Par Marc Polisson
C'est ainsi, le Life ne passera pas à la postérité. La légende attendra. Trois ans après son ouverture, la discothèque de la rue de Cronstadt fermait définitivement ses portes samedi dernier. Partir en pleine gloire, telle est la devise de ses patrons Pierre et Thierry. Un gros buz s'étant formé autour de cette soirée, plus d'un millier de jeunes noctambules se sont pressé les uns contre les autres sur le dancefloor.
Elles se baladent en bandes, mains dans la main, formant une chaîne de jolis minois propres à mettre en émoi les vieux quadras que nous sommes. Elles n'ont pas vingt ans, mais tout des grandes. Maquillées, apprêtées, elles ont fait la queue pendant de bien longues minutes avant de franchir les portes du Life. Les plus prévoyants avaient réservé la limousine maison et fait une entrée remarquée. Comme les grands, je vous dis. Sur les tables réservées par les rejetons des plus grandes familles lyonnaises (comme nous sommes pour la tranquillité des foyers, nous les tairons), des magnums de vodka et de champagne. Qui coule à flot. Bien entendu, tout le monde n'est pas sur son 31 – les garçons sont particulièrement négligés – mais les plus belles survolent la peoplasse en talon haut et robes à paillettes. Ça s'embrasse beaucoup. De gros patins (même si je n'ai pas chaussé les miens avec cette description cash). Si elles font tapisserie, elles peuvent se raccrocher à leur téléphone portable pour s'occuper les mains. D'autres moins virtuelles plongent dans leurs décolletés profonds et généreux. Le loup, ça fait déjà longtemps qu'elles l'ont vu. Il a souvent le visage d'un blond prince charmant à la mèche rebelle et la chemise blanche ouverte. Ils ont fait connaissance dans le fumoir bondé comme un métro aux heures de pointe. Ont commencé les deux t.
L'ambiance tient plus de la fête foraine ou du concert de « Tokyo Hotel » que de la traditionnelle boite de nuit. Dans le rôle de la vedette adulée, Hubert, le DJ qui joue avec malignité sur une androgynie branchée. Boxer Dim bien vue, jean slim sur les genoux, le jeune homme est acclamé comme une star du rock. Quand il lance la soirée, il est déjà 1h30 du mat'. Sur sa platine, le tube de Discobitch. 600 voix reprennent à tue-tête « c'est beau la bourgeoisie qui boit du champagne… » Du haut de son perchoir, Pierre, le tenancier, boit du petit lait en matant les caisses du bar qui se remplissent. Ça sent le dollar. Pas question pour lui de passer par la case nostalgie. Pour le limonadier qu'il se targue d'être, il en va de la consommation nocturne comme de l'achat d'une automobile. On en change tous les deux ans. Pas le temps de devenir culte. Finis les lieux mythiques. Place à la génération zapping. Dans cette folie destructrice, seul Le 42 fait office de dinosaure et accueille les jeunes Lyonnais de génération en génération. Pourquoi arrêter après un tel succès ? Le Life disparaît en pleine gloire parce qu'il faut passer à autre chose. Tout simplement. Trois changements d'enseigne en l'espace de cinq ans… Espérons que ce ne sera pas celle de trop. La prochaine, ce sera Claks. Ouverture annoncée pour le 17 octobre 2008.
La projection diapos, c'est maintenant !
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