Interrogatoire réalisé mardi 23 octobre 2007
Il est jeune et il cogne. Directeur du développement durable aux Aéroports de Lyon et conseiller général UMP, à 39 ans, ce père de famille représente la nouvelle génération dont Dominique Perben a fait son avant-garde contre Gérard Collomb.
On raconte que vous serez peut-être notre nouvel adjoint aux sports…
Les places et les missions ne sont pas encore définies. Le sport m'intéresse mais il y a aussi d'autres domaines. Autour de Dominique Perben, depuis 3 ans il y a une équipe qui s'est mise en place et, on a, les uns et les autres, travaillé sur le projet, sur les éléments de bilan, donc on est interchangeable. C'est ce qui fait la force de l'équipe de Dominique, il est pas tout seul avec un désert autour de lui, sentiment que donne le maire PS actuel.
Cela ressemble fort à une vocation tardive… On ne vous a jamais entendu sur ce sujet et rarement croisé à Gerland !
Bon d'abord j'ai une télévision donc ça me permet de suivre les matchs de l'OL. Je vais quand même souvent à l'OL, sauf que moi j'y vais avec les associations de mon canton donc je suis dans le virage sud, c'est peut être pour ça que les élus ne me voient pas (Rires). J'ai 55 places d'abonnement avec le Conseil général pour chacun des matchs, j'emmène les associations de mon canton.
Vous n'êtes pas un adepte des mondanités sportives…
Je ne suis jamais invité par Gérard Collomb. Sous le précédent mandat, l'opposition était invitée… Moi je n'ai jamais été invité au Club des 100, ça me va bien, je m'en fous parce que moi la politique je vais la faire dans le virage sud, là il y a des gens qui votent. Au Club des 100 ou dans les mondanités c'est bien mais… c'est vous et moi on se connaît par cœur, et on voit toujours les mêmes, et ce n'est pas ce que je vais chercher.
Comment jugez-vous le bilan de l'actuel adjoint aux Sports ?
Le bilan du journal « l'Equipe » nous le montre, on est dans le sport comme dans d'autres domaines en échec flagrant. 24ème ville sportive en France ! Ce classement sonne comme un couperet, d'ailleurs je me demandais si les entretiens avec Thierry Braillard n'étaient pas une forme d'enterrement. Je pense qu'on boira à sa santé, j'aurai un petit cadeau pour lui en fin d'entretien. Dans le précédent classement Lyon était 20ème, c'est à dire qu'avec Thierry Braillard et avec le maire PS, on a reculé. Ce n'est pas le seul domaine mais là on a vraiment reculé. Après il y a eu un certain nombre d'échecs, si on prend l'actualité récente, la coupe du monde de rugby n'a pas été préparée.
Que lui reprochez-vous concrètement ?
Pour la Coupe du monde de foot sous le mandat de Barre, il y a eu toute une préparation du stade de Gerland, une mise à niveau. Tout ce travail n'a pas été fait avec le rugby. Aujourd'hui le LOU connaît un afflux de demande de licences, ce qui est normal, c'est l'effet Coupe du monde mais on n'est pas capable de suivre et d'avoir une action de développement dans le temps. Pourquoi ? Parce qu'il y a sept ans on parlait du fameux stade pour le LOU, et que depuis sept ans le Lou n'a pas vu de nouveau stade. L'échec du nouveau stade c'est aussi l'échec de la préparation de la coupe du monde. Il y a d'autres exemples très concrets. Les piscines, on a trois ou quatre piscines en retard, on a un patrimoine vieillissant et on n'a aucune réponse, aucune prise de conscience. Toujours très concrètement et on en reparlera peut être tout à l'heure, la ville de Lyon consacre aujourd'hui 5,6 % de son budget aux sports. C'est l'effet Braillard, l'effet mairie PS, le sport n'a pas été une priorité depuis le début du mandat. On essaie de l'habiller, les discours sont plutôt conquérants, mais la réalité est là : 24ème place.
Le futur stade de l'OL à Décines, vous êtes pour ou contre ? C'est un peu la cacophonie à l'UMP sur ce sujet…
Le nouveau stade ce n'est pas la cacophonie, mais en réalité Gérard Collomb n'a pas permis aux élus du Grand Lyon de se prononcer en toute clarté. La création du nouveau stade de l'OL est une décision d'entreprise mais qui aura de forts impacts en terme de développement public notamment les voiries et les accès. Il est légitime que Jean-Michel Aulas qui a connu ce succès extraordinaire, veuille continuer de porter l'OL au niveau européen. Avant de choisir Décines, on aurait été en droit d'attendre touts les études de voiries et de faisabilité pour dire si oui ou non c'était le bon endroit. Collomb, dans ce manque de clarté et c'est ce que l'UMP a dénoncé, arrive finalement à créer des divisions sur un sujet qui recueille l'unanimité des élus. Aucun élu ne critique l'OL quelque soit son bord. Le Grand Lyon devra accompagner ce déménagement or aujourd'hui on voit bien qu'il y a des tensions locales autour de Décines car on n'a pas les éléments pour sérieusement se prononcer.
Si Dominique Perben est élu, que devient ce projet ?
Si Dominique Perben est élu, ce projet ira peut être à Décines mais au préalable il faudra effectivement que les études soient menées jusqu'au bout. Le budget est de 300 millions d'euros en équipements, tout droit sortis de la poche du contribuable. A 300 millions d'euros la question se pose et politiquement il est irresponsable de dire à l'OL ou aux Lyonnais : « Le stade n'a qu'à aller à Décines » et puis on paye 300 millions d'euros, soit presque la moitié du budget d'investissement du Grand Lyon. Cela veut dire qu'une fois qu'on a fait le stade il n'y a plus de voiries, plus de feux rouges et toutes les communes du Grand Lyon en pâtiront. Je crois que c'est irresponsable de se lancer dans un tel projet sans avoir fait le calcul, ensuite si ce n'est pas 300 millions mais moins, s'il y a un moyen de trouver des cofinancements et bien bingo ! Le stade va à Décines, il y aura aucun souci.
Vous souhaitez davantage de précisions sur la partie publique du financement ?
En fait la position de Perben et la position de beaucoup d'élus n'est pas d'être pour ou contre Décines mais d'avoir un minimum de visibilité : 300 millions d'euros, un élu a besoin d'éléments concrets et des études suffisamment poussées pour prendre une décision. On ne les prend pas à la légère et quand j'entends Bernard Rivalta dire l'autre jour : « De toute façon Décines c'est très bien, pour les accès, on va recycler d'anciens bus des TCL dont on va enlever les places et puis on mettra les supporters debout, de toute façon ils sont debout pendant deux heures et on ira les garer dans tout l'Est Lyonnais, » c'est irréalisable, irresponsable.
La question des accès n'est pas réglée…
On voit très clairement que le stade à Gerland, avec pourtant le terminus de métro, se vide toujours un peu avant, et toutes les fois j'y vais en métro, je le prends à Jean Macé, c'est à dire de Gerland à Jean Macé je marche parce que en fait la station est blindée et il y a une grosse demi-heure d'attente à la station de Gerland, station calibrée pour le stade. Alors imaginez un stade avec 20 000 places de plus sans un métro. C'est irréaliste ! D'imaginer pouvoir vider le stade par la voiture, par des navettes de bus apparemment complètement dégradées et par le tram… moi j'aimerais bien qu'on m'explique comment faire. Toutefois si on nous explique et que l'on nous démontre que ça marche : bingo pour Décines ! Mais cette réflexion, il faut l'avoir avant.
L'Equipe a très mal classé notre ville. Quelles sont vos propositions phares pour le dynamiser le sport à Lyon ?
On n'est pas dans la livraison du projet qui sera plutôt au mois de janvier, on est sur des éléments de diagnostic. A niveau du sport à Lyon, il y a plusieurs strats d'implication : d'abord le sport pour tous c'est à dire le particulier, et ça clairement la ville de Lyon ne s'est pas suffisamment équipée en piste vita-parcours, pour les joggers, en parcours cardiovasculaires, etc… Quand on prend l'exemple de Munich, dans chaque parc il y a un petit vita-parcours où les gens vont pouvoir faire du sport. La pratique du sport hors club c'est celle qui se développe le plus. C'est vous et moi.
L'équipement sur les berges est minimaliste, un coureur ne court pas sur de l'asphalte. Normalement. Sur les berges, si on avait imaginé le développement de la course à pieds, il fallait une bande spéciale, et avoir une approche aussi minérale. Ce sont des choses vraiment toute bêtes et qu'on mettra à l'ordre du jour,
Que comptez-vous faire pour les petits clubs ?
Avec une aide municipale de 24 euros par licencié, Lyon est l'une des villes qui aide le moins les clubs au prorata du nombre de licenciés. Les clubs, on doit les aider au niveau de l'encadrement sportif, parce que bien souvent ça fait des salaires et c'est des charges importantes, mais aussi au niveau des équipements c'est là ou se pose le problème, c'est construire une halle des sports à la place de 20 logements… A aucun moment il n'y a eu l'expression de cette volonté c'est à dire de dire non aux promoteurs et oui à un équipement sportif. Le contre exemple est celui de la halle des sports Viver-Merle qui est superbe dans cette avenue, qui est aujourd'hui devenue l'avenue business de Lyon. La ville a donc peut être perdu en terme d'opportunité plusieurs millions d'euros mais a souhaité investir dans une halle des sports. A Lyon, dans un tissu urbain aussi dense le sport est d'abord une priorité politique forte et cette priorité politique on ne l'a pas ressentie. Je parlais du budget, quand on met 5,6 % du budget municipal dans le sport, c'est sûr qu'on ne peut pas se payer les halles des sports !
Quelle serait la part que vous accorderiez aux sports dans la future mandature ?
On ne l'a pas chiffré encore. Le sport doit bénéficier d'une approche transversale. Le sport ce n'est pas que le problème de l'adjoint aux sports. C'est aussi la question de l'éducation, de l'insertion, de la santé. Un bon exemple est Besançon qui a mis en œuvre avec l'OMS une politique sur des vita-parcours. La politique sportive doit se retrouver dans une multitude de budgets et pas uniquement dans le budget de l'adjoint aux sports.
Vous vouliez parler aussi des piscines?
Les piscines c'est le drame Lyonnais. D'abord, nous avons du retard en termes d'équipements, il nous manque 3 ou 4 piscines et tout le monde est à peu près d'accord. Récemment, je n'en ai pas vu sortir une seule de terre. Et d'autre part, nous avons un patrimoine qui vieillit car Lyon est une ville qui s'est équipée, comme les grandes villes, de piscine de première génération type Garibaldi. Elles sont obsolètes et ne correspondent plus aux besoins aujourd'hui. A l'école, le sport le plus mis en avant c'est la piscine, pour tout un tas de raison, et ce sport-là aujourd'hui les scolaires n'ont pas les créneaux. Il y a un paquet de petits Lyonnais qui voudraient aller à la piscine mais ne peuvent pas car il n'y a pas assez d'équipements, alors que c'est dans leur programme scolaire.
Auriez-vous payé pour faire venir Laure Manaudou s'entraîner à Lyon ?
Par rapport à ce que demandait Laure Manaudou, c'est-à-dire une petite extension sur un équipement de musculation, je pense que ça valait le coup d'avoir une tête d'affiche sur Lyon en natation.
La campagne de Dominique Perben peine à démarrer. Il serait temps que vous commenciez à mouiller le maillot…
Le maillot on le mouille ! Pour preuve, si l'on en croit les derniers sondages, Collomb avait plus de 10 points d'avance cet été, et aujourd'hui il n'en a plus que 2. C'est-à-dire, qu'aujourd'hui la campagne se lance, les Lyonnais assimilent de mieux en mieux les projets, les directions de Perben et on a gagné quasiment 10 points. Il ne faut pas non plus aller trop vite car à ce rythme-là, Collomb de se retrouver, lui, sans maillot ! (Rires) Nous on le mouille, mais on ne voudrait pas non plus lui arracher trop vite son maillot marqué PS et PC !
Est-ce que le choix de Dominique Perben comme capitaine, a été un bon choix ?
Moi je crois que Perben est un bon capitaine, car il est tout ce que Collomb n'est pas ! A savoir un homme d'Etat, car Dominique a une expérience nationale et internationale que n'a pas Gérard Collomb, et il a le courage de ses opinions… Quand Perben parle d'infrastructures routières indispensables en termes d'environnement sur Lyon et d'infrastructures ferroviaires indispensables pour développer du TER du transport urbain et collectif sur Lyon, et bien il y va ! Quitte à se cogner toutes les oppositions à droite et à gauche. Collomb nous a dit il y a 7 ans, c'était marqué noir sur blanc dans son projet, « moi le contournement ouest, il sera enterré et gratuit ». Aujourd'hui, il l'a enterré et gratuitement. L'immobilisme de Collomb ne l'a pas permis, nous avons perdu 7 ans. Donc oui, pour Lyon et les Lyonnais, je pense qu'il faut quelqu'un qui soit capable de porter ce type de projets, Perben est donc le bon capitaine.
Dans quel arrondissement, vous présentez-vous ?
Moi je suis élu du 3ème et je suis conseiller général du 3ème. J'ai réalisé un score de 60% il y a 3 ans dans un schéma de refus de la droite car la droite avait perdu toutes les régions, donc j'ai plutôt bien résisté, ça m'a porté chance donc je souhaite rester dans le 3ème.
Avez-vous suivi la coupe du Monde de rugby ? Votre analyse de la défaite ?
J'ai beaucoup apprécié le jeu, j'ai vraiment vu la beauté du jeu, notamment dans les toutes dernières minutes du match contre les All Blacks. Ils feront mieux la prochaine fois. Je crois que c'est le sport, c'est comme la politique, si on n'accepte pas la défaite on ne fait pas de politique. Collomb sera bien placé pour le savoir dans 4 mois ! Dans le rugby c'est pareil.
On va vérifier si vous avez toutes les compétences pour être un futur adjoint aux sports : une équipe de rugby est constituée de deux groupes. Comment les appelle-t-on ?
Je n'ai pas assez de technicité ! (rires) Moi je porte une analyse du sport sur Lyon mais je ne suis pas le futur adjoint !
Il y a 8 avants et 7 trois quarts, NDLR
Question subsidiaire : que doit crier un joueur lorsqu'il réceptionne une chandelle dans ses 22 mètres ?
Il me semble que c'est « qui ne saute n'est pas Lyonnais » ! (rires)
On vous a donc acheté un petit cadeau pour que vous ne soyez pas ridicule quand vous vous rendrez à Vuillermet…
Je voudrais ajouter sur la politique sportive, le fond du problème, ils n'ont pas articulé la politique sportive avec le Grand Lyon. Aujourd'hui, le Grand Lyon participe à hauteur de 1% dans les financements du sport et à plus de 17% dans d'autres agglomérations. On ne peut donc pas équiper la ville, aider les sports et avoir une stratégie de développement du sport de haut niveau si tu n'as pas un minimum de cohérence sur le Grand Lyon.
Je vois que vous n'êtes pas venu les mains vides…
Moi, j'ai un cadeau pour Thierry Braillard… Il est l'adjoint qui fait le plus d'autosatisfaction depuis le début du mandat, il a de la chance (je ne sais pas si Nico dit ça pour sa femme ! rires !) Donc, Thierry je voudrais te remettre la médaille de l'élu et de l'adjoint qui fait le plus d'autosatisfaction et le jour où il y aura une catégorie aux JO autosatisfaction, je pense que tu ramèneras une médaille ! Moi, pour l'instant je t'offre une médaille en chocolat ! Qui ne vient pas de n'importe où ! De chez Bernachon !
De m’avoir ouvert les portes de L.N.H. Dès le début de l’aventure, par votre action, vous m’avez offert une perspective objective et constructive pour l’avenir de notre belle ville. Bonne chance! Françoise