Propos recueillis par Morgan Couturier

Originaire d’Alsace, la directrice de Dombes Tourisme fut embauchée en septembre dernier, avec l’ambition de développer l’attractivité du territoire. Une rude mission pour cette Luxembourgeoise, tombée sous le charme de Châtillon-sur-Chalaronne et de cette Dombes dont elle ne cesse de vanter les trésors.

La Dombes, comme toute la France, sort d’un inédit épisode de confinement. Quelles furent les conséquences pour le territoire ?
Comme dans tous les territoires qui ont une activité touristique, on a eu un arrêt quasi-total de l’activité. La reprise se fait en douceur. Lors du déconfinement, on a eu beaucoup de demandes de personnes en quête de balades. Celles-ci ont rencontré un réel succès. La Dombes a pu tirer son épingle du jeu par rapport à des stations touristiques du littoral.

De nombreux restaurateurs se plaignent d’une forte diminution de leur chiffre d’affaires. Dombes tourisme a-t-il prévu de les aider ?
Les restaurants se plaignent comme partout mais on n’est pas épargné. Nous, on essaye de les soutenir par le biais de l’opération 100 000 € de chèques-vacances, lesquels pourront être dépensés dans les restaurants et prestataires d’activités du territoire. On lance aussi une action du même ordre avec la communauté de communes de la Dombes. Via notre site internet, on s’est efforcé de donner des informations sur les établissements qui faisaient de la vente à emporter, ceux qui avaient rouvert… Dès que l’information était connue, on la relayait.

Comment éviter que certains d’entre eux disparaissent ?
La Covid-19 ne fait qu’aggraver des difficultés prégnantes depuis plusieurs années et qui touchent la majeure partie de la restauration rurale. Le changement de mode de consommation, les difficultés à recruter du personnel et la paupérisation des classes moyennes sont des écueils déjà anciens. Après, dans les actions de redynamisation prévues, il y a un accompagnement des restaurants qui le souhaitent pour, entre autre, avoir plus de visibilité numérique (page Google à jour) et une mise en réseau au travers notamment de la marque Saveurs de l’Ain.

Développer la marque Saveurs de l’Ain 

Pour revenir aux balades, n’est-il pas possible d’en profiter pour attirer les touristes dans certains restaurants ?
C’est déjà le cas. Sur certains circuits, on fait en sorte que les touristes passent à côté d’un restaurant. Cela permet d’en parler sur la plaquette du circuit.

Les Français devraient rester en France cet été. La Dombes peut-elle en profiter ?
Oui, la conjoncture est très favorable et nous permettra sans doute une belle arrière saison. Je pense que l’on va attirer les locaux ou ceux qui habitent à proximité des grands bassins de population (Lyon, Mâcon, Villefranche). Ces personnes là, peuvent être intéressées par une excursion à la journée ou alors un court séjour.

« Ici, les gens ont la garantie de ne pas être les uns sur les autres »

Quels sont les points forts du territoire ?
Le point fort de la Dombes c’est d’être à proximité de Lyon ! Ici, les gens ont la garantie de ne pas être les uns sur les autres et de découvrir des endroits encore insolites, avec une large palette d’activités. On a des balades à cheval, de l’accrobranche. On peut faire du canoë, des vols en montgolfière, de la pêche, des balades, découvrir des oiseaux… Il y en a un peu pour tout le monde. L’autre point fort, c’est toute notre offre gastronomique. Elle est tellement large qu’il y a de quoi régaler toutes les papilles.

Quels sont les sites à ne pas manquer ?
Il y a bien évidemment le parc des Oiseaux, mais aussi les jardins aquatiques à Saint-Didier-sur-Chalaronne, le site de la Nizière, pour passer une journée tranquille aux bords d’un étang. Pour pique-niquer, il y a la chapelle de Beaumont. On a également l’abbaye de Notre-Dame des Dombes ou le domaine de la Dombes qui propose pleins d’activités aux adultes et aux enfants. Et évidemment, nous avons 5 golfs qui offrent la possibilité de s’initier facilement.

Le développement du tourisme en Dombes semble encore jeune…
Oui, cela fait trois ans qu’il y a une volonté politique locale de le dynamiser. Après, on a quand même les deux sites touristiques les plus fréquentés du département avec le parc des Oiseaux et la cité médiévale de Pérouges qui recensent respectivement 280 000 et 360 000 visiteurs par an. Les jardins aquatiques accueillent 30 000 visites chaque année, l’abbaye Notre-Dame des Dombes, 22 000. En matière de nuitées, cela représente 5 à 6% à l’échelle du département.

Quelle est la typologie de la clientèle visée par La Dombes ?
On a 50% de notre clientèle qui vient de la région. Pour le reste, il y a 11% des touristes qui viennent de l’Ile de France et 8% de Bourgogne-Franche-Comté. Nous ciblons surtout les urbains actifs en couple, les seniors avec leurs petits enfants, les familles et les groupes d’amis. Nous avons profité du confinement pour construire notre offre de séjours et de visites à destination de ces groupes.

On parle donc d’une clientèle de passage ?
Pas forcément de passage parce que cette clientèle-là n’est pas suffisante. Les habitants du territoire vont aussi faire des activités à la journée, aller dans les restaurants. On permet également aux Lyonnais de venir se ressourcer. On se doute bien qu’ils ne vont pas venir passer trois semaines de vacances, mais par contre, ils peuvent venir décompresser le temps d’un week-end ou d’un midweek.

Quelles sont les retombées financières ?
Le panier moyen de consommation touristique est de 35-40€, soit 4% du panier moyen départemental. En Dombes on a à peu près 10 000 emplois touristiques, soit 5% à l’échelle du département.

La Région encourage à « prendre son temps, à renaître ici ». Cela prend tout son sens en Dombes…
C’est vraiment quelque chose que l’on doit développer. On a 6 circuits à pied, qui permettent de prendre son temps et de renaître ici. À la rentrée, on va s’emparer de toute la stratégie liée aux circuits pédestres, cyclistes ou équestres. Il faut que l’on construise un maillage avec nos collègues de la grande Dombes et les offices du tourisme voisins. D’autant plus que l’on a des itinéraires cyclables idéals avec d’un côté la ViaRhôna et de l’autre côté la Voie Bleue.

« On a trois filières prioritaires à développer : les produits du terroir, la mise en tourisme des étangs et les golfs »

Malgré ces éléments, sur quels points la Dombes peut-elle progresser ?
On sait vers quoi il faut qu’on aille. On a trois filières prioritaires à développer : les produits du terroir, le golf et puis les étangs avec leur mise en tourisme. Les balades commentées, les circuits que l’on met en place vont dans ce sens.

Sur ce point, travaillez-vous sur un projet d’entente avec les propriétaires de ces étangs ?
Il y a toute une collaboration à construire pour établir à une relation gagnant-gagnant. Sans les étangs, la Dombes ne serait pas la Dombes. On est heureux que les propriétaires nous accueillent et en même temps, on se doit de respecter ces milieux naturels. Il y a tout un partenariat à construire et beaucoup de pédagogie à réaliser, que ce soit avec les touristes ou les propriétaires pour qu’ils puissent y trouver un intérêt.

Enfin, une aide financière accordée aux clients, peut-elle être une solution généralisable ?
C’est vrai que la clientèle est toujours friande de promotion… Mais si vous leur faites gagner des lots qui n’ont pas d’intérêt, ils ne viendront pas. Les jeux concours sont un moyen de mettre en lumière nos prestations et de développer notre notoriété. Ils fonctionnent car les lots à gagner sont de qualité.