La tribune libre de Justin Calixte
« L’idéal, quand on veut être admiré, c’est d’être mort ». Michel Audiard
Quel bonheur que la mort ! C’est en tout cas ce que doit se dire Louis Nicollin depuis qu’il s’est envolé pour les tribunes célestes; lui qui depuis des années s’est fait vilipender par la police de la pensée correcte, lui qui fut présenté de son vivant comme un beauf vulgaire et pire, homophobe, lui le balourd quasiment analphabète se retrouve porté aux nues depuis qu’il trône sur son petit nuage.
Les mêmes, je veux dire la presse bien-pensante et bien sûr les journalistes dits sportifs qui s’offusquaient et condamnaient les propos sulfureux du président de l’équipe de foot de Montpellier n’ont cessé de lui rendre hommage, émission après émission, article après article, vantant sa libre parole, son côté grande gueule et même ses trouvailles linguistiques audacieuses et pourquoi ne pas le dire sous prétexte qu’il n’est plus de ce monde, d’un goût souvent douteux.
Les moutons de Panurge que sont nos minables journalistes étaient partis pour en faire des tonnes pendant des jours et des jours pour faire de Louis Nicollin un martyr incompris. Mais patatras ! C’était sans compter sans l’actualité mortifère. Voilà t’y pas que meurt dans la foulée Simone Veil, icône de la presse bien-pensante et de la classe politique pour une fois univoque.
Sonnez trompettes et carillons, jouez flutiaux, la voilà transformée en sainte laïque et propulsée précipitamment au Panthéon, sondage émotionnel à l’appui. Et que dire de ce pauvre Helmut Kohl, critiqué et même méprisé par beaucoup de son vivant, aujourd’hui enseveli sous des montagnes de louanges, la mort enfin venue.
Moi, à la place des proscrits des médias français que sont devenus Sarko, Fillon, Jean Roucas, Trump, Jean-Marie Le Pen, Bruno Genesio, Bayrou, Olivier Giroud et quelques autres, je passerais rapidement de vie à trépas histoire de trouver grâce à leurs yeux.
Souvenez-vous ce que nos élites téléramiennes disaient de Sacha Guitry, Louis de Funès ou de Michel Audiard avant de les glorifier aujourd’hui.
Dieu, que je déteste ce monde d’aujourd’hui où le dérisoire et l’éphémère nous font perdre le sens de l’essentiel, où la bien-pensance est devenue l’unique mode de pensée. En tout cas, ne comptez pas sur moi pour encenser les têtes de linotte journalistiques gonflées d’importance qui encombrent nos antennes lorsqu’elles succomberont, accompagnées par les coups d’encensoirs d’une société à l’hypocrisie triomphante.
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