Par Marc Polisson

Le bras droit du cardinal a décidé de démissionner de son poste de directeur de cabinet et de partir s’installer à Nantes avec sa famille. Avec une nouvelle mission professionnelle et spirituelle à la clé.

Une fin de mission éprouvante et certainement le sentiment d’une libération. Même s’il ne l’avoue pas en ces termes, on imagine le soulagement de Pierre Durieux. Le scandale des prêtres pédophiles sera à jamais gravé dans sa mémoire et celle des Lyonnais qui, depuis 10 ans, croisent ce jeune homme discret dans les sacristies du diocèse de Lyon. Responsable du service diocésain de la communication (Sedicom), Pierre Durieux est nommé en 2013 directeur de cabinet de Monseigneur Barbarin. Son action dans l’ombre du prélat est marquée par des succès qu’illustrent la fête diocésaine du 14 octobre 2012 qui a rassemblé 23 000 personnes à Eurexpo et l’engagement personnel du primat des Gaules auprès des chrétiens d’orient soumis au joug islamiste.

Des joies mais aussi des peines. La plus profonde est durablement enracinée dans l’affaire Preynat. « Cette période restera pour moi comme une blessure, mais elle est minuscule comparée à ceux qui l’ont subie dans leur chair » déclare-t-il, humblement, dans un entretien d’adieu donné au mensuel Eglise à Lyon, qu’il a dirigé pendant 6 ans. Qu’est-ce qu’on aurait aimé entendre ces paroles dans la bouche du cardinal !… Le quadra revient sans langue de bois sur le tsunami médiatique qui s’est abattu sur son patron durant le printemps 2016. « Je considère qu’une certaine presse est sortie de son rôle d’information pour instruire un dossier à charge ». Rien d’étonnant à cela quand les attaques émanaient d’organes de presse anti-catho. La surprise – et le sentiment de trahison – ont en revanche été douloureux quand elles sont venues du Figaro, dont la journaliste Anne Jouan a fidèlement relayé les accusations de  Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministre socialiste de l’Intérieur Manel Valls.

Partage de responsabilités

Néanmoins, on ne peut occulter les graves erreurs de communication commises par Monseigneur Barbarin au début de l’affaire. Sa froideur, son manque d’empathie, ses prises de parole à tort et à travers – notamment dans La Croix, où il se piège tout seul – ont conduit au déchainement qui a suivi. A cela s’est rajouté l’embauche du communicant de crise Guillaume Didier (Vae Solis Corporate) aux honoraires exorbitants directement piochés dans la poche des fidèles, sans résultats probants. Quelle est la part de responsabilité de Pierre Durieux dans ces errements ? Avait-il la carrure pour protéger son patron des attaques incessantes de la Parole Libérée* relayées par la presse ? Est-il monté au front et au contact des journalistes ou s’est-il emmuré à l’archevêché ?** Ou bien le cardinal n’en a-t-il fait – comme d’habitude – qu’à sa tête ? D’où un sentiment de gâchis que Pierre Durieux ne peut exprimer publiquement mais que son départ précipité trahit.

Lui seul a les réponses à toutes ces questions. En son âme et conscience, alors que le bateau épiscopal est en pleine tempête, il a choisi de quitter les turpitudes du diocèse de Lyon pour embarquer à bord de Lazare. « Un retour aux sources » pour celui qui a démarré sa carrière dans l’associatif. Charge à lui de faire grandir cette jeune association au concept étonnant : organiser la colocation de jeunes actifs et de SDF. Du concret, et du positif. Alors qu’il rejoint Nantes, nous lui adressons tous nos vœux de réussite. Bon vent, cher Pierre !

*Bien que blanchi par le parquet de Lyon, le 1^er août 2016, Monseigneur Barbarin est la cible d’une nouvelle attaque judiciaire de la part des victimes du père Preynat.
** Pour ma part, je ne l’ai pas rencontré une seule fois dans le cadre de cette affaire

Pour rester en contact avec Pierre Durieux : https://twitter.com/PierDurieux