Prison Saint-Paul. Voyage en enfer !

7 septembre, 2012 | Les fêtes à Lyon | 3 commentaires

Prison-Saint-Paul_Lyon_01.jpg Photos © BS

Par Benjamin Solly

 

Futur campus de la fac catho de Lyon, la prison de Saint-Paul ouvre ses lourdes portes pour la dernière fois lors des Journées européennes du Patrimoine, le 15 et 16 septembre 2012. Une visite déjà complète. Lyon People offre la session de rattrapage à ceux qui n’ont pas pu s’inscrire.

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« Oppressant. » C’est le terme qui revient le plus souvent dans la bouche de nos confrères pour dépeindre leur visite de la « marmite du diable », surnom donné par les détenus à l’établissement pénitentiaire. Un circuit proposé jeudi matin en avant-première à la presse lyonnaise, avant l’ouverture du site au public pour 48h lors des Journées européennes du Patrimoine. Une opération menée par la fac catho, et son recteur Thierry Magnin.

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Si depuis 2009, l’ensemble des détenus de Saint-Paul a été transféré à la maison d’arrêt de Corbas, tout rappelle sur place le passé récent des lieux. Déjà vétuste du temps de son fonctionnement, la prison semble s’être figée, hors du temps. Dans la cour intérieure, la nature a repris ses droits. Un petit air du bagne de Cayenne dans l’hyper centre de Lyon. Pendus aux barbelés, les yoyos, contenants qui permettent le passage d’objet entre détenus d’une cellule à l’autre, témoignent encore de la débrouillardise des anciens locataires. La méthode tient plus de la survie que du divertissement.

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On imagine dès lors les conditions de vie sur place. Un utopique « Garde la pêche », griffonné sur un coin de mur, a valeur de gageure. L’architecture de la prison, en plan panoptique (rotonde centrale et six ailes en étoile), développe d’immenses couloirs aux cellules minuscules et humides. Glaçant. Aux parloirs succèdent les cellules de fouilles. A l’inhumanité s’ajoute souvent l’humiliation. Lionel Bertholet, notre confrère de Radio Scoop explique ressentir les même frissons que lors de sa visite de la prison de la Talaudière. « Sauf que sur place, il y avait des détenus, explique-t-il. Lors de notre arrivée, nous avons été accueillis par un brouhaha infernal.  »

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Mais le silence de Saint-Paul tisse des angoisses tout aussi profondes chez ses visiteurs du jour. Seul notre confrère Michel Godet du Tout Lyon brise le cérémonial, proposant à Thierry Magnin de faire jouer la future loi Duflot sur la mise à disposition des bâtiments d’Etat, sous l’œil plutôt circonspect du général Gilles Barrié, président de l’association des fondateurs et protecteurs de l’institut catholique de Lyon (AFPICL). Du journalisme au consulting financier, le pas est franchi ! Michel aura même l’occasion d’en rajouter une couche, en fin de visite, lors d’un pot dans l’ancien mess des gardiens. Repos l’ami ! Dans l’une des cours intérieures de la prison, Vincent Mailhes de Tribune de Lyon a repéré un trou. Rigolard, il ne lui en faut pas plus pour s’imaginer les anciens détenus, armés de pelles et de pioches, tenter de se faire la belle.

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Les travaux d’aménagement devraient commencer à l’automne, pour une ouverture du futur campus Saint-Paul en septembre 2015. 5 000 étudiants sont attendus sur place. Un flot qu’il faudra déplacer quotidiennement entre le campus de Carnot et le futur site. Les voutes de Perrache font figure d’étroite traboule au regard de cet objectif. « La Ville mène une réflexion sur le sujet », explique Nadine Gélas, vice-présidente du Grand Lyon, déléguée (exceptionnellement !) aux doléances  concernant l’aménagement du quartier. Une réflexion certes, mais aucun projet pour le moment. «  Nous comptons sur la Ville », rappelle le plus sérieusement du monde Thierry Magnin.

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Et si la Ville semble se faire désirer, ce sont les artistes qui ont déjà pris possession des lieux. L’exposition « Passages, de la prison à l’université » proposera, lors de la visite des Journées Européennes du Patrimoine, les œuvres visuelles et sonores des artistes Georges Rousse, Ernest Pignon, Patrice Giorda, Perrine Lacroix et Pierre Gangloff. Des créations exclusives pour l’université catholique, autour de Saint-Paul. Certaines œuvres photographiques sont déjà visibles aux Archives Municipales de Lyon. « L’art est une passerelle qui transforme la prison en espace de liberté », glisse Thierry Raspail.

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Pour ce qui est de la liberté d’expression, la Catho en est encore aux balbutiements. En effet, lors d’un précédent article sur le sujet, Lyon People avait déploré que seule une partie des constructions existantes soit conservée (40%), à rebours de l’ambition initiale. Notre point de vue n’a pas changé, au risque de nous attirer – une deuxième fois d’affilée – les foudres de la fac !

Prison-Saint-Paul_Lyon_10.jpg Journées Européennes du Patrimoine les 15 et 16 septembre 2012 : Visite de la prison de Saint-Paul (complète), ponctuée d’œuvres créées spécialement par les artistes.

Du 17 au 30 septembre 2012 : Manifestations culturelles et artistiques autour du projet Saint-Paul : cycle de conférences, exposition aux Archives municipales de Lyon, récital de piano offert par Miguel Angel Estrella (20 septembre)

 

Inscription sur le site (www.univ-catholyon.fr) ou par téléphone (04 26 84 18 84)

 

3 Commentaires

  1. restaurateur

    Je constate avec satisfaction que Michel Godet ne sait pas se tenir en toutes circonstances, pas uniquement dans les restaurants où il demande à se faire rincer au champagne (seul alcool qu’il boit, à ce qu’il dit), en échange d’un bon papier ! Sacré Michel, toujours le mot pour rire !

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  2. Mimine

    Serait-il possible de prolonger la visite de la prison pour les personnes n’ayant pas pu être inscrites faute de place. Je tenais absolument à faire partie de ces quelques privilégiés. Merci de m’en donner l’occasion. Un rêve que je souhaiterais exaucer. Merci infiniment de permettre ce projet.

    Réponse
  3. Vollerin Alain

    Il y en a assez de voir la presse spécialisée accuser d’être rincer, même au champagne. Avec Billon, avec Mure, Michel Godet est un critique qui sait trouver les mots les plus justes pour parler de bouffe. Qu’on lui foute la paix.

    Réponse

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