Photos © Fabrice Schiff
Par Marc Polisson
C’est comme aux Galeries Lafayette, il se passe toujours quelque chose à l’assemblée générale des Toques Blanches. Cette année, il s’agissait de trouver un successeur à Laurent Bouvier, en fin de mandat. Ça n’a pas été triste.
Réunis dans une salle de projection de l’UGC Confluence, les 200 spectateurs présents ont eu droit à une séance de cinéma gratuite. Du genre comedia del Arte. Il était acquis d’avance que Christophe Marguin retrouverait son fauteuil de président, mais tout ne s’est pas passé comme prévu. Les membres de l’association ont tout d’abord admis en leur sein trois nouveaux chefs (Jean-François Malle – La Rotonde ; Yohann Chapuis – Greuze ; Masafumi Hamano – Au 14 février) et réintégré trois enfants prodigues (Philippe Gauvreau – Halles 9 ; Yannick Decelle – Caro de Lyon ; Julien Le Guillou – Le Jardin gourmand). Puis Pierre Orsi descendit sur la scène devant ses pairs pour présenter leur parrain. Jacky Marguin en partance pour la buvette avec Roger Douillé ne put s’empêcher de lancer haut et fort « Il est pas encore mort, celui-là ! » ce qui ne déstabilisa en aucune façon le chef étoilé qui connaît bien le lascar des Echets – ils ont été ensemble apprentis chez Paul Bocuse avec Roger Jaloux – mais fit beaucoup rire l’assistance qui commençait à s’endormir après la longue litanie des partenaires.
Et Pierre Orsi, de sa voix chantante et inimitable, de tresser des lauriers sur la tête du parrain, Jean-Paul Lacombe en l’occurrence, qui, en faux modeste, en redemandait intérieurement. « Jean-Paul a repris, à 22 ans, le restaurant de ses parents. Ce n’était pas son intention de travailler. Il jouait les playboys à l’époque sur les bancs de l’école hôtelière de Grenoble avec Jean-Claude Caro ». Et de rappeler le parcours exemplaire du chef de Léon de Lyon, créateur de la rue Mercière avec son copain Caro. Dans ses remerciements, JPL n’a pas manqué de rappeler « ses 40 années de cotisation » aux Toques Blanches. « Avec lui, il est toujours question d’argent » me souffle, amusé, mon voisin. Est également récompensé de la médaille d’honneur de l’association Gérard Antonin, « spécialiste du gibier, installé à Loyettes, grand chasseur devant l’éternel, y compris pour la gazelle » s’amuse Orsi, en plein sketch.
S’ensuivit l’assemblée générale de l’association proprement dite et c’est là que les choses se corsèrent. Le bureau de l’association – qui a intégré en son sein Benoit Toussaint – avait en effet prévu dans son ordre du jour trois modifications de statuts, songeant que ça passerait comme une lettre à la poste. Il était question de prolonger d’un an le mandat du président – 4 ans au lieu de 3 –, de permettre à un membre du bureau de terminer son mandat même en cas de vente de son restaurant, et enfin de permettre au président d’effectuer plusieurs mandats consécutifs. Si les deux premières résolutions furent adoptées sans problème, la question du mandat renouvelable a soulevé une tempête dans l’hémicycle. Jean-Paul Lacombe qu’on croyait endormi sur sa médaille et ses lauriers, a alors sorti l’artillerie lourde, fustigeant « une tentative de mainmise de quelques-uns sur l’association » et évoquant « une république bananière ». Ses propos firent mouche et au moment du vote à main levée, on comptabilisa 37 voix contre, 7 absentions et 40 voix pour. La résolution fut rejetée mais la tentative de putsch échoua. Quinze minutes plus tard, Christophe Marguin fut élu président par le nouveau bureau. Nous lui adressons nos amicales félicitations.
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