La tribune libre de Justin Calixte
La classe politique archaïque déconsidérée, archi battue, humiliée et dépossédée du pouvoir qu’elle occupait depuis 40 ans n’en espérait pas tant. Voilà que les gilets jaunes sont en train de la remettre en selle.
C’est pourtant pendant ces 40 ans que la France n’a cessé de dégringoler. La faute à qui ? sinon à ceux qui, de Sarkozy, Chirac, Hollande et même Mitterrand (pardon pour les aficionados) et même de Mélenchon à Le Pen, en ont profité pour faire fructifier leurs boutiques respectives et ont cassé le modèle social en abandonnant le pouvoir au monde de la finance. Et surtout, n’oublions pas les deuxièmes ou troisièmes couteaux qui, en échange de quelque statut, de quelques subsides, de quelques privilèges ont été complices du système et ont participé au déclin de notre pays.
Les événements de dimanche où l’on a vu Paris à feu et à sang m’ont rappelé une vieille chronique écrite il y a une bonne quinzaine d’années. En voici la fin : « voilà sans doute pourquoi aujourd’hui le fossé se creuse entre les élites (si j’ose dire) et les citoyens, pourquoi ceux-ci traînent les pieds pour aller voter, pourquoi un jour ou l’autre, tout cela se terminera dans la violence pour imposer une nouvelle élite qui, malheureusement, n’existe pas ou une fausse élite composée de concierges, de gardiens de la paix et de boutiquiers. Qui pourra faire comprendre à nos élus que tout ce qui se prépare est de leur faute et non pas la faute d’un peuple mal informé, manipulé et sous instruit ? Qu’ils sont en train de creuser leur tombe et accessoirement celle de la France. »
Quelques mois avant, j’avais écrit dans une chronique consacrée à la télé : « c’est en effet la mode de laisser la parole au tout-venant par définition incompétent, afin qu’il délivre son appréciation sur les grands problèmes de l’heure. La plupart du temps, il ne fait que répéter ce que lui a dit son leader syndical, son maître à penser, son conseiller privé, son journal favori, ou le patron du bistrot d’à côté. Il répète ce qu’il a compris. Et quelques fois – souvent – il n’a rien compris. Ce qui n’est pas forcément très grave puisque sa source d’information est suspecte.
La plupart du temps, il s’agit d’idées (si j’ose dire) à la mode qu’ils finissent par devenir la vérité du moment…
Quand on voit le nombre de gens incapables de gérer leur propre vie, de subvenir à leurs besoins, d’assumer l’éducation de leurs propres enfants, de remplir leur feuille d’impôts, ou tout simplement de trouver leur chemin, quand on fréquente les coins de zinc, les salles de profs, les tribunes de stade ou même les couloirs du Sénat et que l’on écoute ce qui s’y dit… On se demande bien comment ils peuvent prétendre gérer des problèmes qui presque toujours les dépassent. »
Je n’avais encore rien vu ; à l’époque, les chaînes du tout info n’existaient pas. Pour avoir son quart d’heure de gloire, il fallait forcer le passage pour accéder à TF1 ou France 2. Aujourd’hui, il suffit d’enfiler un gilet jaune et on vous accueille à bras ouverts. Alors s’installe sur chaque plateau une conversation de café du commerce, personne n’osant contredire les conneries énoncées sans le moindre complexe par certains gilets jaunes (pas tous, bien sûr mais quand même) où l’on refait le monde en balançant des arguments fumeux et parfaitement contradictoires.
Jacques Brel, disparu il y a 40 ans, chantait : « l’avenir dépend des révolutionnaires et se moque bien des petits révoltés ».
Voir ces excités, à la colère souvent justifiée, exposer leurs programmes, je crois que nous avons affaire davantage à des révoltés qu’à de vrais révolutionnaires. Macron aurait pu en être. Il en a le profil. Pour l’instant, c’est raté ! Osera-t-il ? Le pourra-t-il ? Sans doute pas, empêché par les médias ayant opté définitivement pour l’info démagogue et ricanante… Dommage ! Tant pis !
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