La tribune libre de Justin Calixte
Le Mercredi des Cendres est pour les chrétiens un jour de pénitence ; apparemment pas pour François Fillon qui, pourtant, se proclame fervent catholique. Chez lui, pas de mea culpa. Tous coupables sauf lui.
Ce mercredi donc, il a tenté une récupération hasardeuse de sa convocation par les juges, après un faux suspense calamiteux en terme de communication. Il continue son chemin de croix judiciaire en nous refaisant le coup de la défiance envers la justice. Ce coup médiatique pathétique en ce jour où les prêtres prononcent la fameuse phrase : « souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière », sera-t-il compris de ses fidèles indéfectibles ? L’avenir le dira.
À l’entendre, il ne fait pas confiance à la justice. Pourtant, tout le monde semble l’avoir oublié, c’est bien François Fillon, si je me souviens bien, qui avait demandé à son ex-ami socialiste Jean-Pierre Jouyet de faire diligence auprès des juges pour le débarrasser de Sarko. À la même date, c’est bien lui, je crois, qui avait prévenu les commissaires aux comptes du RPR en leur signalant des bizarreries dans les comptes de campagne de 2012. Sympa ! C’est bien lui aussi qui voulait que la justice se prononce sur l’élection discutée de Jean-François Copé… Personne chez les leaders républicains ne semble s’en souvenir. Personne non plus ne semble lui en vouloir. Il faut dire que chez ces gens-là, Monsieur, on compte.
Chacun, certain de la victoire de l’alternance se rêvait député ou pourquoi pas ministre et personne ne souhaite insulter l’avenir. Car ne l’oublions pas, Fillon en est la preuve vivante, chacun se soucie de sa pomme plutôt que de la survie de la France. Soyons clair, c’est kif-kif comme on dit ici, dans les autres partis ou autres mouvements. Et les voilà à la queue leu leu, coincés dans un troupeau moutonnier mené par notre pauvre Fillon qui les entraîne dans un précipice dont ils ne sortiront pas vivants. On peut les comprendre. Que peut bien faire un politique qui perd son emploi ? Pas grand-chose. Excepté s’il s’est constitué quelques réseaux. Il peut ainsi devenir avocat d’affaires ou lobbyiste. Sinon il peut espérer que l’ex compagnie Générale des Eaux, Suez ou autre Veolia lui trouvent un emploi de complaisance.
On pouvait s’attendre à voir François Fillon, mis en examen, enfin lucide sur son destin et celui de son parti, soucieux de ne pas faire perdre son camp jeter l’éponge. Eh bien ! Non ! Il persiste et signe. Il continue. Contre vents et marées. Tant pis pour l’alternance. Il faudra bien qu’un jour il rende des comptes à ses électeurs spoliés. Aujourd’hui, ils accusent Mediapart, le Monde et le canard enchaîné (On peut d’ailleurs les comprendre car il y a bien connivence entre la justice et certains médias et sans doute le pouvoir) mais après la défaite de leur camp quand, retrouvant leur lucidité, ils reconnaîtront que si leur candidat n’avait pas fauté aussi lourdement, la presse n’aurait rien eu à se mettre sous la dent, ils se retourneront contre lui. Ils lui en voudront de n’avoir pensé qu’à lui et surtout de les avoir fait perdre alors que la défaite leur semblait impossible. Même ceux qui hésitent à tirer sur les ambulances tireront sans vergogne sur le corbillard Fillon. Il ne faudra pas oublier de viser également les vieux chevaux de retour qui ont tiré jusqu’au bout le véhicule mortuaire.
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