La tribune libre de Justin Calixte
J’ai toujours été fasciné par la bêtise des militants des partis politiques. Une stupidité qui n’a rien à envier au sectarisme des sympathisants. Le baudet en sait quelque chose.
Ayant des amis à gauche comme à droite, je ne me lasse pas de les exciter en prônant les qualités des candidats opposés au leur. Actuellement, je me régale à vanter les mérites de Bayrou. Quel bonheur ! Les électeurs de l’intègre Fillon, même ceux qui il y a six mois lui préféraient Sarkozy ou Juppé, ont des bouffées de chaleur quand j’évoque le nom du maire de Pau. Ils reprennent en chœur les éléments de langage de leurs principaux dirigeants omniprésents sur les plateaux des télés d’info en continu. Leur argument préféré est la traîtrise dont a fait preuve le président du MoDem lorsqu’il annonça qu’il allait voter pour Hollande en 2012. Non pas par refus de la droite, mais par défiance envers Sarkozy. Je m’insurge : « On pourrait penser que les fans de Juppé, Copé, Alliot-Marie ou Villepin ne devraient pas trop lui en vouloir puisqu’ils avaient des doutes eux aussi sur le bien-fondé de la candidature de Sarko ». Ils s’offusquent : « Bayrou est un traître, il n’aurait pas dû choisir Hollande ». C’est comme ça! On est militant ou on ne l’est pas ! Bizarrement, les mêmes ne trouvent rien à redire à une personnalité de droite qui avait fait pourtant le même choix.
La trahison, valeur bien partagée à droite
Il faut dire que les médias n’en font jamais cas depuis. Il faut dire aussi que les Ciotti, Woerth, Estrosi et autres troisièmes couteaux doivent hésiter à prononcer le nom de cette illustre personnalité. Vous voyez qui je veux dire ? Non ? Mais si ! Souvenez-vous ! Jacques Chirac ! Eh oui, bien sûr ! L’idole des militants de droite. Il ne faudrait pas oublier en effet qu’il avait fait ce drôle de choix lui aussi. Au grand dam de Bernadette. Je sais bien qu’Alzheimer frappe beaucoup des électeurs potentiels de Fillon, mais quand même, à traître, traître et demi. J’espère, sans y croire exagérément que ce rappel historique amènera les militants républicains à faire preuve de moins de sectarisme et davantage de modération envers ce pauvre Bayrou. Les mêmes militants, pourtant secoués par les extravagants revenus de Pénélope Fillon, sont dans le déni et font semblant de croire que la malhonnêteté de leur héros n’est pas avérée. Ils refusent de reconnaître que leur candidat autoproclamé parangon de vertu n’aurait jamais été élu à la primaire si chacun avait su sa véritable nature, son goût immodéré pour l’argent, les privilèges et le mensonge. S’ils avaient su à quel point il avait fait preuve de duplicité. Pour eux, il est hors de question que la droite même maladroite ne gagne pas les prochaines élections. Même si leur candidat totalement déconsidéré ne pourra évidemment pas mettre en œuvre le programme promis.
Que l’on soit de gauche ou de droite, mélenchonien ou lepéniste, quand on est militant, on est militant. Quand on est con, on est con !
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