18 33
La brasserie est ouverte du mardi au samedi de 11h45 à 14h15
Le restaurant du mardi au samedi de 12h à 14h et de 19h15 à 21h30.
> Plus d’infos sur www.allardon.fr