Le gel des dotations de l’Etat confirmé par Hollande, Gégé aurait plus volontiers gardé son écu d’or pour les caisses de la Ville de Lyon © Fabrice Schiff
Par Benj«amen» Solly
Comme chaque 8 septembre, jour de la Nativité de la Vierge, tout ce que Lyon compte de personnalités s’est donné rendez-vous à Fourvière pour fêter la consécration de la ville à Marie. L’occasion de voir et d’être vues pour nos huiles lyonnaises, toujours nombreuses à garnir les rangs de la basilique
Tradition multiséculaire, le renouvellement du Vœu des Echevins reproduit une pratique qui trouve son origine en 1643. Menacée par la peste, Lyon s’en remet alors à la protection de Marie. Le prévôt des marchands (Gégé du temps jadis) et ses échevins (ses adjoints) font le pèlerinage jusqu’à la chapelle de la Vierge, pour remettre « la quantité de sept livres de cire blanche en cierges et flambeaux, et un écu d’or au soleil. » Et ainsi s’attirer les bonnes grâces mariales. La peste épargne Lyon. Le vœu sera renouvelé chaque année. Voilà pour le pitch.
N’imaginez pas pour autant le sénateur-maire de Lyon Gérard Collomb en robe de pénitent, monter sa lourde charge annuelle en cire en en or par les jardins du rosaire. Les temps ont changé. Le genou fragilisé par une entorse, en souvenir de ses vacances marocaines (danse du Club à proscrire en 2013 Gégé !), l’édile est peu enclin à la dévotion. Il préfère la mise à l’ordre aux génuflexions. Mais quand le temporel et le spirituel cohabitent le temps d’une messe, chacun fait un pas vers l’autre. Sous l’œil de sa fille Clémence et de la maire du 5e Alexandrine Pesson, il s’avance jusqu’à l’autel chargé d’un lourd écu d’or, remettre l’offrande à Mgr Barbarin. Dans cette maison-là, les métaux sont bienvenus.
Même le préfet du Rhône Jean-François Carenco est au rendez-vous. « Une première depuis que je suis en poste à Lyon voilà dix ans », se réjouit Mgr Barbarin. Vêtu de son uniforme aux parements de feuilles de chêne et d’olivier (quand république et religion partagent le même symbole…), il ne quitte pas d’une semelle le président du Conseil général Michel Mercier. Les deux colocs de l’Hôtel du Département sont-ils en train d’échanger leur tour de vaisselle ? Ils ont pour voisins le président de la fondation Fourvière Jean-Dominique Durand, les parlementaires Pierre-Alain Muet, Dominique Nachury, Christophe Guilloteau et Philippe Cochet, mais également la députée européenne Nora Berra.
Côté cancre, les somnolences du nouveau député de la circo’ Thierry Braillard n’échappent pas à notre photographe, malgré les échafaudages qui barrent le transept de Fourvière. Arrivé en VIP – 4×4 et cocarde parlementaire sur le tableau de bord siouplé ! – l’adjoint aux sports de la Ville lutte. Son passage la veille rue Tramassac, pour l’inauguration du nouveau bouchon de Joseph Violla (Daniel et Denise bis), lui a – semble-t-il – laissé plus de traces qu’à son comparse Thomas Rudigoz, impeccable en deux pièces cravate.
Son prédécesseur au palais Bourbon, Michel Havard, joue lui la partition inverse. Au second rang, en compagnie de François-Noël Buffet et Denis Broliquier, il chante à plein poumons. La super pêche quoi ! Alors forcément, on y a cru. On s’est dit qu’on allait l’avoir notre photo d’Havard et Braillard, réconciliés après les joutes électorales. Naïfs, quoi. D’un côté, on aurait dû mieux lire l’invitation-presse. Il s’agissait bien du Vœu des Echevins, pas du Miracle des Echevins. On est à Lyon, pas à Lourdes. Le cliché attendra.
Appuyé sur l’un des piliers monumentaux de la basilique, Cyrille Isaac-Sybille, président de l’ex-Modem du Rhône, prie pour la résurrection du centre à Lyon. De quoi épuiser l’ensemble des cierges de France et de Navarre. Enchâssés entre Collomb et les séminaristes, les adjoints de la Ville Gilles Vesco, Nadine Gelas, Anne Brugnera, Evelyne Haguenaeur et Marie-Odile Fondeur. Si les séminaristes seront ordonnés dans leurs nouvelles fonctions – de diacre ou de prêtre – le 14 octobre prochain, il faudra aux échevins du jour attendre 2020 pour espérer récupérer la charge de Gégé. Les voies du baron sont impénétrables.
La messe touche à sa fin. Jeanine Paloulian (L’Essor) a déjà quitté l’office. Le regard bleu acier d’Inès de Lavernée rappelle au sérieux et à la constance. Sa voisine du parti chrétien démocrate, Anne-Claire Pech, confirme. Puis Mgr Barbarin quitte l’autel en compagnie de son invité du jour Mgr Joseph Willy Romélus (archevêque d’Haïti), suivi du cortège des séminaristes et des élus. Il bénit la ville brandissant l’ostensoir depuis la terrasse de Fourvière. Les trois coups de canon retentissent. Lyon est sous la protection mariale.
Une cérémonie placée également sous le signe du cinquantième anniversaire du concile Vatican II (1962-1965), symbole de l’ouverture de l’Eglise au monde moderne. Un exemple à suivre pour guider l’action de nos élus en 2013 ? Comme dirait l’autre, le changement c’est maintenant.
Quelle peste ces journalistes !
A noter pour l’anecdote que ce reportage nous a valu une mise en quarantaine de 6 mois de la part du député Braillard, que nous avons surpris en flagrant délit de sieste…